Pages

mercredi 15 juin 2016

Rien que des mots d'Adeline Fleury

 
 

Date de parution : janvier 2016 chez François Bourin
Nombre de pages : 176

Ce roman est une déclaration d'amour aux livres sous la forme d'une sorte de conte.

Adèle est une jeune femme qui a été privée de la tendresse de son père écrivain, un homme qui a dédié toute sa vie à l'écriture, c'est un "géniteur qui lui a injecté le venin des mots dans les veines" , elle souffert de la "montagne de lignes entre eux".

Enceinte de son premier enfant, elle décide de le protéger en le tenant à l'écart de la lecture. Elle édicte à son fils dans son ventre le commandement "tu n’écriras point!" et forme avec Hugo, son conjoint lui même écrivain, un pacte  pour le préserver des mots. 
Ensemble ils cachent tous les livres qu'ils possèdent dans une chambre interdite à l'étage où Hugo va vivre cloîtré pour que leur fils Nino ne le voit jamais à sa table d'écriture. Il doit s'épanouir sans la littérature, il faut "vider l'appartement de ces maux nommés mots". 
Adèle va quitter son travail de journaliste pour s'occuper de Nino et lui fait l'école à domicile.

Ce roman est aussi un cri d'alerte car l'auteur, en choisissant une forme d'anticipation qui nous entraine jusqu'en 2035, nous plonge dans une société du tout numérique dans laquelle les livres ont été brûlés au cours de bûchers érigés en 2017, où la Grande Numérisation a réduit les livres à être exposés derrière des vitrines dans le Musée des Arts Écrits. La presse écrite et le métier de journaliste ont également disparu, des Cyber citoyens fournissant l'information via Internet.

Nino qui ignore tout de ce que son père fait  dans la chambre interdite vit sous l'emprise de sa mère jusqu'au jour où il va découvrir des livres, il comprend alors tout ce qu'elle lui a caché et s'éloigne d'elle. 

Ce petit garçon est très émouvant, on assiste à sa découverte de la beauté de l'écriture et de la lecture et on le voit se lancer dans la conservation du livre papier en créant la Société Protectrice des Livres en Papier.

Adeline Fleury nous livre ici un bel hommage au livre papier bien  entendu en forçant souvent le trait, mais ce roman est une fable...
L'écriture est agréable même si je l'ai trouvé un peu inégale et le très léger côté science-fiction ne doit pas rebuter les réfractaires à ce genre.

Blandita a aimé, par contre Virginie n'a pas aimé


Citations
"Presque huit mois qu'il est dans son ventre et huit mois aussi qu'Hugo écrit un roman. Lui, il en a eu des contractions à chaque relecture de phrases. Des contractions de doute."

"Protéger le petit de son père et de sa noirceur de poète maudit, le protéger aussi de son grand père et de sa splendeur verbale." 

"Adèle pense que la musique est une autre forme d'écriture moins dangereuse. Une écriture de lumière, pas une écriture de l'ombre.  La musique est un astre qui éclaire, la littérature un astre qui oppresse."
 
L'auteur

Adeline Fleury est journaliste. Elle a publié un livre remarqué, Petit éloge de la jouissance féminine en 2015.






39ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de MicMelo

16ème lecture parmi les vingt trois premiers romans sélectionnés en phase 1 des 68 premières fois
 

4 commentaires: