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mercredi 31 août 2016

Désorientale de Négar Djavadi - Rentrée littéraire

Date de parution : 25 août 2016 chez Liana Levi
Nombre de pages : 346


"On a la vie de ses risques"

Négar Djavadi est iranienne. Issue d'une famille d'opposants politiques, elle a quitté l'Iran clandestinement en 1981, son histoire personnelle a fourni le terreau de cette fiction romanesque.

Kimiâ, la narratrice, patiente dans la salle d'attente du service de PMA de l'hôpital Cochin, elle est venue pour une insémination artificielle pour avoir un enfant avec son amie Anna. Elle laisse remonter les souvenirs de son enfance iranienne et les événements qui l'ont conduite jusqu'ici.

Elle s'adresse au lecteur et raconte ses souvenirs comme ils lui reviennent dans un va et vient permanent entre passé et présent, entre l'Iran et la France, un récit plein de digressions. Une façon orientale de raconter des histoires "Cette tendance à bavarder sans fin, à lancer des phrases comme des lassos dans l'air à la rencontre de l'autre, à raconter des histoires qui telles des matriochkas ouvrent sur d'autres histoires…"


Kimiâ appartient à une grande famille de la bourgeoisie iranienne.
Darius Sadr, son père à "la tendresse brutale", est un journaliste intellectuel francophile épris de liberté, opposant politique au Shah puis à Khomeiny. Sara, sa mère d'origine arménienne, professeur d'histoire est une femme insoumise à la forte personnalité. Ils forment un couple moderne et progressiste dans leur famille et dans la société de l'époque.
Viennent compléter la famille, deux sœurs aînées, des oncles, des grands-mères dont une aux yeux bleus et des grands-pères, un arrière grand-père à la tête d'un harem de 52 femmes et père de 28 enfants. Tous les personnages sont attachants et hauts en couleurs.

Suivre leur vie nous entraine dans un tourbillon d'images colorées et sonores à la découverte des coutumes de la société iranienne et notamment de la condition de la femme iranienne. 

Au travers de la vie de cette famille et notamment du père de Kimia opposant au régime, l'auteur nous fait revivre le coup d'Etat de 1953 orchestré par la CIA, l'ascension sur le trône de Reza Pahlavi, son indécent  couronnement, la révolution iranienne de 1979, l'avènement de Khomeiny... car en plus d'être  une éblouissante fresque familiale exotique sur 4 générations, ce roman est aussi un rappel très précis et très érudit sur  l'histoire politique de l'Iran au cours du 20ème siècle. 
Ce roman nous fournit également des réflexions sur l'exil, sur l'impact de l'héritage culturel et familial, sur les difficultés d'intégration, sur la quête d'identité mais aussi sur la maternité, la procréation médicalement assistée et l'homosexualité.

Une écriture fluide, très visuelle, très cinématographique pour ce roman au style narratif vivant, bien  rythmé, parfois envoûtant avec une petite dose d'humour dans les notes en bas de pages.
Une manière très attrayante de nous remémorer des moments importants de l'histoire de ce pays et de nous plonger dans la civilisation iranienne.
J'ai trouvé ce roman passionnant du début à la fin... Un premier roman qui va marquer cette rentrée! 

Ce roman est en lice pour le prix Littéraire du Monde décerné le 8 septembre et pour le Prix du Roman Fnac décerné le 1er septembre.


Citations
"Avec le temps et la distance, ce n'est plus leur monde qui coule en moi, ni leur langue, leurs traditions, leurs croyances, leurs peurs, mais leurs histoires."

"Pour s'intégrer à une culture, il faut se désintégrer d'abord, du moins partiellement de la sienne. Se désunir, se désagréger, se dissocier. Tous ceux qui appellent les immigrés à faire des "efforts d'intégration" n'osent pas les regarder en face pour leur demander de commencer par faire ces nécessaires "efforts de désintégration". Ils exigent d'eux d'arriver en haut de la montagne sans passer par l'ascension."

"On a la vie de ses risques. Si on ne prend pas de risque, on subit, et si on subit on meurt, ne serait-ce que d'ennui."


L'auteur
Négar Djadadi naît en Iran en 1969 dans une famille d'intellectuels, opposants au régime du Shah puis de Khomeiny. Elle arrive en France à l'âge de onze ans après avoir traversé les montagnes du Kurdistan à cheval avec sa mère et sa soeur. Diplômée de l'INSAS, une école de cinéma bruxelloise, elle travaille quelques années derrière la caméra. Elle est aujourd’hui scénariste, aussi bien de documentaires que de séries, et vit à Paris. 
Désorientale est son premier roman.


5ème lecture parmi les seize premiers romans sélectionnés en phase 2 des 68 premières fois
 

10ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2016




10 commentaires:

  1. ah c'est un roman qui ne me tentait pas mais ton billet donne vraiment envie :)
    je le lirai :)

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  2. Je me laisserai peut-être tenter par celui-là parmi toute cette avalanche de livres de la rentrée

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    1. C'est vrai les choix de lecture sont difficiles avec tous ces nouveaux romans aussi intéressants les uns que les autres. Celui ci semble faire l'unanimité...

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  3. Je te lis en diagonale, parce que je viens de le commencer. Mais franchement, je ne vois pas comment ce roman pourrait ne pas me plaire ;-)

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  4. je l'ai eu dans la sélection de la fnac

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    1. J'ai lu ton billet. Je n'ai pas tes bémols, j'ai vraiment été embarquée par ce récit...

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  5. Ce roman foisonnant m'attire. Je note ton beau coup de coeur !

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