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dimanche 23 février 2020

Love me tender de Constance Debré

Date de parution : janvier 2020 chez Flammarion 
Nombre de pages : 192 

Constance Debré menait une vie rangée dans laquelle elle étouffait jusqu'à ce qu'un jour elle largue tout ce qui faisait de sa vie une vie "normale". Elle rompt alors avec sa famille et rejette son milieu social bourgeois, quitte son mari et son fils et laisse tomber son travail d'avocat pour vivre son homosexualité et écrire un livre. Son mari ne supporte pas la situation et engage une procédure qui la prive de Paul, son fils de huit ans.

" Je ne vois pas pourquoi l’amour entre une mère et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s’aimer. Pourquoi on ne pourrait pas rompre.Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s’en foutre, une fois pour toutes, de l’amour, de l'amour prétendu, de toutes les formes d'amour, même de celui-là … Pourquoi on ne pourrait pas ? Il faudrait que je sache. "

Elle vit alors une vie où la liberté prime " sans filet, marcher sur les toits, ça me plait ". Elle enchaîne les aventures avec de multiples femmes dont elle ne donne jamais les prénoms, elle les dénomme " La jeune", " La mince", et les classe par âge, par métier, par quartier dans un carnet. " Comme un taulard qui compte les jours, je fais des croix, je fais des listes, je fais des bâtons sur le mur".  Une vie de sexe sans amour sans domicile fixe. 

Elle décide de ne rien posséder hormis ses affaires de piscine, son ordinateur, un jean et deux tee-shirts "Mon programme, c'est le moins de propriété possible.... Envie de s’alléger encore plus, larguer les amarres, quitter Paris" et enchaine les longueurs de piscine  pour oublier son fils "Nager pour ne pas devenir dingue". Elle ne peut rencontrer Paul que dans l'espace rencontre d'une association, des rencontres "hors sol, dans un décor de papier" au cours desquelles elle ne peut pas parler à son fils de sa vie dont il est totalement coupé, un fils dont elle s’aperçoit vite qu'il est instrumentalisé par son père. Quand l'amour se transforme en haine l'enfant devient parfois un enjeu... La parution de son premier livre (Play boy) où elle raconte son changement de vie a déclenché la colère de son ex-mari, elle apparait pour son ancien entourage comme anormale à cause de son homosexualité et de son livre. 

J'ai été tentée d'abandonner ce roman après quelques dizaines de pages à cause du langage cru très provocateur de l'auteure mais finalement j'ai succombé à ce ton unique, plein de rage, cette écriture syncopée, nerveuse qui raconte l'histoire d'une quête de soi d'une personne qui est capable de tout abandonner pour être en accord avec son vrai moi. J'ai été fascinée par sa capacité à tout larguer, à quitter une vie bien rangée, j'ai été admirative devant certains passages dans lesquels elle développe ce qu'elle pense de la façon d'être mère, admirative devant les chapitres adressés à son fils dans lesquels on ressent toute la force de son amour pour lui. J'ai été émue lorsque son ambivalence se laisse deviner, lorsque son regret perce par exemple quand elle écrit " ça fait du bien une petite famille "  quand elle est amenée à s'occuper des enfants d'une amie chez qui elle squatte un temps. J'ai été émue par sa tristesse de ne pas pouvoir voir son fils et par son honnêteté qui la rend très touchante. Au final un texte à connotation autobiographique au sujet original et au style incomparable. Un texte cru, sans fard, sans complaisance et sans compromis.

Delphine a aussi succombé alors que, comme moi, elle pensait que ce livre n'était pas pour elle.


Citations
" Comme si les frontières étaient étanches, comme si ça n'arrivait pas chez les bourges la violence, la pauvreté et la mort "


L'auteure



Constance Debré est née en 1972. Elle est l’auteur du très remarqué Play Boy (Stock, prix de la Coupole 2018). (Source : éditeur)


















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