Pages

lundi 10 février 2020

Kim JiYoung, née en 1982 de Cho Nam-Joo

Date de parution : janvier 2020 aux éditions du Nil
Nombre de pages : 205 

" Depuis que je sais que je porte un garçon, je suis fière devant mes beaux-parents." 

Kim Jiyoung est née en 1982, c'est une femme ordinaire qui vit à Séoul avec son mari et sa petite fille. Elle a un travail qu'elle aime mais qu'elle a du quitter pour élever son enfant. Du jour en lendemain, Kim Jiyoung se met à parler avec la voix d'autres femmes, elle s'incarne dans différentes personnes de son entourage vivantes ou parfois décédées. Que lui est-il arrivé ?

Kim va consulter un psychiatre et, à travers son récit, on découvre son histoire, de son enfance jusqu'à sa vie d'épouse et de mère. On découvre également l'histoire des femmes coréennes sur trois générations et force est de constater que de génération en génération très peu de choses changent avec la malédiction de mettre au monde une fille, le favoritisme des parents et du corps enseignant envers les garçons, l'obligation pour les filles de sacrifier leurs rêves pour leur famille et leurs frères, la discrimination à l'embauche, le harcèlement sexuel, l'impossibilité de concilier vie familiale et vie professionnelle, les emplois précaires non déclarés pour celles qui deviennent mères, la soumission au mari et à la belle-famille. Une vie qui se résume à s'occuper de la maison, des enfants et de sa belle-mère en enchainant les petits boulots même pour celles qui ont des diplômes universitaires. Naître fille c'est être contrainte de renoncer à ses rêves.

Le récit est construit en six parties qui correspondent aux différentes périodes de la vie de Kim. Les différentes injustices et discriminations auxquelles elle doit faire face tout au long de sa vie sont édifiantes jusqu'au dénouement glaçant. Au début on croit lire un livre sur la condition féminine en Corée du Sud mais rapidement on se rend compte que  l'histoire de Kim est universelle, toute femme se reconnaitra à un moment ou un autre dans le destin de cette jeune femme coréenne. J'ai été frappée par le peu de différences entre la situation de la femme en Corée et dans notre pays. Le style est très simple, la narration est neutre, voire clinique, parfaitement adaptée à ce récit, l'auteure relate simplement la vie de Kim sans émettre aucun jugement. J'ai trouvé intéressant qu'elle insère dans son roman des données chiffrées, des indicateurs sociaux, pour étayer son propos. Un texte courageux et nécessaire à mettre entre toutes les mains, celles des femmes et celles des hommes. Un roman féministe, miroir édifiant de notre société.


Citations
" Dans ce temps-là, tout le monde pensait que le fils ferait la réussite et le bonheur de la famille, qu'il allait l'élever dans l'échelle sociale. Aussi les filles se chargeaient-elles volontiers du soin de leurs frères."

" Comment les filles sont-elles devenues ainsi, cette part de l'humanité qui se charge de tous ces trucs sans qu'on ait besoin de leur expliquer quoi que ce soit ? "

" La Corée est le pays où l'écart des salaires hommes/femmes est le plus important de l'OCDE."

" Une femme coréenne sur cinq démissionne en raison d'un mariage, d'une grossesse, des enfants à charge. En Corée, le taux d'activité économique des femmes diminue sensiblement autour des âges de la maternité."


L'auteure

Cho Nam-joo est née en 1978 en Corée du Sud. Scénariste pour la télévision, elle publie en 2016 son premier roman, "Kim Jiyoung, née en 1982". Dès sa sortie, le roman, en partie inspiré de sa propre expérience de femme qui a quitté son emploi pour rester à la maison après avoir donné naissance à un enfant, crée la polémique. C'est l'un des rares livres à avoir dépassé plusieurs millions d'exemplaires en Corée. Il a eu un impact profond sur l'inégalité des sexes et la discrimination dans la société coréenne et a été traduit en 18 langues.




       

































1 commentaire:

  1. Partout la femme doit se soumettre. Malheureusement, je crains, avec l'arrivée de tous ces beaufs (je suis sympa) au pouvoir que nous ne repartions en arrière. Je lirai ce roman

    RépondreSupprimer