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dimanche 7 janvier 2018

Histoire vraie de nos vies formidables d'Elisabeth Crane




Date de parution : janvier 2018 aux Editions Phébus
Nombre de pages : 320 

J’ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix Elle 201, catégorie roman.

Voici un livre au concept vraiment très original : l’auteur s’imagine assise à côté de sa mère décédée en 1998 et tente d’imaginer ce que chacune croyait savoir de la vie de l’autre, il en ressort un roman dans lequel la mère et la fille s’adressent l’une à l’autre au gré des chapitres.

La fille Betsy, écrivain, réécrit l’histoire de sa mère, Lois une cantatrice qui a connu une certaine célébrité. Le récit est entrecoupé de chapitres dans lesquels Lois confie ses souvenirs à sa fille. Le tout est ponctué de dialogues imaginaires en italiques entre la mère et la fille.
Mais Betsy réécrit l’histoire de sa mère à sa façon : elle imagine plusieurs scénarios de mêmes scènes, elle réécrit un chapitre après une remarque imaginaire de sa mère pour en donner une version plus conforme à la réalité. A un moment, elle part dans un certain délire en imaginant des épisodes où elles sont sœurs, elle vire dans le loufoque quand elle imagine sa mère revenir de l’au-delà pour assister à son mariage comme il est possible aux morts de le faire mais seulement une fois … (imaginez les réactions des invités, les interrogations de certains qui se demandent pourquoi leur parent décédé n’est pas revenu lui aussi pour assister à son mariage...) L’auteur dit alors écrire un " mélange de science-fiction et de récit subjectif, inventer un nouveau genre.  La sci-fi-subjective". 

Betsy et Lois entretiennent une relation compliquée faite de non-dits, de regrets et de rivalité, on découvre une enfant qui s’est sentie délaissée par une mère trop préoccupée par elle-même, immature, en proie à ses propres tourments.  Avec beaucoup d’autodérision l’auteur, qui fait semblant de se cacher derrière Betsy dans ce texte qu’elle décrit comme non autobiographique, dévoile une relation manquée qui se traduit dans son récit par une absence de souvenirs partagés qui m’a particulièrement marquée. 

Ce roman très particulier par son concept est difficile à chroniquer, je l’ai trouvé très plaisant à lire, le style est alerte et très vivant. L’auteur joue sur les différences de points de vue de la mère et de la fille et, derrière son ton léger, aborde des thèmes universels comme les combats féministes, la maternité, la relation mère-fille, les problèmes d’alcool, de dépression et les multiples galères rencontrées dans une vie. L’auteur s’amuse à brouiller les pistes, mélangeant à l’envie le portrait de sa mère et le sien voulant "Refléter au plus juste qui elles étaient/sont/auraient pu être/pourraient être". Derrière l’autodérision et le ton léger parfois un peu déjanté, au milieu de beaucoup de tendresse, j'ai senti percer une souffrance bien émouvante.
Un roman très original qui tente de montrer ce qu'une mère sait de sa fille et ce qu'une fille sait de sa mère au travers d'histoire pas si vraie que ça de leurs vies pas si formidables que ça. Un joli moment de lecture sans être remarquable pour autant.


Citations
" Mais une maman est une maman. Une fille a constamment besoin de sa mère. Que tu sois toi-même celle d’une autre personne ne te vient même pas à l’esprit. Le problème, c’est toi " 


L'auteur


Elizabeth Crane, la quarantaine, vit à Chicago. Celle qui se destinait initialement à une carrière de cantatrice est devenue l’un des écrivains les plus originaux et les plus décapants de sa génération. Elle est l’auteur aux Éditions Phébus et 10/18 de trois livres : Feu occulte (2005), Bonté divine (2006) et Banana Love (2008) (Sources : Éditeur)















3ème participation au challenge rentrée littéraire 2018 organisé par Bea Comete

4 commentaires:

  1. Surprenant, en effet. Mais tu ne parais pas complètement subjuguée...

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    1. Ce roman m'a plu par l'originalité de son approche de la relation mère-fille.
      Je l'ai trouvé plaisant mais on est loin du coup de cœur...

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  2. Je m'apprête à la commencer, je me réjouis mais j'en ai un peu peur aussi ... ça a l'air plutôt difficile à suivre, non ?

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    1. C'est vrai qu'il n'est pas très linéaire mais sa lecture reste quand même assez facile. Bonne lecture!

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