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samedi 16 juillet 2016

La légèreté de Catherine Meurisse


Date de parution : avril 2016 chez Dargaud
Nombre de pages : 133

Renaître après Charlie

Suite au drame du 14 juillet à Nice, j'ai éprouvé le besoin irrésistible de me plonger dans ce récit que j'avais sous le coude depuis un moment.

Catherine Meurisse explique qu'elle a choisi la légéreté comme titre car la légèreté c'est tout ce qu'elle a perdu le 7 janvier et qu'elle essaie de retrouver.

Ce récit dessiné de Catherine Meurisse est pour elle une façon de sortir de l'effroi, il est magnifiquement préfacé par Philippe Lançon "Catherine, l’attentat nous a donné un coup de vieux mais tu nous rajeunis. Il a tout pétrifié, dans le genre Pompéi, mais tu fais bouger les silhouettes et les pierres."

Catherine Meurisse, 35 ans, est dessinatrice de presse à  Charlie depuis 10 ans lorsqu'a lieu l'attentat du 7 janvier 2015. Elle a eu la vie sauve parce qu'elle est arrivée en retard à la conférence de rédaction, elle nous explique non sans humour le pourquoi de ce retard.

Avec ce texte écrit de juin 2015 à février 2016, Catherine Meurisse tente de raconter comment elle a vécu ce drame au cours duquel elle a perdu de nombreux amis, comment elle a vécu les suites et comment elle a réussi à survivre à cette horreur. Comment retrouver la légèreté perdue après un tel traumatisme?

Juste après le drame, elle se sent toute aussi morte que ses amis, ne peut plus reprendre un crayon pour dessiner, cherche des idées de dessin pour le "numéro des survivants" en s'isolant dans sa "bulle de travail", affuble les frères terroristes du surnom de "frères kalachnikov" ou "frères kichi". 

Elle évoque la sensation de vide qui l'a envahie, sa perte de mémoire, les cauchemars,  la protection rapprochée qu'elle supporte difficilement, le "tsunami de soutien" qui a déferlé lors de la marche du 11 janvier, le besoin qu'elle a eu de s'éloigner, de s'isoler, les attentats du 13 novembre qui l'ont replongée dans l'horreur et ont amplifié son traumatisme...

Les dessins sont magnifiques et l'humour et l'autodérision sont omniprésents. 

Pour survivre, elle recherche asile à la villa Médicis à Rome espérant être victime du syndrôme de Stendhal (maladie psychomatique qui provoque des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations voire des hallucinations chez certains individus exposés à une surcharge d'oeuvres d'art) pour annuler le syndrôme du 7 janvier. Elle se plonge dans la contemplation des statues, des oeuvres, elle cherche à connaitre leur histoire et espère que la beauté la sauve et lui rende sa légèreté.
Laissons Philippe Lançon conclure : "Catherine, ton talent n'est ni intact, ni alourdi. Il a pris du pois en légèreté"


Un roman graphique excessivement émouvant, des dessins qui expriment une multitude d'émotions et rendent hommage à ses amis disparus qui sont tous évoqués au fil des pages.
Un texte qui témoigne du travail de reconstruction que Catherine Meurisse a dû engager après le drame, un texte qui parle de son besoin de se rapprocher de la nature et de se raccrocher à l'art pour survivre. 
Une formidable façon de se concentrer sur la beauté pour l'opposer à la violence...



Citations
"Qu'est ce que "l'esprit Charlie", pour moi? C'est rire de l'absurdité de la vie, se marrer ensemble pour n'avoir peur de rien, et surtout pas de la mort."

"- Moi, ce qui m'a soudain paru le plus précieux après le 7 janvier, c'est l'amitié et la culture.
- Moi, c'est la beauté.
- C'est pareil"

" Pourquoi nous imposer une minute de silence en hommage aux victimes? C'est un siècle de colère bruyante qu'il nous faut!"



L'auteur


Catherine Meurisse, née en 1980 à Niort, est une illustratrice, dessinatrice de presse, scénariste et dessinatrice de bandes dessinées française.

2 commentaires:

  1. Je l'ai lu aussi et j'ai adoré cet album d'une beauté foudroyante tant par ses graphismes que par son contenu.Cela ne m'étonne pas qu'il t 'ait plu.

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    1. une lecture très forte, une émotion difficile à retranscrire...

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