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mercredi 1 février 2017

La porte du ciel de Dominique Fortier


Date de parution : janvier 2017 aux Editions les Escales
Nombre de pages : 256

Nous sommes en Louisiane au milieu du 19ème siècle, une époque où les Etats-Unis exploitent 4 millions d'esclaves.

Le récit commence par une scène très forte : un médecin accompagnée par sa fille est en visite dans une plantation, il assiste à une scène de violence envers une petite fille noire de 8 ans qui a cherché à s'enfuir de la plantation pour retrouver sa mère et ses frères dont elle a été séparée.  Elle est habillée d'une tunique d'esclave fabriquée dans un vieux sac de farine en jute. Sur la demande pressante d'Eléanor, 8 ans également, le médecin sauve la petite fille et la ramène chez lui. 

Nous allons suivre l'histoire d'Eleanor et d'Eve. On se rend rapidement compte que le médecin a agi pour faire plaisir à sa fille car il se désintéresse très vite d'Eve. 
Quant à Eléanor, elle utilise Eve comme un jouet. Eve a d'ailleurs un statut mal défini dans sa nouvelle demeure où elle semble être une sorte de servante.  

Eléanor est une jeune fille assez superficielle et futile qui pratique la broderie avec ses amies et se marie à 18 ans. Ce mariage avec un homme qui l’indiffère ne lui apporte pas la liberté attendue, elle ne semble pas plus libre qu'Eve dans sa vie d'ennui. 

Dominique Fortier nous fait suivre également le destin de June, la mère d'Eve, dont tous les enfants ont disparu, ont été vendus ou se sont enfuis. 

Elle évoque l'arrivée de Lincoln, la formation de l'Union contre la Confédération, la guerre de Sécession puis la montée du Ku Klux Klan. 

Ce n'est pas un roman historique, l'auteure ne rentre pas dans les détails de la guerre de Sécession, c'est plus une histoire humaine au coeur de l'Histoire. 
Dominique Fortier évoque aussi les femmes du Gee's Bend qui fabriquent des courtepointes pendant la guerre et brodent des drapeaux pour les soldats. 

A noter quelques personnages secondaires intéressants : un jeune prêtre qui veut construire une église dans le bayou, le labyrinthe marécageux de la Louisiane et un beau-frère qui apporte un peu de clarté dans la vie d'Eleanor.

J'ai trouvé ce roman assez dispersé, il survole de multiples sujets et je me suis souvent demandé où l'auteure voulait en venir. J'ai été déçue que les personnalités et la psychologie d'Eleanor et d'Eve ne soient pas développées, de même leur relation m'est restée assez mystérieuse. cela m'a maintenue à distance des héroïnes avec lesquelles je n'ai pas pu être en empathie sauf à la fin, une fin que j'ai trouvée très réussie.
Pour moi, ce roman manque également d'atmosphère, je n'ai pas ressenti la moiteur accablante qu'on imagine retrouver dans une histoire qui se situe en Louisiane. 
J'ai par contre aimé les multiples symboles auxquels l'auteure a recours, le jeu d'échecs symbolisant la lutte des Blancs contre les Noirs, la courtepointe symbolisant l'union des Etats. 
En conclusion, je peux dire que je ne me suis pas ennuyée avec ce roman que j'ai trouvé bien écrit mais que je suis restée sur ma faim.


Citations
" La liberté, mon fils, ce n'est peut-être pas aussi important qu'on le dit. Regarde ce que les Blancs, qui l'ont depuis toujours, ont trouvé à en faire. "
" Ce mot de "liberté" et ses frères - "égalité", "émancipation", "union"- étaient des osselets qu'on secoue dans sa main avant de les jeter par terre, où ils forment des amoncellements précaires."
" La guerre change-t-elle vraiment les hommes ou bien, les dépouillant de leur vernis d’éducation, des bonnes manières, de la civilité et de l’hypocrisie qui facilitent les rapports sociaux, ne fait-elle que révéler leur nature profonde? " 


Merci à NetGalley et aux éditions Les Escales pour cette lecture en avant-première.








L'auteur
Auteure québécoise née en 1972, Dominique Fortier exerce les métiers de réviseure, de traductrice et d’éditrice.
Elle a traduit une quinzaine d’ouvrages littéraires et scientifiques, dans des disciplines aussi diverses que les sciences politiques, la linguistique et la botanique.
Elle vit à Montréal. Du bon usage des étoiles, son premier roman, a été finaliste au Prix des libraires du Québec 2009.


5ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2017 organisé par Laure de MicMelo
 












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