Pages

dimanche 10 octobre 2021

On ne parle plus d'amour de Stéphane Hoffmann



Date de parution : 18 aout chez Albin Michel
Nombre de pages : 256

L'histoire se déroule au Guénic sur Vilaine dans le Morbihan. Louise Lemarié, vingt ans, est fiancée au futur associé de son père Armand-Pierre Foucher, leur  mariage a été arrangé par son père qui veut renflouer son entreprise familiale, ce mariage va sauver son entreprise qu'il a menée à la ruine.

Louise fait preuve de la docilité que ses parents attendent d'elle, en contrepartie elle profite d'une vie facile grâce à son père " C'est ton devoir. C'est tout ce que je te demande. Et d'ailleurs, que sais-tu faire d'autre ?". Elle est arrivée à l'âge de vingt ans sans rien diriger, sans rien vouloir ni espérer, " se laissant porter par un milieu et une famille dont jamais elle n'a contesté aucune des règles." Elle se coule dans la vie toute tracée qu'on lui a préparée et a toujours été livrée à elle-même par des parents qui se sont très peu occupé d'elle " dans ce couple, l'amour avait toujours été un égoïsme à deux, excluant même les enfants."

Son père a épousé une femme riche et a la folie des grandeurs. Extravagant, exalté " il vit de l'éclat des autres, seulement dangereux pour qui lui fait confiance.", c'est un homme charmant mais c'est aussi un escroc pervers et manipulateur qui est dans le déni complet de ses malversations. Mais Louise va croiser la route de Guillaume du Guénic, un jeune homme gai, libre, léger, tout l'opposé de son fiancé...

Voilà un roman plus profond que son titre et son début ne le laissent présager. L'auteur y égratigne la bourgeoisie de façon savoureuse. Un roman vivant, riche en dialogues délicieux, qui prend parfois la forme d'un vaudeville. Des personnages bien campés : une héroïne qui agace au départ par sa nonchalance, une sorte de Bécassine un peu gourde, des parents hauts en couleurs, un baron dont j'ai aimé la philosophie de vie acquise après des années de pauvreté, " dans la vieillesse, la vie nous retire un à un les plaisirs qu'elle nous a donnés - prêtés, plutôt. Voilà pourquoi il faut s'en gaver jusqu'à l'écœurement ", un père mythomane et cynique, un fiancé tête à claques et un amant immature. L'auteur a l'art de la formule et nous offre un roman bien rafraichissant qui ne manque pas d'humour. Cerise sur le gâteau, l'auteur sait bien parler de la Bretagne, des maisons ports d'attache et des liens essentiels avec les animaux. Savoureux...


Citations

" Dans le milieu où Louise a grandi, on fait passer son profit avant son idéal. On y appelle "amour" un entrelacs d'intérêts, d'habitudes et de désir. Le désir s'envole en premier. Seuls ensuite intérêts et habitudes tiennent agglutinés ces étrangers qui, par lassitude, finissent par former un couple. 

" Là où vit Louise, il faut être élégant, prospère et puissant, mais il est superflu d'être heureux. On tient à distance l'amour, ses désordres comme ses éblouissements. On peut coucher à discrétion, on ne doit pas se laisser aller à aimer."

" L'amour peut détruire la société, mais le mariage la construit - il est l'antidote de l'amour. Se marier pour continuer l'espèce et la civilisation, c'est notre devoir à tous. L'amour est fugace, le mariage reste."


L'auteur


Prix Roger Nimier pour "Château Bougon" en 1991, Stéphane Hoffmann est notamment l'auteur des "Filles qui dansent" (prix Bretagne 2008). En 2016, il obtient le prix Jean Freustié pour "Un enfant plein d'angoisse et très sage". Avec "Les Belles ambitieuses" , il remporte le prix des Hussards 2019. La même année, il est le premier lauréat français du Grand Prix Michel Déon, saluant «style et liberté d'esprit », et remis tous les deux ans par l'Académie française en alternance avec l'Académie royale d'Irlande, qui couronne un écrivain irlandais. (Source : éditeur)



 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire