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samedi 10 avril 2021

Comme des bêtes de Violaine Bérot

 

Date de parution : avril 2021 chez Buchet-Chastel
Nombre de pages : 160

Un village isolé dans la montagne. Dans les parois rocheuses qui le surplombent, se trouve une grotte appelée "la grotte aux fées". Selon la légende, les fées y cachaient les bébés qu'elles volaient.

Dans une ancienne grange isolée, vivent Mariette et son fils, un géant d'une puissance terrifiante mais d'une douceur exceptionnelle. S'il éprouve une peur viscérale des hommes, il possède un véritable don avec les bêtes. Il y a des années Mariette a choisi de quitter le ville pour habiter dans ce coin isolé pour protéger son fils de l'enfermement que la société voulait pour lui. Ce fils sans père est surnommé par tous l'Ours, il n'a jamais prononcé un seul mot et se contente de grogner.

Un jour, au cours d'une randonnée dans ce pays perdu, un touriste découvre sous la grotte aux fées, une petite fille de 6 ou 7 ans, nue. Elle rit aux éclats et joue avec un âne qui ne la quitte pas. Qui est-elle ? Est-ce l'Ours qui l'a élevée ? 

Ce court roman prend la forme d'un roman choral. A l'occasion d'un fait-divers, l'apparition mystérieuse d'une enfant sauvage  dans la montagne, Violaine Bérot nous fait entendre la voix d'une dizaine de personnages qui ont côtoyé le fils de Mariette, l'Ours. Une ancienne institutrice, un ancien camarade de classe, un randonneur, un chasseur, un berger, le facteur... Chacun livre son point de vue, chacun nous parle, lors d'un interrogatoire à la gendarmerie, de cet homme différent surnommé l'Ours qui a peur des humains mais qui se sent proche de la nature et a une relation privilégiée avec les bêtes. Peu à peu le portrait de l'Ours, qu'on ne verra jamais, se dessine. Un homme craint et détesté par certains, compris et aimé par d'autres...

Violaine Bérot adopte une narration très intéressante, très peu de prénoms sont donnés, le fils n'est jamais nommé par son prénom, toujours dénommé l'Ours. Chacun répond à des questions des enquêteurs qui ne sont pas explicitées, on n'a que les réponses à des questions qu'on devine aisément. Chacun a son propre parler et entre deux personnages, un "chœur des fées" commente la situation en vers libres dans de très courts passages de poésie. Une narration très vivante et bien rythmée comme une pièce de théâtre. Tous les personnages sont intéressants et très bien incarnés, Mariette est bouleversante dans sa colère "Il n'y a personne chez vous qui s'intéresse un peu aux gens différents ?"

Un texte très épuré, un modèle de sobriété pour interroger notre rapport à la différence, pour parler de la relation de l'homme à l'animal, de retour à la nature, d'isolement et de solitude choisie ou non, de la place des femmes dans la société, de la violence d'un monde qui pose des étiquettes sur ceux qui sortent de la norme. 

Un conte qui vire à la tragédie. C'est puissant et poignant. Un gros coup de cœur et la découverte d'une auteure dont je vais maintenant lire les ouvrages précédents.  


L'auteure


 

Née en 1967, Violaine Bérot vit dans les Pyrénées. Son parcours éclectique l'a menée de l'informatique à l'élevage de chèvres. Dans cette vie en soubresauts, une seule constante : écrire. (Source : éditeur)






7 commentaires:

  1. Très intéressant et original. Merci pour ton coup de coeur !

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  2. Je ne connais pas, je le note, merci pour la découverte Joëlle !

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    1. Pour moi c'est une très très belle découverte, j'espère qu'il te plaira

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  3. Je viens de me l'offrir, j'ai hâte !

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