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dimanche 7 février 2021

La beauté du ciel de Sarah Biasini


Date de parution : janvier 2021 chez Stock
Nombre de pages : 250

"La mère ne m'a jamais manqué, petite. C'est la femme qui m'a manqué, une fois adulte."

Le récit débute le 1er mai 2017 lorsque Sarah Biasini apprend que la tombe de sa mère Romy Schneider a été profanée. Fortement secouée par cet évènement elle apprend trois semaines plus tard qu'elle est enceinte alors qu'à quarante ans, elle essayait vainement depuis un certain temps de démarrer une grossesse. Dans sa tête un lien se fait entre la profanation et la procréation. C'est le point de départ pour ce livre qu'elle souhaitait écrire depuis longtemps, elle va y creuser la question de l'amour maternel qu'elle va donner et qu'elle a reçu. Il lui apparait essentiel d'écrire à cette étape essentielle de sa vie où comme lui dit son conjoint "Tu ne seras plus la fille de ta mère, tu seras la mère de ta fille".

Elle, qui a perdu sa mère à quatre ans, évoque ses deux mères de substitution, sa grand-mère paternelle et sa nourrice Nadou. Aucune n'a voulu prendre la place de sa mère, elles ont juste été là et l'ont aimée tout simplement en lui donnant un tel amour qu'elle déclare ne pas avoir manqué d'amour maternel.

Dans ce récit Sarah Biasini s'adresse à sa fille Anna âgée maintenant de deux ans et demi (sa beauté du ciel) et ne nomme jamais sa mère par son prénom, pour elle c'est juste sa mère loin de l'actrice célèbre. Elle décrit bien l'enfance qui resurgit quand on devient soi-même parent et évoque les questions que beaucoup se posent en devenant parents.  

Son écriture est d'une grande simplicité, dans de courts chapitres elle se plonge dans ses souvenirs sans ordre chronologique. Son récit révèle une personne très sympathique, qui m'est apparue sincère dans l'évocation de son recours à la psychanalyse lors d'épisodes dépressifs, de son rapport à la mort, de l’absence de sa mère et de son frère, de ses angoisses irraisonnées de mort, la sienne ou celle de sa fille "Comment ne pas paniquer, comment se convaincre que ça ne se reproduira plus ?... Je n'ai pas peur que ma vie s'arrête. J'ai peur de t'imaginer sans moi. Pourtant j'ai survécu, tu pourrais y arriver." J'ai aimé la façon dont elle parle de ses deux mères de substitution, en particulier de sa grand-mère paternelle, "sa mère/grand-mère" qui, comme le reste de sa famille, a tenu à lui parler de leurs morts, à lui raconter la vie d'avant avec des anecdotes qui sont devenus ses propres souvenirs elle dont la mémoire se résume à des flashs, à lui parler de sa mère comme d'une femme et non comme une star, des personnes qui aimaient sa mère d'un amour simple, sans l'aduler. "J'ai été réconfortée"

J'ai aimé la façon dont elle défend la mémoire de sa mère en s'insurgeant contre la façon dont elle a été présentée dans un film sur une partie de sa vie ("Trois jours à Quiberon").

Il y a beaucoup d'amour dans ce récit très touchant, c'est un livre tourné vers la vie même s'il est hanté par le manque. Il est écrit par une personne positive à qui son entourage a appris comment on peut vivre avec ses morts.

Ce roman est sélectionné pour le Prix de la Closerie des Lilas

 

Citations

" Personne ne veut oublier ma mère, à part moi. Tout le monde veut y penser, sauf moi. Personne ne pleurera autant que moi si je me mets à y penser."

" Pourquoi je t'écris ? Pourquoi cela devient-il un travail, un besoin, une nécessité absolue ? Je ne vais pas mourir, pas à quarante-quatre ans comme ma mère. Mais si jamais, je dois te laisser quelque chose de moi." 

" On s'en veut de ne pas se souvenir. Comme si ce n'était pas normal. Comme si je ne pouvais pas être sa fille si je ne me souviens de rien."

 

L'auteure


Tout en continuant de jouer au théâtre, Sarah Biasini, fille de Romy Schneider et de Daniel Biasini, change de mode d’expression et choisit l’écriture. (Source : éditeur)




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