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mercredi 23 octobre 2019

Ceux que je suis d'Olivier Dorchamps

 
Date de parution : août 2019 aux éditions Finitude
Nombre de pages : 256

" Grandir c'est perdre des morceaux de soi "

À la mort de leur père, garagiste à Clichy, les trois frères Mansouri ont la surprise d’apprendre que le vieil homme avait prévu d'être inhumé au Maroc. Né à Casablanca, il reposera à Casablanca. C'est une décision dont il ne leur avait jamais parlé, eux-mêmes se sont toujours sentis étrangers au Maroc." Mon père ne s’était jamais fait naturaliser. Il disait qu’à la douane, que ce soit à Paris ou à Casa, il serait toujours un Marocain en exil, jamais un Français en vacances, alors à quoi bon ? "

C'est l'aîné, Marwan, professeur d'histoire géographie, qui a été désigné par son père pour l'accompagner dans son dernier voyage. Il va prendre l'avion avec Kabic, le meilleur ami de son grand père paternel Tarek. Kabic commence à lui raconter son grand père, leur enfance, leur décision d'émigrer ensemble vers la France...

En déambulant dans les rues de Casa, en échangeant avec les anciens amis de son père, en apprenant l'histoire de sa grand-mère qui venait d'une famille de bergers berbères du Moyen Atlas, Marwan découvre la part d'ombre de sa famille et la raison qui a poussé son père à quitter le Maroc pour la France, il découvre un homme dont il n'avait pas perçu la complexité. Son père ne racontait jamais son Maroc, son souci a toujours été de s'intégrer et que leurs enfants s'intègrent aussi. "Il répétait toujours qu'on était marocains, mais il était fier qu'on soit français, mon père." Marwan et ses frères n'aimaient pas aller à Casa où ils subissaient moqueries et humiliations de leurs cousins, des voisins, des commerçants qui les traitaient avec mépris de Français " Vue d'ici, la vie de ceux qui ont eu la volonté de partir entretient souvent le rêve de ceux qui n'en ont pas eu le courage". Pour les trois frères le Maroc n'est qu'un pays où ils ne sont allés que cinq ou six fois en famille. Marwan qui avait honte de leurs origines n'a jamais questionné son père et en éprouve maintenant du regret. 

A travers cette histoire de deuil et de résilience, ce roman parle de double culture, de l'importance de connaître ses origines pour mieux se connaître, d'identité, d'exil, de déracinement, du rapport au pays d'origine. Chacune des trois générations évoquées dans ce roman a un rapport différent à la France et au Maroc. L’auteur franco-britannique a su admirablement bien se mettre dans la peau de Marwan condamné à ne se sentir chez lui ni en France ni au Maroc, considéré en France comme marocain ou comme arabe alors qu'il ne connaît pas le Maroc et conscient de la méfiance qu'il inspire.
Une histoire très émouvante. Un roman plein d'humanité, de douceur, de pudeur et de délicatesse où tout sonne très juste, sans jamais sombrer dans le pathos. Une écriture sobre, des dialogues naturels, un style fluide et très visuel imprégné d'humour, un ton calme pour des propos forts. Un auteur à suivre...


L'auteur


Olivier Dorchamps est franco-britannique. Issu d’une famille cosmopolite, il a grandi à Paris et vit à Londres d’où il a choisi d’écrire en français. Il pratique l’humour, l’amitié et la boxe régulièrement. (Source : éditeur)
















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