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jeudi 10 septembre 2015

D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan



Date de parution : août 2015 chez J.C. Lattes
Nombre de pages : 484 

Prix Renaudot 2015
Goncourt des lycéens 2015

Entre fiction et réalité

Quel plaisir de retrouver Delphine de Vigan, 4 ans après son dernier roman! Quel sujet original elle a choisi!

Dans la période qui suit le succès phénoménal de son dernier roman qui racontait l'histoire de sa mère bipolaire, l'auteur se sent fragilisée face aux  gens qui lui demandent "Qu'allez-vous pouvoir écrire après ça ?", face aux lettres anonymes accusatrices qu’elle reçoit et face au départ de ses enfants devenus adultes.
Elle rencontre alors L. au cours d'une soirée. L. est écrivain aussi, elle raconte la vie de célébrités en restant dans l'ombre.
Delphine de Vigan tente avec le recul d'analyser l'emprise que cette personne a eu si vite sur elle, comment elle s'est infiltrée dans sa vie, connaissant tout d'elle mais faisant en sorte de ne jamais rencontrer son entourage. 
L. la fascine. Sophistiquée, elle dégage une certaine sensualité, de l'aisance, de l'assurance, de la grâce et de la féminité,  elle est tout ce que Delphine dit ne pas être.
L. avance à pas de velours, se rend indispensable en quelques mois. Toujours disponible, c'est quelqu'un sur qui elle peut compter, quelqu'un à qui elle rêve de ressembler. Quelqu'un qui va rapidement trouver le moyen de s'installer chez elle et de la couper de son entourage. Cette cohabitation va encore augmenter son emprise alors que Delphine sombre de plus en plus dans la dépression et se retrouve dans l'incapacité d'écrire, paralysée devant son ordinateur ou son stylo.

On trouve en filigrane dans ce roman une intéressante réflexion sur l'opposition autobiographie/fiction.
Elle aborde également de façon très fine d'autre thèmes: la dépression qu'elle décrit magnifiquement, la nostalgie de l'enfance de ses enfants, le syndrome de la page blanche, l'avenir de la forme d'écriture romanesque, l'empreinte que laissent en nous les livres qui nous ont marqué...
Delphine de Vigan nous parle aussi de son processus d'écriture avec phase de documentation, d'imprégnation du domaine sur lequel elle va écrire puis attente de l'impulsion qui va lui permettre de démarrer l'écriture. Écriture qui se fera dans une bulle, le silence, la solitude, c'est un "combat à mains nues", une véritable épreuve d'endurance.

C'est un récit intime qui déroute parfois, un récit où elle fait semblant de se mettre en scène en mêlant habilement fiction et réalité (il est parsemé d'indices autobiographiques) mais c'est aussi un thriller psychologique angoissant, très bien construit et au suspense garanti, qui nous entraîne aux confins de la folie.
Magistral!!!


Citations
"J'étais d'humeur maussade quand je suis sortie du café. C'était donc ... vrai, voilà ce que les gens attendaient, le réel garanti par un label tamponné sur les films et sur les livres comme le label rouge ou bio sur les produits alimentaires, un certificat d'authenticité. Je croyais que les gens avaient seulement besoin que les histoires les intéressent, les bouleversent, les passionnent. Mais je m'étais trompée. Les gens voulaient que cela ait lieu, quelque part, que cela puisse vérifier. Ils voulaient du vécu".

"L'écriture est une arme de défense, de tir, d'alarme, l'écriture est une grenade, un missile, un lance-flammes, une arme de guerre. Elle peut tout dévaster, mais elle peut aussi tout reconstruire".

L'auteur
Delphine de Vigan est née en 1966.
Son premier roman, "Jours sans faim" est paru en 2001 sous le pseudonyme de Lou Delvig.
En 2007, "No et moi" reçoit le Prix des Libraires et le Prix des libraires 2009. Il a été traduit en vingt langues et une adaptation au cinéma a été réalisée par Zabou Breitman, film sorti en novembre 2010.
En 2011, elle obtient le prix du roman Fnac, le Prix Roman France Télévisions et le Prix Renaudot des Lycéens pour "Rien ne s'oppose à la nuit," ainsi que le grand prix des lectrices Elle 2012.
Toujours en 2011, elle co-scénarise le film de Gilles Legrand "Tu seras mon fils" avec Niels Arestrup et Lorant Deutsch.
En 2012, elle signe la préface de la BD de sa sœur Margot "Frangines, et c'est comme ça."
Mère de deux enfants, elle vit avec le critique littéraire et animateur d'émissions culturelles de radio et de télévision, François Busnel.

6ème contribution au Challenge 1% Rentrée Littéraire 2015.
1% atteint!!!


















Cette lecture rentre donc dans le Challenge Goncourt des Lycéens d'Enna


















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Pour accéder à ma chronique, cliquer ici












5 commentaires:

  1. Toujours pas lu cet auteur mais j'ai Les heures souterraines dans ma PAL, en espérant être aussi séduite que toi !

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  2. Je te conseille de commencer par "Rien ne s'oppose à la nuit", son meilleur livre selon moi.

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  3. j'ai beaucoup aimé ce roman j'ai vraiment apprécié le jeu de l'auteur avec les lecteurs et sa réflexion sur l'écriture.

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  4. Bonjour, je ne l'ai pas du tout comme un thriller mais c'est clair qu'il aurait pu déraper là-dedans. C'est certain en tout cas qu'il y a du suspense.

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    1. Merci beaucoup pour votre passage sur mon blog.
      Lu il y a deux ans 1/2 ce roman est resté ancré dans ma mémoire et je le relirai certainement un jour ou l'autre. Thriller ou non, elle a su manier à merveille le suspense. Une vraie prouesse !
      Bonnes lectures...

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