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mercredi 23 novembre 2016

Qu'importe le chemin de Martine Magnin




Date de parution : octobre 2016 chez Astre bleu éditions
Nombre de pages : 192

Le parcours d'une mère et de son fils à la dérive
« Une petite graine, puis une autre petite graine… si la terre est bonne et si on l’arrose !
On récolte toujours ce que l’on s’aime. »

Alors que Martine est en période de séparation difficile avec son mari, Alexandre son fils de 8 ans, de retour de vacances avec son père, convulse. Alexandre est hospitalisé et le diagnostic d'épilepsie tombe. Un véritable séisme, la fin de l'insouciance... Crises et comas s'enchainent, Alexandre est rebelle aux traitements.
Martine va devoir intégrer la pathologie d'Alexandre dans leur vie tout en préservant Lola, sa petite sœur qui n'a que 2 ans. Heureusement le travail, le plaisir de coudre et de créer dans l'Atelier qu'elle dirige avec ses deux amies Coline et Eve offrent des soupapes à Martine.

Alexandre vit difficilement sa maladie et la marginalisation qu'elle entraine, son caractère devient plus difficile à l'adolescence, il refuse son traitement, devient incontrôlable. Il adopte des conduites à risque et quitte l'école habité de colère et rancœur envers ses parents. Il se marginalise peu à peu et vit dans la rue.
C'est la descente aux enfers, l'entrée dans un monde de violence et de drogues. "Drogues pour drogues, il en choisirait d'autres à sa convenance." Cette mère doit "faire le deuil de mon image idéalisée de mère aimante inconditionnelle et le deuil de l'image d'un fils parfait."


Pour cette mère courage, l'essentiel est alors de garder le contact à tout prix avec son fils. J'ai trouvé particulièrement émouvante son initiative d'organiser des "brunch punk" hebdomadaires avec Alexandre et quelques uns de ses congénères marginaux "un rituel répété, un espace-temps d'acceptation partagé et protégé en dehors de tout, la force d'une paix rare et précieuse pour contrer toutes les mauvaises ondes et adoucir les galères qu'ils rencontraient dans leur vie de tous les jours."

Les années vont défiler de centre de désintoxication en internement d'office en hôpital psychiatrique et hospitalisation après un tabassage par des dealers...
Martine a conscience de la souffrance de son fils mais va éprouver de la culpabilité, de la honte de son amour pour sa fille Lola qui est est contrairement à son frère complètement dans la norme, mais aussi de la culpabilité de ne pas lui consacrer assez de temps tellement elle est accaparé par Alex.

Ce témoignage est bien entendu émouvant mais je l'ai trouvé surtout sincère et honnête. Martine Magnin trouve les mots pour parler de son combat mais aussi de sa crainte de tomber dans le désamour maternel. Elle évoque son impuissance, sa lâcheté à certains moments, la colère et la rage qui l'envahissent. Elle se montre lucide par rapport à ses erreurs et ne cache pas ses moments de découragement. Il émane de cette femme une énergie hors du commun.
Ce récit témoignage, écrit d'une fort jolie plume, est tonique et empreint d'une bonne dose d'humour avec ses têtes de chapitre en forme de bilans. C'est aussi une très belle ode à l'amour et à l'amitié.


Citations
"Il avait été mon soleil, je voulais maintenant être davantage que son satellite."

"Un orage brutal dans un ciel serein, et la lutte qu'il faut entamer et mener tous les jours de sa vie, les joies, les peines, les succès, les angoisses, l'espoir, le désespoir, la révolte..." Dr Lascar

" Moi, j'ai toujours l'amour cousu dans mes entrailles. " Antigone


L'auteur
Papivore et lectrice boulimique, Martine Magnin a toujours été captivée par ce qui se cachait sous les mots et les formules les plus banales. Passionnée de sémantique, de philosophie et de psychologie, et après avoir voué sa carrière à la communication sous toutes ses formes, elle se consacre aujourd’hui à l’écriture (la nuit) tout en menant une activité d’antiquaire (certains jours !). 
Martine Magnin traite avec sensibilité et humour des sujets souvent intimes et graves sans jamais tomber dans l'amertume.
Elle partage sa vie entre sa Provence natale (avec délice) et Paris (avec parcimonie).



41ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2016






2 commentaires:

  1. je suis zémue de cette chronique pleine de sensibilité. Je ne sais plus où me mettre, merci Joëlle, ravie que mes mots aient résonné jusqu'à toi

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    1. Ravie d'avoir découvert ta plume et cette histoire incroyable Martine...
      Au plaisir de te rencontrer dans la vraie vie...

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