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vendredi 26 juin 2020

Des gens comme eux de Samira Sedira



Date de parution : janvier 2020 aux éditions du Rouergue
Nombre de pages : 144

" On est plus criminel quelquefois qu'on ne le pense."

Anna et Constant Guillot vivent à Carmac, un petit village de la vallée montagneuse où il fait bon vivre. Tout le monde se connait, les villageois sont des gens modestes qui vivent de bonheurs simples. Un jour, les Langlois vivent s'installer en face de la modeste maison des Guillot dans un chalet à l'opulence assez ostentatoire, ce sont visiblement des gens riches et puissants. Bakary doté d'une aisance naturelle fascine ses voisins.

Entre les deux couples socialement opposés se noue une relation ambiguë. A la fascination va succéder la gêne, l'envie, la jalousie et un sentiment d'humiliation sournoisement ressenti par Anna et Costant. Le racisme n'est peut-être pas absent de cette histoire car Bakary Langlois est noir. Rien, toutefois, ne laisse présager le drame qui se produit lorsque Constant assassine sauvagement les Langlois et leurs trois enfants. Par quelle mécanique infernale cet homme ordinaire et droit a-t-il pu basculer dans une telle folie meurtrière ?
 
Ce roman est inspiré d'un fait-divers réel qui a eu lieu en 2003 au Grand-Bornand, l'affaire Xavier Flactif. Des scènes du procès alternent avec des retours sur le passé à la recherche des clés de compréhension de ce passage à l'acte. Le tout est raconté par Anna, la femme du meurtrier qui s'adresse à son mari. J'ai aimé le choix de l'auteure de nous faire entendre la voix de cette femme dévastée, devenue du jour au lendemain compagne d'un meurtrier, assaillie de la culpabilité de n'avoir rien vu venir. L'auteure se met dans la peau de cette femme qui se sent indissociable de l'homme qu'elle a choisi un jour pour compagnon et qui est devenu le père de leurs deux enfants. Les détails de l'histoire personnelle de Constant et la véritable personnalité de Bakary qui se dévoile en cours de roman mènent le lecteur à éprouver une certaine empathie pour le meurtrier malgré l'horreur de l'acte qu'il a commis. Un acte dont la description par Constant lors de son interrogatoire au procès est complètement insoutenable. Le thème de ce roman est intéressant, l'atmosphère de vie en vase clos dans ce village est bien restituée mais la psychologie des personnages aurait mérité d'être plus fouillée. De la même façon la dimension raciale du drame est à peine effleurée. D'une écriture ordinaire, fluide et assez descriptive ce roman trop court offre un beau moment de lecture même s'il reste hélas à la surface des choses sans offrir de suspense ou de montée dans l'intensité dramatique. Sur un thème assez proche le roman de Tanguy Viel, Article 353 du code pénal, est beaucoup plus marquant.


L'auteure


Samira Sedira mène une double carrière de comédienne et d’écrivaine. Son premier roman, L’Odeur des planches (2013), a été interprété au théâtre par Sandrine Bonnaire. En 2019, elle a reçu le prix Exbrayat des lycéens pour La Faute à Saddam (2018). (Sources : éditeur)







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