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mardi 10 mai 2022

Au café de la ville perdue d'Anaïs Llobet


Date de parution : janvier 2022 aux éditions de l'Observatoire
Nombre de pages : 320

Ariana a grandi à l'ombre du 14, rue Ilios à Varosha, destination de rêve avec sa grande baie de sable fin et ses hôtels de luxe. Sa famille a perdu cette maison pendant l'invasion de Chypre en 1974, lorsque l'armée turque a, du jour au lendemain, vidé de ses habitants et ceinturé de barbelés Varosha la transformant en ville fantômeDes milliers de réfugiés ont alors été relogés à Nicosie.

Tandis qu'elle débarrasse les tables du café de son père, elle remarque une jeune femme en train d'écrire. L'étrangère a pour projet d'écrire un livre sur Varosha pour laquelle elle éprouve une véritable fascination, elle trouve son inspiration dans l'ambiance et l'observation des habitués du café mais bute contre les mots : la ville, impénétrable, ne se laisse pas approcher. 

Au même moment, Ariana apprend que son père a décidé de vendre la maison familiale. Sa stupeur est grande, d'autant plus que c'est dans cette demeure qu'ont vécu Ionnis et Aridné, ses grands-parents. Se défaire de cet héritage, n'est-ce pas un peu renier leur histoire ? Car Ionnis était chypriote grec, Aridné chypriote turque, et pendant que leur amour grandissait, l'île, déjà, se déchirait. 

Ariana, qui voue une véritable obsession pour sa maison, propose dès lors un marché à la jeune écrivaine : si elle consigne la mémoire du 14, rue Ilios avant que les bulldozers ne le rasent, elle l'aidera à s'approcher au plus près des secrets du lieu.

Au sein d'une ville morte entourée de barbelés et de miradors, le 14 rue Ilios est un personnage à part entière de cette histoire qui se déroule sur une quarantaine d'années. J'ai aimé découvrir le contexte historique peu médiatisé de cette île divisée en deux parties qui s'ignorent, en deux communautés à l'équilibre fragile, chypriotes grecs et chypriotes turcs. Une île idéalement située aux confins du Moyen-Orient dont le contrôle est un enjeu majeur pour la Grèce et la Turquie. J'ai aimé la personnalité d'Ariana qui a couvert son corps d'un tatouage, un figuier qui grimpe sur ses côtes pour ancrer sa ville dans sa peau, "elle a gravé Varosha dans sa chair pour être sûre de ne jamais céder". Par contre j'ai moins adhéré à la partie romanesque dans laquelle le nombre de personnages et le mélange des époques engendrent une certaine confusion.

 

L'auteure



Anaïs Llobet est journaliste. Après avoir vécu aux Philippines et à Moscou, elle réside désormais à Chypre, terre qui lui a inspiré "Au café de la ville perdue", trois ans après le succès des "Hommes couleur de ciel". (Source : éditeur)





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