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mardi 17 novembre 2020

Solitudes mineures de Lucie Desbordes

Date de parution : avril 2020 chez Anne Carrière
Nombre de pages : 256

Mina, quatorze ans, fugue à quelques jours de son bac S, option chinois qu’elle s'apprête à passer avec trois ans d'avance. Détestée au lycée, oppressée chez elle par une mère anxiogène, mal dans sa peau d'adolescente et mal dans sa peau de surdouée, elle éprouve un soudain besoin de respirer loin de sa mère qui l'étouffe avec son obsession de la réussite scolaire. Elle prend le train pour Lyon pour aller se recueillir sur la tombe de son père mort dans un accident de voiture quand elle avait trois ans, elle espère y trouver réponse à ses questions. Dans son sac à dos elle glisse le livre que son père lui avait offert "Le petit prince" de St Exupéry. " Je suis partie ce matin avec mon sac à dos et le Petit Prince. Je ne rentrerai pas."  

Dans le TGV, elle rencontre Anatole, dix ans, autiste Asperger. Arrivé à Lyon, le garçon échappe à la surveillance de son accompagnatrice et Mina le prend en charge. Commence alors pour Mina et Anatole un périple dans Lyon pendant une journée durant laquelle Mina va apprendre beaucoup sur elle-même au contact de cet enfant différent qui la suit les yeux rivés sur ses chaussures, "Anatole, tu suis mes baskets"..; une journée qui va transformer Mina.

Dans ce roman construit avec une alternance des voix de Mina et d'Anatole, l'auteure relate une rencontre très émouvante entre deux enfants différents. Deux solitudes se rencontrent le temps d'une journée. Mina s'attache très vite à cet enfant et parvient doucement à l'apprivoiser.  On ressent toute la tendresse de l’auteure pour ses personnages, une tendresse qu'elle nous fait partager dès les premiers chapitres. Lucie Desbordes connait visiblement très bien le syndrome d'Asperger, elle décrit parfaitement Anatole avec son regard fuyant, ses répétitions en boucle, ses hypersensibilités aux bruits et aux odeurs, ses hurlements quand on le frôle, ses capacités mémorielles hors du commun, ses passions pour les reflets et les cercles, sa logique au premier degré, son incapacité à comprendre les blagues et à intégrer les codes qui régissent la société... Un enfant bouleversant par sa naïveté, "obsédé par les roues comme d'autres par les moutons"... Avec le Petit Prince en toile de fond,  Lucie Desbordes nous offre un roman empreint de fraîcheur et d'humour où elle dépeint notre monde qui ne tolère pas la différence, qui qualifie comme handicap ce qui n'est qu'une inadaptation à la société, qui enferme dans une pathologie, dans un handicap sans chercher à voir les compétences propres à chacun quelque soit sa différence. Un très beau plaidoyer pour la tolérance.


Citations

 "Le seul vrai handicap c'est de vivre sans amour."

 

L'auteure


Lucie Desbordes vit près de Lyon. Après des études de lettres modernes, elle a enseigné le français, anime des ateliers d’écriture et poursuit une formation en psychologie. Elle a publié un premier roman, Le Carnet de Marceline Desbordes-Valmore, aux éditions Bartillat (2016). (Source : éditeur)


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