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jeudi 11 février 2016

Pièce de théâtre : Mon Traître


Mon traître, d’après Mon traître et Retour à Killybegs de Sorj Chalandon
Adaptation : Emmanuel Meirieu, Loïc Varraut
Mise en scène : Emmanuel Meirieu
Avec : Jean-Marc Avocat, Stéphane Balmino, Laurent Caron (Compagnie Bloc Opératoire)


Trahison, amitié et engagement au cœur de l'histoire

Cette pièce est adaptée des deux magnifiques romans de Sorj Chalandon, Mon traître et  Retour à Killybegs que j'ai lus il y a deux mois.
"Mon traître", publié en 2008, s'inspire de l'histoire personnelle de l'auteur : son amitié avec Denis Donaldson, vue par le biais d'Antoine, un ami luthier parisien; trois ans plus tard, l'histoire romancée est racontée sous l'angle du "traître" dans "Retour à Killybegs".


Seulement trois comédiens sur scène et soixante-dix minutes d’un théâtre intense à couper le souffle.

Le décor, les costumes et les effets techniques sont d'une grande sobriété, juste un vaste plateau noir que balayent des rafales de pluie, des éclairs d’orage et des coups de tonnerre, une lumière crépusculaire et un fond musical mélodieux. 
Au sol, près d’un corps enveloppé dans un linceul, un micro est planté. C’est devant lui que viennent témoigner les protagonistes de la pièce, l’un après l’autre.

Les comédiens 
Laurent Caron, interprète Antoine le luthier français ami de Tyrone, leader de l’I.R.A. (Armée républicaine irlandaise) qui a trahi sa cause. Il touche par sa simplicité, sa candeur naïve, son chagrin refoulé et son désarroi face à cette trahison d'amitié, hanté par la question de la réalité de l'amitié que Tyrone lui portait. Un jeu tout en finesse et retenue.

Puis c'est le tour de Stéphane Balmino qui joue Jack, le fils Tyrone, secoué par l’assassinat de son père. Il crie sa douleur et sa révolte face au père renégat puis chante magnifiquement Wake up Dead Man. J'ai trouvé le témoignage de Jack un peu trop court, j'aurai aimé qu'il développe plus ses ressentis par rapport à la trahison familiale de Tyrone.

Enfin, Tyrone lui-même prend la parole pour tenter post mortem de se justifier. S’extrayant de son linceul, Tyrone s’avance, incarné par Jean‑Marc Avocat.


La plus extraordinaire partie du spectacle commence alors...
Épuisé, blafard, nu et enveloppé sous une couverture gorgée d’eau de pluie, Jean‑Marc Avocat, d’une voix vibrante, revient sur sa vie, de son enfance à son assassinat. Les passages sur son emprisonnement et sur la grève de l'hygiène des prisonniers irlandais, martelant "Nous sommes des prisonniers politiques" sont particulièrement impressionnants.
Il explique la cause de sa trahison, les trois coups de feu à l'origine de cette faute  résonnent fortement dans le théâtre lorsqu'il évoque l'émeute dont la conclusion sera "David le martyr, Tyrone le héros", cette faute qui permettra aux britanniques de faire pression sur lui pour trahir l'IRA.
Jean‑Marc Avocat réalise une véritable performance avec une composition d’exception.

Cette pièce dresse le portrait d’une Irlande ravagée par des décennies de guerre civile entre catholiques et protestants et interroge sur des questions essentielles. Qu’est-ce qu’un traître ? Comment peut-on être amené à trahir ? Reste-t-on un traître jusqu’à la fin de sa vie ? Toutes ces interrogations profondes déterminent la force et l’intérêt de cette mise en scène.

J'ai vraiment beaucoup aimé cette pièce bouleversante, extrêmement fidèle aux textes de Sorj Chalandon, jouée par trois excellents comédiens et à la mise en scène très sobre.

Je ne peux que vous encourager à aller voir cette pièce si elle est jouée près de chez vous que vous ayez lu les romans de Sorj Chalandon ou non.

2 commentaires:

  1. J'ai vu également cette pièce en Décembre 2013 et j'avais adoré! la mise en scène est formidable, très impressionnante, et les acteurs sont excellents! c'est une pièce percutante,même si l'on n'a pas lu le livre éponyme

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    1. Je suis tout à fait d'accord avec toi. Une pièce à ne pas rater...

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