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mardi 18 octobre 2016

Rencontre avec Gaëlle Josse - 14 octobre 2016

Nous avons eu la chance de recevoir Gaëlle Josse dans notre bibliothèque le 14 octobre 2016


* Gaëlle Josse nous parle d'abord de son processus d'écriture
Elle explique qu'il y a pour un auteur deux façons d'écrire : écrire autour d'un sujet qui l'intéresse ou attendre qu'un sujet s'impose à lui. Pour sa part, tous ses livres sont partis d'un choc émotionnel, d'une rencontre. Pour elle, ce qui a du sens ce n'est pas écrire "sur" mais "avec".

Elle ne pratique pas l'autofiction, pour elle il faut que les livres soient plus grands que nos vies, qu'ils aient une dimension plus universelle.

Gaëlle Josse décrit un roman comme un triangle, l'histoire est un des angles, les personnages un autre angle et la voix de l'auteur le dernier angle. Suivant les livres, l'auteur va mettre l'accent plus sur un angle que l'autre....

* Gaëlle Josse nous parle ensuite de son dernier ouvrage paru en septembre. De vives voix   
Ni essai, ni récit, ni roman, ni autobiographie, simplement quelques perceptions, personnelles, intimes, de la voix humaine.
Très sensible aux voix parlées, aux univers sonores, Gaëlle Josse s'est rendue compte à l'occasion de la perte de son père il y a un an que la voix de la personne disparue était ce qu'on oublie en premier, la voix est "un marqueur de l'absence terrible".
"Un écrivain sans oreille, c'est comme un boxeur sans main gauche." Hémingway


* Pour l'ombre de nos nuits, c'est en rentrant par hasard dans un musée à Rouen qu'elle est tombée sur ce tableau de Delatour Saint Sébastien soigné par Irène représentant un jeune homme et une jeune femme enclos dans une bulle de nuit sans aucune connotation religieuse. Elle a été frappée par le visage de la femme qui soigne et qui transpire l'envie de réparer.
Elle s'est ensuite documentée sur Delatour pour se nourrir mais en prenant soin de ne pas se laisser envahir par sa documentation. 
Elle a ainsi appris que Delatour avait une fille qui aurait pu correspondre à celle du tableau, que cette œuvre exposée à Rouen était une copie, l'original ayant disparu. Elle a alors imaginé que Delatour avait pris sa fille comme modèle et que le tableau original avait été peint par un apprenti, un personnage qu'elle dit aimer tout particulièrement car c'est quelqu'un qui cherche à trouver sa place comme nous tous. 
Dans ce roman elle a cherché à explorer l'aveuglement amoureux et le processus de création.  


* Le dernier gardien d'Ellis Island 
C'est une visite de Gaëlle Josse au centre d'immigration d'Ellis Island à New York qui est à l'origine de ce roman. Bouleversée par les lieux, elle a réalisé ce qu'était l'exil en observant le mur de bagages. Elle a été également bouleversée par les immenses portraits de visages exposés, des visages qui regardent le visiteur avec une grande intensité. Son inspiration pour ce roman est venue de cette rencontre avec ces lieux, ces bagages et ces visages. 


* Les heures silencieuses
C'est le premier roman de Gaëlle Josse qui précédemment n'écrivait que de la poésie. C'est son premier livre avec un personnage et un fil narratif. L'inspiration lui est venue en observant ce tableau, intriguée par cette femme représentée de dos, elle a imaginé qu'il s'était passé quelque chose de grave dans sa vie et ainsi est née l'histoire de Magdalena.
Cette rencontre très chaleureuse et passionnante s'est terminée par un petit temps convivial où chacun a pu échanger avec Gaëlle Josse. Merci encore à elle pour sa gentillesse et sa disponibilité.  

10 commentaires:

  1. Très, très beau récit de cette rencontre !

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  2. C'est un plaisir d'écouter Gaëlle Josse parler d'écriture... autant que de la lire. J'avais passé aussi un excellent moment l'an dernier à la médiathèque de Boulogne Billancourt.

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    1. On ne se lasse pas de l'écouter, une commune voisine l'invite en janvier et bien entendu je vais assister à la rencontre!

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  3. Je suis bien d'accord, les livres doivent être plus grandes que nos vies (je crois que je rencontre l'auteure bientôt).

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    1. C'est une très belle façon de parler de l'écriture... Belle rencontre avec cette auteure !

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  4. J'avais adoré Les heures silencieuses et grâce à ta chronique vraiment très pointue, c'est comme si j'avais eu la chance de rencontrer cette auteure, et ça grâce à toi!Sa réflexion sur la "voix , marqueur de l'absence terrible", me bouleverse.J'ai perdu ma mère le premier janvier dernier et j'ai enregistré sa voix avant qu'elle ne soit effacée de son répondeur parce que ne plus l'entendre était pour moi insurmontable. Je ne comprends donc que trop bien ce que veut dire Gaëlle Josse. Vraiment encore merci à toi pour cette merveilleuse chronique.

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    1. Je comprends ce que tout ce qu'a dit Gaëlle Josse remue en toi...

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  5. Merci pour ce compte-rendu. Toujours pas lu cette auteure et ce n'est pas l'envie qui me manque.

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