Pages

jeudi 29 septembre 2022

Z comme zombie d'Iegor Gran

 

Date de parution : aout 2022 chez P.O.L.
Nombre de pages : 176

A travers ce texte Iegor Gran veut nous montrer l'absurdité criminelle de la Russie, transformée en un Zombiland toxique. Pour cela il commence par s'intéresser à ce Z barbouillé à la peinture blanche sur les blindés russes en Ukraine pour se reconnaître entre soi et éviter les tirs amis. Ce "Z comme zombie", nouvelle croix gammée qui incarne le patriotisme russe poussé à l'extrême, ce Z apparu au départ sur les chars russes, gloire de l'armée, a fini par gangréner tout le pays, Z sur des badges, Z sur la nuque rasée des hommes, Z tondu sur le pelage des chiens... Ce Z signe d'appartenance, associé à un hashtag "JeNaiPasHonte", a envahi le pays par le biais de la propagande mais aussi suite à un élan patriotique spontané des russes, 

Iegor Gran explique que la majorité du peuple russe (60% selon lui, "pas une famille en Russie qui n'ait son zombie.") a perdu toute raison et tout humanisme, devenant des zombies, des mi-morts, mi-vivants qui soutiennent Poutine et la guerre en Ukraine. Ils sont largement aidés par la télévision russe, la zombocaisse, "cette boîte qui sonne creux et rend bête", outil de propagande poutinienne à laquelle se fient les russes alors qu'ils ont accès à des sources d'information alternatives. Rien ne peut ébranler les certitudes des zombies pour qui la guerre en Ukraine n'est qu'une simple opération militaire. Ils adhérent de façon fervente à  l'idée de dénazifier ce pays, pour Iegor Gran, le zombie russe a choisi d'être zombie.

A travers des faits divers ahurissants, Iegor Gran montre que les Russes vivent très mal mais qu'ils acceptent cette indigence car ils considèrent la Russie comme une grande puissance, ils vomissent l'Occident tout en bavant devant leurs produits, ils méprisent la faiblesse et admirent les oligarches et ont la conviction d'être supérieurs car leur peuple a été capable de supporter les pires souffrances.

Tentative de comprendre les rouages de la folie qui s'est emparée des Russes, ce texte est un pamphlet intéressant car il s'appuie sur des témoignages accablants de russes témoins de l'éloignement irréversible de certains de leurs proches "C'est comme si ma sœur était sous l'emprise d'une secte ou d'une drogue dure... Jamais je n'aurai cru que mon père, celui qui m'a appris à lire, à penser, puisse devenir poutino-fasciste... Si je continue à remettre son dogme en question, elle va finir par me dénoncer" Mais ce texte est tellement excessif qu'il en perd de sa crédibilité en manquant cruellement de nuance. C'est d'autant plus marquant au moment où des milliers de russes tentent de fuir le pays suite à la mobilisation partielle décrétée par Poutine le 21 septembre.

La plume est vive et empreinte d'ironie mais l'ensemble transpire de trop de rage pour ne pas mettre mal à l'aise.


Citation

" Mentir est à ce point pathologiquement vissé à la nature du gouvernement poutinien que l'on ment d'abord et l'on réfléchit ensuite."


L'auteur


Naissance à Moscou. A 10 ans, sa famille s'installe en France. Aucune notion de français à l'époque. Problèmes de scolarité. Par désespoir, fait l'Ecole Centrale. Par goût, fait autre chose. (source : éditeur)




Lu de cette auteur 




pour accéder à ma chronique, cliquer ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire