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jeudi 28 décembre 2017

Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui





Date de parution : septembre 2017 aux Éditions du Seuil
Nombre de pages : 157 


"Une page d'espoir dans le roman noir de la Syrie " 

J'ai lu ce livre il y a quelques semaines et ai été ravie d'apprendre ensuite qu'il avait été sélectionné pour le Grand Prix Elle.

L'histoire se déroule à Daraya, une banlieue rebelle de Damas. Suite à la révolution de mars 2011 la population insoumise est assiégée depuis novembre 2012 dans une ville devenue fantôme. Sur les 250 000 habitants de Daraya, seuls 12 000 vivent encore là.

Un jour, des jeunes gens découvrent des livres sous les décombres de la maison d'un directeur d'école. En récupérant des ouvrages sous d'autres maisons ils constituent un stock impressionnant de 15 000 livres, c'est ainsi que nait en décembre 2013 la bibliothèque secrète de Daraya, première bibliothèque de la ville qui va regrouper tous les livres récupérés sans aucune censure.  


Après avoir découvert sur internet une photo de deux hommes consultant des livres dans la bibliothèque de Daraya, Delphine Minoui, une jeune journaliste française, décide d'en savoir plus. A partir d'Istanbul où elle réside, elle interroge des jeunes activistes lors de dialogues virtuels sur Skipe, avec les bombes en fond sonore… et elle visionne des photos et des films. Leurs échanges vont se prolonger pendant quatre ans jusqu'à l'évacuation forcée de Daraya.

Ces livres, "leurs armes d'instruction massive", regroupés dans la bibliothèque clandestine font trembler les tyrans et constituent à la fois un acte de résistance et de transgression. 

J'ai appris énormément de choses avec ce livre. J'ai été enthousiasmée par ce récit qui montre la soif de culture de ces jeunes qui cherchent à s'instruire par la lecture pour pallier au manque d'université alors qu'ils n'aimaient pas particulièrement lire avant la guerre, il est vrai que seuls des livres de propagande étaient autorisés par l'ancien régime, grâce à la bibliothèque secrète ils vont découvrir des philosophes jusqu'alors interdits. Ces jeunes trouvent aussi dans la lecture un moyen de s'évader de leur sinistre quotidien ou tentent simplement de rester humains... "Ouvrir la porte du savoir, s'échapper de la routine du conflit, sauver des archives du pays". Pour eux, sauvegarder tous ces livres est aussi une façon de sauver le patrimoine de Daraya. 

J’ai été émue d’apprendre que des combattants en embuscade lisent des livres téléchargés sur leur téléphone portable, que les jeunes qui fréquentent la bibliothèque recherchent aussi des livres de témoignages de gens qui ont vécu comme eux un siège comme à Sarajevo ou aiment lire des manuels de développement personnel. 

J'ai retrouvé chez les jeunes que Delphine Minoui interroge la même volonté de témoigner, le même souci de documenter qu'avait Razan dont Justine Augier a raconté l’histoire dans De l'ardeur : Histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne 

Le conflit syrien sert de toile de fond au récit, on perçoit parfaitement l’enfer vécu au quotidien par la population et l’inertie internationale qui ne peut que nous révolter mais le conflit syrien n’est pas le sujet du récit, il n’est là que comme élément de contexte.  Delphine Minoui signe ici un récit sur le pouvoir des livres dans des circonstances dramatiques, elle accumule de nombreuses phrases très fortes sur le pouvoir des livres et montre qu’ils peuvent sauver de la folie. 

Ce récit lumineux au magnifique titre, "Les passeurs de livres" beaucoup plus parlant pour moi que celui de "bibliothèque secrète de Daraya", raconte une histoire incroyable et délivre un formidable message d'espoir. Des livres comme bouclier contre l'obscurantisme, des livres comme rempart, des livres refuge de papier, des livres pour conjurer la faim… 

Delphine Minoui est une journaliste qui honore son métier. Finaliste du Grand Prix Elle 2018, elle ferait pour moi une parfaite lauréate.


L'auteur
Delphine Minoui est grande reporter au Figaro, spécialiste du Moyen-Orient. Prix Albert Londres 2006 pour ses reportages en Iran et en Irak, elle sillonne le monde arabo-musulman depuis 20 ans. Après Téhéran, Beyrouth et Le Caire, elle vit aujourd'hui à Istanbul, où elle continue à suivre de près l’actualité syrienne. Elle est également l'auteur des Pintades à Téhéran (Jacob-Duvernet), de Moi, Nojoud, dix ans, divorcée (Michel Lafon), de Tripoliwood (Grasset) et de Je vous écris de Téhéran (Seuil). (Sources : Éditeur)


63ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017




















4 commentaires:

  1. Il est sur le site de la bib départementale et doit être dans une bib locale. Je l'ai retenu, même si il ne sera libre qu'en juin 2018 ! Sauf si je l'achète avant, autre possibilité

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    1. En même temps tu as de quoi t'occuper jusqu'en juin avec ta Pal qui atteint des sommets...
      En tout cas j'espère que tu pourras le lire un jour...
      Belles fêtes Colette !

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  2. Parfait lauréat pour moi aussi ! :)

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    1. Je crois vraiment qu'on le tient, ce n'est pas possible autrement...

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