Date de parution : aout 2023 au Diable Vauvert
Nombre de pages : 368
Quatre personnages sont coincés sur une île depuis cinq ans. Fred a toujours eu pour objectif de protéger sa famille, il a donc acheté cette île, sanctuaire sécurisé conçu pour y trouver refuge en cas d'apocalypse.
Jeanne avait douze ans et Alexandre quatorze ans quand Fred a pris la décision d'installer sa femme et ses enfants sur cette île. Ida et Marco, des employés chiliens, assurent l'intendance.
Ils disposent de tout ce qu'il faut pour survivre, ils ont même de milliers de films, de séries, d'albums musicaux et de livres numériques stockés dans des serveurs.
Mais un jour, une aurore boréale provoque l'effacement total de toutes les données stockées sur les disques durs, tous leurs livres numériques et tous leurs films ont disparu, il ne leur reste plus que le film Rocky. Leur quotidien prend alors une autre configuration, l'ennui atteint alors une dimension absolue et terrifiante.
Ce récit post apocalyptique n'explore pas la piste du survivalisme puisque cette famille dispose de tout ce dont elle a besoin pour survivre. Ce sont les évolutions des relations familiales entre ces quatre personnes qui sont au centre de ce roman. Les journées identiques les unes aux autres, la solitude extrême, l'ennui absolu, la difficulté de trouver un sens à sa vie, l'oubli recherché dans l'alcool, les anxiolytiques, les baies noires, les séries dont les héros deviennent les amis de Jeanne, ses confidents dans une sorte de vie par procuration. Un monde sans avenir, sans perspective, sans espérance, "une vie qui n'avait plus rien à offrir, ni rencontre, ni aventure, ni surprise, ni découverte. Rien."
La construction habile fait alterner les points de vue des quatre membres de la famille. Au gré des souvenirs de chacun nous apprenons comment l'espèce humaine a disparu cinq ans plus tôt, " partout sur terre, ceux qui ne mouraient pas du virus mouraient de l'anarchie causée par la peur", comment Hélène et Fred se sont rencontrés, ce qui s'est passé quatre ans plus tôt lors d'une nuit de folie.
Thomas Gunzig parle de l'arrogance des riches, il dépeint Fred, le père de famille, "un fils idéal, un étudiant brillant, un chef d'entreprise admiré de tous" comme un homme prêt à tout pour mettre sa famille à l'abri "dresser autour d'eux des murailles d'argent que ne parviendraient jamais à franchir les brutalités du monde".
L'histoire est tellement prenante que la lecture devient vite complètement addictive. Les quatre personnages, ainsi que le couple d'employés, suscitent tous beaucoup d'empathie malgré leurs comportement souvent odieux. Un roman en forme de huis-clos, une tension maintenue tout au long du récit, une ironie grinçante, un ton moins décalé que dans ses autres romans, de multiples réflexions profondes, un dénouement inattendu et très réussi. Un roman qui nous pose sans cesse la question "Qu'aurais-je fait à leur place ?". Une dystopie passionnante !
L'auteur
Thomas Gunzig est né en 1970 à Bruxelles est un écrivain traduit dans le monde entier. Il est également chroniqueur à la RTBF, photographe et scénariste.
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