Pages

samedi 1 octobre 2022

Pour leur bien d'Amandine Prié

 



Date de parution : aout 2022 aux Editions Les Pérégrines 
Nombre de pages : 368

PREMIER ROMAN

" Il faut un village pour élever un enfant. Les enfants sans parents sont désormais ceux de tous."

Dans un pays d'Afrique en proie à des conflits depuis des dizaines d'années, Inaya, une petite fille de huit ans, vit chez sa tante et ses cousines depuis ce jour où tout a basculé quatre ans plus tôt, le jour qui reste pour Anaya "le jour du bruit". Bruit des camions, des portières, des meubles retournés lorsque des rebelles ont attaqué leur village. Ensuite il y a eu des cars, une frontière, une tante et quatre cousines qui plus jamais n'ont reparlé du jour du bruit. Sa mère avait eu juste le temps de la cacher dans un grenier et Inaya sait que ses parents ont été tués ce jour-là même si sa tante refuse de répondre à ses questions.

Un jour, une association humanitaire, "Une école, un avenir", s'installe à proximité du village, les bénévoles recherchent des orphelins de père et de mère afin de les sortir de la misère et de leur donner accès à l'école. Ils déclarent ne pouvoir prendre en charge que des orphelins garçons de moins de cinq ans en parfaite santé. 

Inaya veut aller à l'école pour devenir médecin et soigner les gens de son village. L'arrivée de ces Blancs, des français, est perçue comme une chance, les femmes vont défendre auprès du doyen le droit de leurs filles à étudier, elles veulent un avenir meilleur pour leurs enfants, quitte à les faire passer pour des orphelins. Une centaine d'enfants sont bientôt accueillis dans l'école.

Mais quelles sont les véritables intentions de l'association ? 

Ce premier roman est inspiré du scandale de "l'Arche de Zoé", une association humanitaire française qui a tenté, en 2007, d'enlever des enfants au Tchad pour les faire adopter par des familles françaises.

A travers le regard d'une fillette de huit ans, Amandine Prié nous immerge au sien d'un village africain. La prise en charge des enfants sans parents, le mode de vie, le rôle du doyen, le travail incessant et la force des femmes, la route de l'eau, royaume des enfants petits porteurs d'eau, pieds nus pour ne pas abîmer leurs claquettes, la menace permanente des rebelles installés au bord de la rivière, les viols des femmes et des fillettes... tout sonne très juste. Inaya est une héroïne très bien incarnée, généreuse, intrépide, déterminée au point d'oser affronter le doyen du village, prête à braver tous les interdits. Dotée d'un désir de tout savoir, de tout comprendre du monde qui l'entoure, d'une volonté d'acier et d'une langue bien pendue qui la rendent très attachante, Inaya sait cacher les blessures qu'elle garde au fond d'elle, son aplomb masque souvent une peur dont elle ne veut rien laisser paraître.

Amandine Prié analyse les motivations des familles qui laissent partir leurs enfants dans l'école et les motivations des humanitaires, tous sont persuadés d'agir pour le bien des enfants. Un roman à hauteur d'enfant qui traite des ambiguïtés des missions humanitaires. Un premier roman très réussi.


Citation

" Combien de parents regardent leur enfant grandir en pensant aux dimensions du trou dans lequel ils le cacheront pour lui éviter le pire? "


L'auteure 

Amandine Prié est vidéothécaire, en charge des collections audiovisuelles au sein d'une grande médiathèque. Elle a créé en 2010 le blog God Save My Screen puis a rejoint quelques mois plus tard le blog Des séries et des hommes, qu'elle anime aujourd'hui avec son fondateur, Joël Bassaget. Elle partage son temps entre son métier et l'écriture de chroniques et d'ouvrages consacrés aux séries.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire