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jeudi 23 août 2018

La marcheuse de Samar Yazbek


Date de parution : 22 août 2018 chez Stock
Nombre de pages : 304

La narratrice, Rima, est une jeune syrienne atteinte d'une étrange maladie. Depuis toute petite, elle ne peut pas s'arrêter de marcher et elle a perdu la faculté de parler. En permanence attachée au poignet de sa mère par une corde de deux mètres de long, elle a pu apprendre à lire et écrire grâce à Sett Souad, la bibliothécaire de l'école où travaille sa mère. En effet sa mère la cachait dans la bibliothèque pendant qu'elle faisait le ménage à l'école. Rima aime les couleurs et écrit des contes illustrés. Elle aime aussi les livres, surtout le Petit Prince et Alice au pays des merveilles et sait réciter le Coran que Sett Souad lui a appris à lire et à recopier. Elle voyage dans sa tête et s'invente des planètes secrètes comme le Petit Prince lors de son voyage dans l'espace. 

Un jour d’août 2013, elle traverse Damas en bus avec sa mère pour rendre visite à Sett Souad, c'est la première fois qu’elle voit le monde extérieur depuis deux ans. Un soldat ouvre le feu lors d'un contrôle, la mère de Rima succombe, la jeune fille, blessée par une balle qui a traversé son épaule, est alors conduite dans un hôpital-prison. Son frère vient ensuite la chercher pour la conduire dans la zone assiégée de la Ghouta.  

Enfermée seule dans un souterrain sans eau ni électricité, Rima écrit son histoire dans un récit qu'elle adresse à celui qui découvrira ses feuillets et son unique stylo bleu. La jeune fille est enfermée sous terre sans aucun repère temporel car au bout d'un moment elle a cessé de détacher chaque jour un fil de son hijab pour mesurer le temps. Elle ne peut voir qu'un tout petit bout du monde extérieur à travers une fenêtre pourvue de barreaux. "L'écriture n'est rien d'autre au fond que l'expression d'une peur". 

L’auteure dédie ce récit à Razane Zaytouna dont l'histoire racontée par Justine Augier dans De l'ardeur : Histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne m'avait bouleversée. Annoncé sur le bandeau de couverture comme "Bouleversant et nécessaire", je trouve que ces deux adjectifs sont les plus appropriés pour qualifier ce grand livre. Le récit est sombre, très fort mais empreint malgré tout d'une jolie poésie car l'auteure a eu la judicieuse idée de choisir comme personnage principal une jeune adolescente singulière qui a une vision très poétique de la vie, qui a appris à connaître le monde extérieur à travers les livres, qui pose parfois un regard très naïf sur l'horreur de la guerre, des attaques chimiques et du siège. L'auteure nous offre une véritable plongée dans le monde intérieur de cette petite fille pas comme les autres. Le récit est fait de multiples digressions car Rima écrit comme les idées lui viennent, pour moi ce procédé narratif a contribué à alléger ce récit parfois bien lourd, "les récits se déroulent selon des cercles concentriques et se complètent par la répétition et l'ajout de détails"
Samar Yazbek est une auteure engagée qui expose ainsi au monde l'horreur de la guerre en Syrie et la souffrance de son peuple. Voici un livre qui devrait compter dans la rentrée littéraire de septembre.

Merci à Stock pour cette lecture en avant-première.


L'auteure


Née en 1970 à Jableh en Syrie, Samar Yazbek est journaliste et romancière. Elle a publié en France un parfum de cannelle en 2013, Feux croisés, journal de la révolution syrienne en 2012 et Les portes du néant en 2016, lauréat du prix du Meilleur livre étranger et traduit dans seize langues. Elle vit en exil à Paris depuis 2011. (Sources : Éditeur)

















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