Pages

mardi 18 août 2015

La petite communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon

 

Date de parution : janvier 2014 chez Actes sud
Nombre de pages : 320

Incarnation de la perfection en gymnastique aux Jeux olympiques de Montréal en 1976, la Roumaine Nadia Comaneci, gamine de 14 ans et 40 kg, était-elle une petite fée pleine de grâce qui défiait les lois de la pesanteur ou un enfant sportif martyrisé et jeté aux ordures à l’heure du déclin? Sa vie a-t-elle été un rêve ou un cauchemar?

Lola Lafon, qui a passé une partie de son enfance en Roumanie, pose brillamment cette question dans cette œuvre magnifique.

C'est le parcours d’une enfant soumise à un régime fait de privations alimentaires, d’entraînements à l’intensité délirante, de surconsommation de médicaments, de blessures chroniques et de soumission à un système politique dictatorial.

Le roman de Lola Lafon est solidement documenté mais aussi persillé de fiction. Par un ingénieux procédé, le roman intègre ainsi des échanges imaginés entre la narratrice et la gymnaste elle-même. Nadia, en d’autres termes, lit le roman à mesure qu’il s’élabore et le nuance ou le conteste.

Nadia refuse de se plaindre et critique les clichés occidentaux sur le monde communiste. Se trouve ainsi tracé un portrait saisissant d’un régime aux abois, dirigé par un psychopathe, finalement renversé en décembre 1989.
Nadia, déterminée et complexe, reste fidèle à son passé. « Je suis, dit-elle, le produit de ce système-là. » Elle est passée à l’Ouest, mais garde une nostalgie de son spectaculaire parcours à l’Est.

Livre brillant. A lire absolument. Et allez vite la revoir sur YouTube... 


Citations
"Quel âge a-t-elle, demande la juge principale, incrédule à l’entraîneur. Ce chiffre, quatorze, lui donne le frisson. Ce que la petite a effectué à l’instant dézingue le déroulement des chiffres, des mots et des images. Il ne s’agit plus de ce que l’on comprend. On ne saurait noter ce qui vient d’advenir. Elle jette la pesanteur par-dessus son épaule, son corps frêle se fait de la place dans l’atmosphère pour s’y lover."

"Et... Est-ce qu'elle ne pourrait pas sourire un peu ? Elle soupire. Désolée, mais si mon pied mord la bande après une diagonale de saltos, même de trois centimètres (elle lève sa main et déplie le pouce, l'index et le majeur), je suis pénalisée. Alors oui, elle sait sourire, mais une fois sa mission accomplie." 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire