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mercredi 11 mars 2020

L'insoumis de Judith Perrignon

 
Date de parution : novembre 2019 chez Grasset
Nombre de pages : 336 

Judith Perrignon a tiré ce livre d'une série documentaire qu'elle a réalisée il y a deux ans pour France Culture. La radio lui avait commandé ce reportage sur cette légende américaine, Mohamed Ali, un des hommes les plus célèbres du monde. La journaliste a rencontré des témoins directs des débuts d'Ali, un ancien journaliste sportif du New York Times, Muhammad Siddeeq, grand ami d’Ali et ancien membre de Nation Of Islam, le vieux Captain Sam qui l'entraîna tout jeune à la mosquée de Miami, des membres de la famille de son manager, des amis d'enfance du boxeur restés à Louisville... Dans ce texte elle retranscrit les interviews de ces différentes personnes auxquelles elle adjoint des archives du FBI et de la presse de l'époque.

Nous suivons ainsi la vie du boxeur à partir de 1964 lorsqu'il devient, à la surprise générale, champion du monde en catégorie poids lourds à l'âge de 22 ans. Quelques jours plus tard Cassius Clay se convertit à l'Islam et prend le nom de Mohamed Ali. Il rejoint les Black Muslims, des musulmans noirs réunis dans un mouvement, Nation of Islam, auquel appartient également son ami Malcolm X. Un mouvement extrémiste qui s'apparente à une secte et qui contrairement à Martin Luther King prône la séparation des noirs et des blancs. Cassius Clay, devenu Mohamed Ali, va porter le message séparatiste de Nation of Islam qui s'opposait à l'intégration et aux mariages mixtes. Il a abandonné le nom de Cassius Clay qu'il considérait comme le nom d'un esclave, Mohamed Ali est pour lui un nom d'homme libre.

Trois ans plus tard Mohamed Ali refuse de combattre au Vietnam en déclarant "Aucun Vietcong ne m'a jamais traité de nègre". Objecteur de conscience suivant ainsi les préceptes de la Nation of Islam, il est alors déchu de son titre de champion du monde poids lourd, exclu des rings et condamné à cinq ans de prison.

Judith Perrignon nous immerge dans l'enquête qu'elle a menée auprès des témoins directs de cette époque et nous livre une page de l'histoire américaine avec notamment l'assassinat de Malcolm X en 1965 et celui de Martin Luther King en 1968. Elle décortique les liens entre les différents mouvements pour les droits civiques, les liens entre Malcolm X, Martin Luther King et les Black Muslims, les liens de Mohamed Ali avec les Black Muslins et les fondements de sa foi musulmane. La journaliste nous brosse un portrait très fouillé de ce héros de la cause noire qui devint apôtre des Noirs opprimés à travers le monde puis porte-parole de la lutte contre la guerre du Vietnam. Un homme intelligent mais peu instruit qui a parfois été sous influence notamment du dirigeant de Nation of Islam qui avait tout du gourou. Judith Perrignon met en lumière toutes les contradictions entre l'homme, son personnage, le public,  la religion... toutes les incohérences dans son comportement... "Ali  n'est qu'un homme pris dans les filets d'une histoire trop grande pour lui". Un homme insoumis fascinant par son arrogance, sa confiance en lui, son orgueil démesuré, sa manière extraordinaire de se promouvoir et de fanfaronner devant la presse, ses talents oratoires. " Un type compliqué, un délicieux mélange de narcissisme avec  une ombre de cruauté". Ce texte qui retrace la vie d'un sportif qui a utilisé la boxe comme arme contre le racisme couvre la période du début de sa gloire à celle de son déclin lorsque la maladie de Parkinson qui l'a frappé à 42 ans le rend captif de son corps et le réduit au silence. Un texte détaillé, documenté qui nous offre un voyage dans le temps et dans la société américaine des années soixante, un récit qui évoque beaucoup de faits connus (assassinats de Malcolm X et de Martin Luther King, combats et titres d'Ali, poings gantés levés des athlètes noirs au JO de 68 à Mexico, torche allumée par Ali à la soirée d'ouverture des JO d'Atlanta en 96...) mais en les resituant dans le contexte racial de l'époque. 


L'auteure



Judith Perrignon est journaliste, essayiste et romancière. On lui doit notamment Les Chagrins, Les Faibles et les Forts (Stock) et Victor Hugo vient de mourir (L’iconoclaste). Elle a travaillé aux récits personnels de Gérard Garouste et Marceline Loridan-Ivens. (Sources : éditeur)

2 commentaires:

  1. Seulement trois petits coeurs?

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    1. J'aurai pu aller jusqu'à 3 cœurs 1/2 si j'utilisais cette notation. En fait j'ai regretté que ce roman ne m'apprenne que peu de choses sur cet homme fascinant que je connaissais finalement mieux que je ne le pensais.

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