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samedi 28 octobre 2017

Le coeur battant de nos mères de Brit Bennett




Date de parution : août 2017 aux Éditions Autrement
Nombre de pages : 339

Voici un roman qui me faisait de l’œil depuis un moment et j'ai été ravie qu'il soit sélectionné par le jury de novembre du grand prix Elle. Malheureusement ce livre m'a beaucoup déçue.

L'histoire se déroule de nos jours à San Diego. Nadia, une jeune fille intelligente et belle de 18 ans, a une aventure avec Luke, le fils du pasteur de la communauté noire et religieuse dans laquelle elle vit. Lorsqu'elle découvre qu'elle est enceinte, elle décide d'avorter et vit difficilement l'absence de Luke à ses côtés lors de cette épreuve.
La mère de Nadia s'est suicidée avec l'arme de son père dix mois plus tôt sans un mot d'explication laissant Nadia avec une terrible culpabilité " Si ma mère s'était débarrassée de moi, est-ce qu'elle serait toujours en vie? Peut-être qu'elle aurait été plus heureuse. Peut-être qu'elle aurait pu avoir une vraie vie". Nadia entretient une relation pleine de silence avec son père qui est complètement perdu et ne sait pas comment s'y prendre avec elle. C'est un marine qu'elle a peu côtoyé dans sa petite enfance. Nadia souffre d'être dans le regard des autres celle dont la mère s'est suicidée, elle vit difficilement la pitié et le jugement de la part des femmes de l'église. Elle est donc ravie de partir dans le Michigan car elle a décroché une bourse pour y intégrer une grande université, elle va suivre des études de droit avec l'impression de vivre la vie que sa mère n'a pas pu vivre à cause de sa naissance. Nadia laisse derrière elle son père mais aussi Aubrey son amie, une jeune fille complètement différente d'elle, toutes deux sont fortement reliées à leur mère mais pour des raisons très différentes.  

Quant à Luke, il reste coincé dans le passé pensant sans cesse à ce bébé, leur bébé, à la vie qu'ils auraient pu avoir avec cet enfant, il a vécu cet avortement comme un non-choix, comme une décision de Nadia et de ses propres parents. En effet le pasteur et sa femme sont allés contre leurs convictions religieuses en finançant les frais de l'avortement.

Le roman nous relate les trajectoires de ces trois jeunes gens pendant la décennie qui suit l'avortement de Nadia. En introduction de chaque chapitre, des vieilles femmes de l’Église, appelées des Mères, observent, commentent et se souviennent... 

Dans un premier temps j'ai été surprise de découvrir après quelques chapitres que cette histoire se déroulait à notre époque, en effet le poids de la communauté religieuse  protestante, le port de bagues de chasteté aussi bien par les jeunes garçons que par les jeunes filles me faisait imaginer une époque plus ancienne. Il m'a vraiment fallu rentrer dans le mode de vie de cette communauté pour comprendre certaines réactions des personnages. Malgré tout, j'ai eu du mal à comprendre Luke qui semble plus intéressé par le fait d'avoir un bébé que de construire une relation amoureuse avec une femme, le fait qu'il voit les femmes seulement comme des génitrices m'a beaucoup gênée, du moins c'est comme ça que j'ai interprété les réactions de Luke car le gros défaut de ce livre c'est que les sentiments des personnages ne sont que très peu abordés.
Malgré tout, c'est un livre qui se lit très facilement, dont j'ai eu envie de tourner les pages pour connaitre la suite, l'écriture est plaisante mais quelconque, le style est fluide malgré quelques maladresses, sans doute de traduction. Il parle du poids des non-dits et des secrets, de culpabilité, des conséquences à long terme d'un avortement aussi bien pour la femme que pour l'homme, des sujets fort intéressants mais qui ici m'ont laissée de marbre tellement je suis restée à distance des personnages. Parler des conséquences de l'avortement pour la femme mais aussi pour l'homme qu'on oublie souvent dans ce cas me semblait une excellente idée mais pourquoi choisir un homme au comportement si rétrograde? Pour moi cela a contribué à gâcher le sujet.
En résumé la lecture de ce roman ne m'a pas été franchement désagréable car il est très fluide mais il n'a pas correspondu à mes attentes qui étaient peut-être trop grandes. Un livre un peu trop américain à mon goût et trop superficiel qui ne me marquera certainement pas...
La comparaison de cet auteur à Elena Ferrante (L'amie prodigieuse) et à Chimamanda Ngozi Adichie (Américanah) me semble bien abusive et son énorme succès aux États-Unis ainsi que le projet d'adaptation cinématographique me laissent perplexe.

Ce roman est sélectionné pour le prix Médicis étranger et pour le prix Fémina étranger 


L'auteur
Brit Bennett, 27 ans, est diplômée de littérature à Stanford. Son premier roman, Le Cœur battant de nos mères, est devenu un best-seller acclamé par la critique. Finaliste de nombreux prix littéraires, Brit Bennett compte désormais parmi les cinq meilleurs jeunes auteurs américains du National Book Award. Le Cœur battant de nos mères sera adapté au cinéma par la Warner. (Sources : Éditeur)


41ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017













10 commentaires:

  1. Je n'ai pas réussi à entrer dans ce roman. Pas tant en raison du sujet, qui m'intéressait (mais je trouve, comme toi, qu'on a l'impression d'être dans les années 50), mais en raison de son style, que j'ai trouvé très quelconque et qui sent vraiment le creative writing lesson)

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    1. Pour ma part, plus que l'écriture que j'ai trouvée aussi très ordinaire c'est la façon dont des sujets graves et intéressants sont traités qui m'a gênée.

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  2. Je l'ai fini ce soir et comme toi je suis un peu déçue par l'histoire. J'attendais peut-être trop de cette lecture, au vu des critiques que j'avais lu auparavant. La présence de la religion ne m'a pas dérangée, mais on sent quand même énormément le poids des non-dits et le puritanisme très américain.

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    1. Je suis d'accord avec toi, le sujet était très intéressant, aborder les conséquences d'un avortement pour une femme mais aussi pour un homme était original mais je n'aime pas le traitement qui en a été fait ici et le choix de situer cette histoire dans ce milieu et avec cet homme a réduit pour moi la qualité de la réflexion. Dommage...

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    1. Il plait à certaines mais beaucoup de mes consœurs pour le prix Elle rejoignent mon avis... A toi de voir...

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  4. Je viens de le finir et je suis tout à fait d'accord avec toi !Comment peut-on la comparer à Chimamanda Ngozi Adichie ? c'est fou !

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  5. J'espérais un nouvel "Americanah", ça démarrait plutôt bien mais au fur et à mesure du récit, je trouve que l'histoire s'enfonce pour finir en mauvaise série télévisée dont le final est bâclé (ça ne m étonne pas que les droits aient été rachetés pour le cinéma d'ailleurs). Donc grosse déception alors que je trouvais vraiment intéressant d'aborder le vécu de l'homme dans l'avortement par exemple. Dommage...

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    1. J'ai éprouvé la même déception, j'attendais beaucoup de cet angle de vue sur l'avortement. Quel flop !

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