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lundi 8 octobre 2018

Par les écrans du monde de Fanny Taillandier


Date de parution : août 2018 au Seuil
Nombre de pages : 256

" Trop de bugs pour un seul événement "

William et Lucy sont frère et sœur. Un matin ils reçoivent tous deux un message téléphonique de Détroit, il s'agit de leur père qui leur annonce qu'il va mourir. William, vétéran de l'US Air Force, est directeur de la sécurité à l'aéroport de Boston. Lucy, mathématicienne surdouée, est directrice du bureau du risque de la première compagnie mondiale d'assurance dont le siège est au World Trade Center à New-York. " Elle recevait le réel, le convertissait en chiffres, puis calculait l'avenir."
Nous sommes le matin du 11 septembre 2001 et Mohammed Atta, un jeune architecte égyptien, a pris les commandes d'un Boeing 747. 

Lucy qui se rendait à une réunion du comité de direction où elle devait faire une présentation importante reprend connaissance dans un souterrain sous les tours, coincée dans l'obscurité, le corps brisé sous un banc en marbre. Elle n'a aucune idée de ce qui s'est passé. Pendant ce temps là à Boston, dans l'aéroport d'où sont partis les terroristes à bord des avions précipités sur les tours, William est sidéré que les procédures d'urgence n'aient pas fonctionné, hypnotisé, comme tout le monde, par les images qui tournent en boucle sur tous les écrans de télé.

Un Agent spécial est chargé de l'enquête sur Mohammed Atta, un des terroristes pilotes, kamikaze d'Al-Qaïda, il retrace peu à peu son parcours. Fanny Taillandier invente la vie du terroriste en se basant sur de multiples rapports le concernant qu'elle énumère dans son récit. Dans ce roman, elle met donc en scène un personnage réel, Mohammed Atta et trois personnages de fiction confrontés au chaos du 11/09/2001.

Au fil du récit on découvre le passé de chacun, notamment celui de William victime d'un syndrome de stress post-traumatique après avoir été interprétateur d'images enregistrées par des drones. Il a été traumatisé par les images qu'il a eu à analyser alors qu'il était basé à Las Vegas, sans jamais aller sur le terrain, sans jamais participer aux combats. Il va être confronté à des images aussi effroyables que celles des scènes de guerre qui l'ont fait basculer.

Dans ce texte Fanny Taillandier allie le romanesque et l'analyse en tentant de prendre du recul par rapport à ce tragique événement. Elle restitue très bien l'impression d'irréalité qui a saisi tout le monde ce jour là. C'est un roman très riche sur le pouvoir des images, sur leur interprétation, sur le mystère des kamikases prêts à mourir pour une cause. Fanny Taillandier tente de nous mettre dans la peau d'un kamikaze et s’interroge sur ce à quoi peut penser quelqu'un qui se sait condamné, question applicable aussi au père de Lucy et William, envahi par des métastases aussi redoutables que les ramifications d'Al-Qaïda.
Un roman autour du 11/09/2001 très intéressant et très documenté malgré quelques passages techniques assez difficiles à suivre comme celui sur le théorie des mondes possibles. Un roman qui contient des passages glaçants sur les talibans et leur entreprise de purification divine avec des discours qui font froid dans le dos. Un roman qui souligne toutes les occasions manquées d'arrêter les terroristes, toutes les erreurs commises et la manipulation de l'information après le drame. 

Ce roman est sélectionné pour les prix Médicis et Fémina.

C'est Delphine qui m'a donné envie de lire ce roman.


Citations
" L'alliance de la technologie et du réseau mondial a rendu les catastrophes extrêmement photogéniques. "


L'auteure

Née en 1986, Fanny Taillandier est agrégée de lettres. En 2017, elle a reçu le prix Fénéon pour " Les Etats et Empires du lotissement Grand Siècle.". Elle vit et travaille en seine-Saint-Denis. (Sources : https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/10/le-prince-la-petite-tasse-demilie-de.html)










2 commentaires:

  1. Une analyse pertinente alliée à une forme romanesque efficace : j'ai beaucoup aimé.

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    1. On a le même ressenti. Merci de m'avoir fait découvrir ce roman, j'ai rajouté le lien vers ta chronique.

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