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mercredi 17 janvier 2018

Le pouvoir de Naomi Alderman

 
Date de parution : janvier 2018 aux Éditions Calmann-Levy
Nombre de pages : 392

J’ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix Elle 2018, catégorie roman.

Neil, un membre de la Men Writers Association, envoie pour avis les épreuves de son roman à son amie Naomi. C'est ce roman qui constitue le corps du roman "Le pouvoir", encadré des échanges épistolaires entre Neil et Naomi.

Ce roman d'anticipation se passe dans un futur indéterminé. Un pouvoir électrique, semblable à celui des anguilles, apparait chez des jeunes filles d'une quinzaine d'années, un fuseau sous leur clavicule leur permet de déclencher un arc électrique. Ces jeunes filles peuvent réactiver chez leurs aînées ce pouvoir qui, lorsqu’il est bien contrôlé, peut provoquer des chatouilles ou du plaisir mais qui peut aussi provoquer une extrême douleur ou même la mort. Il semblerait que cette modification du génome féminin soit due à un produit fabriqué pendant la guerre comme antidote aux gaz, "l'ange gardien", déversé dans les réserves d'eau, qui s'est accumulé dans les nappes phréatiques.
C'est le Grand Changement et les femmes prennent le pouvoir dans le monde entier, le pouvoir change de camp. Aux États-Unis  les garçons sont séparés des filles, des camps d'entrainement pour les filles sont créés pour leur apprendre à contrôler leur pouvoir pour les sélectionner ensuite pour l'US Army.

Les hommes, devenus le "sexe faible", s'affolent  car ils ont compris que les femmes ne garderont que les hommes génétiquement parfaits pour engendrer, ils échangent sur des forums et projettent des attaques terroristes. Le pouvoir politique bascule partout, une nouvelle religion de la Mère voit le jour.

L'auteur nous relate tous ces changements en nous faisant suivre le périple de trois femmes et d'un homme journaliste. Margot, une politicienne américaine aux ambitions démesurées qui veut protéger sa fille Jocelyn dont les pouvoirs ne sont pas stables, Roxy, la fille d'un mafieux anglais qui devient chef du clan, Allie qui se proclame mère Eve, envoyée de Dieu et Tunde, un journaliste nigérian de CNN qui filme la prise de pouvoir des femmes en Arabie Saoudite puis sillonne la planète pour diffuser des images sur Internet de cette prise de pouvoir qui va ensuite se propager au reste de la planète. Les chemins de ces quatre personnages évoluant dans la politique, la mafia, la religion et le journalisme vont bien entendu finir par se croiser.

Tout au long du récit sont évoqués les torts faits aux femmes dans l'ancien monde, toutes les formes de violences qu'elles ont eu à subir, des violences domestiques à l'esclavage sexuel. Mais l'auteur nous décrit un nouveau monde où les femmes détentrices de leur nouveau pouvoir vont commettre les mêmes atrocités que les hommes dans l'ancien monde.

J'ai trouvé ce récit original et intéressant mais j'en suis ressortie avec un avis assez mitigé. Contrairement à ce que j'imaginais ce n'est pas un roman féministe car les femmes dotées de leur nouveau pouvoir ne vont pas mettre en place une société plus égalitaire que celle dans laquelle les hommes détenaient le pouvoir. Elles vont se positionner en dominantes vis à vis des hommes, tomber dans les mêmes dérives et faire preuve d'une incroyable férocité, le roman comporte de véritables scènes de barbarie très réalistes. L'auteur défend la théorie selon laquelle les femmes ne sont pas plus douces que les hommes lorsqu'elles ont la possibilité de ne pas l'être, que c'est le plus fort qui prend le pouvoir, qu'il soit un homme ou une femme, que le pouvoir n'existe que lorsqu'on en fait usage "Pourquoi ont-ils fait ça? Parce qu'ils le pouvaient. C'est la seule réponse qui sera jamais", mais au-delà de ces grands principes je n'ai pas toujours compris où l'auteur voulait en venir.
Ce roman soulève quelques questionnements et fait réfléchir sur les rapports dominé/dominant, sur les montées des extrémismes en particulier religieux. Je ne l'ai pas trouvé désagréable à lire malgré son écriture très banale, mais je suis loin de le qualifier de fulgurant comme le fait Margaret Atwood...



L'auteur


Née en 1974 en Angleterre, Naomi Alderman est déjà l’auteur de trois romans très remarqués par la critique (publiés en France aux Éditions de l’Olivier). Véritable phénomène d’édition dans son pays, Le Pouvoir a connu un immense succès et remporté le mythique Bailey’s Women’s Prize en 2017. (Sources: Éditeur)






6ème participation au challenge rentrée littéraire 2018 organisé par Bea Comete









12 commentaires:

  1. Je passe mon tour, surtout si l'écriture est banale

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    1. C'est surtout la façon dont le sujet est traité qui ne m'a pas emballée.

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  2. Moi, je trouve ce livre fantastique. Justement parce qu'il casse un trait si commun à notre société et renverse la vapeur : non, les hommes n'ont pas le monopole de la violence, de la bêtise et de la soif du pouvoir. Ce roman interroge non pas sur la différence entre les genres sexués, mais bel et bien du rapport au pouvoir de l'être humain. Et ça, c'est très très très bon. Ce qui en fait aussi un bouquin féministe, dans le sens où il propose une inversion mentale des rapports de force et surtout, que tout le monde est faillible. L'écriture est excellente, et pas si banale que ça. Et j'ai beaucoup ris avec la phrase finale ^^

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    1. Merci pour votre passage sur mon blog.
      Nous n'avons pas la même perception de ce roman et votre commentaire apporte un intéressant complément à ma chronique par son avis contradictoire.

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  3. Je vais donc passer mon tour, malgré l'avis dithyrambique de Mme Atwood :) Merci Joelle !

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    1. Ce n'est que mon avis. Certains l'aiment beaucoup, j'ai vu des coups de cœur en librairie sur ce livre

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  4. Je viens de le terminer. J'y ai presque passé la nuit. La structure est très créative . L'écriture n'est pas banale mais...americaine. simple et efficace. L'inversion des rapports de domination est percutante. On a beau savoir ce qui est fait aux femmes, cette mise en perspective est bouleversante. Un excellent livre qui se lit comme un polar.

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    1. Merci pour votre passage sur mon blog...
      C'est parfait que ce livre trouve son public...

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  5. si c'est pour nous expliquer que l'homme/femme est le seul génie absolu du mal dans la nature parce qu'il est tricoté comme ça, pas la peine d'écrire 300 pages,

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    1. C'est un peu l'impression que j'ai eu à la lecture de ce livre... Tout ça pour ça....

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  6. j’adore cette analyse

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