Pages

jeudi 8 novembre 2018

L'homme qui m'aimait tout bas d'Eric Fottorino


Date de parution : 2009 chez Gallimard
Nombre de pages : 176

Grand prix des lectrices Elle 2010 - catégorie documents

"Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil." - Montherlant

C'est après avoir lu " Dix-sept ans " d'Eric Fottorino que j'ai eu envie de mieux connaitre l'histoire personnelle de cet auteur qu'il évoque dans ses principaux romans. A l’occasion d'une rencontre sur un salon c'est l'auteur lui-même qui m'a conseillé ce livre qui complète bien son nouveau roman.  

Le 11 mars 2008, Michel, le père adoptif d'Eric Fottorino se suicide dans sa voiture d'une balle dans la bouche. Dans ce récit, Eric Fottorino raconte ce drame, sa douleur, les questions que ce geste n'ont pas manqué de lui poser et retrace ses souvenirs avec Michel. Il se replonge dans ses anciens textes à la recherche de ce qu'il a écrit sur son père car derrière beaucoup de personnages de ses romans se cachait son père.

Il nous raconte son père dont le métier de kiné de campagne était toute sa vie, son empathie vers ses patients. Il raconte son père, son modèle, la passion du vélo qu'il lui a transmise "A vélo il m'a appris la vie".  Leur histoire commune débute par ce qu'il nomme une adoption miraculeuse alors qu'il avait dix ans " En 1969, Eric Chabrerie devenu Eric Fottorino, j'avais gagné un père". Un père qu'il a immédiatement accepté sans restriction " Il est d’autant mieux devenu mon père que, de toutes mes forces et de toutes mes peurs, j'ai voulu devenir son fils.", un homme dont l'arrivée a tout changé dans sa vie, l'enfant a eu l'impression de réellement naître lorsque cet homme a franchi le pas de l'appartement où il vivait seul avec sa mère, mère célibataire à dix-sept ans. Michel est devenu alors le premier homme de son existence, un homme qui l'a aimé en silence car il ne savait pas le dire.

" J'ai choisi l'écriture, ce continent d’incontinence, 
pour retenir ce qui peut l'être 
avant que le temps n'engloutisse 
tout ce qu'il fut dans les brumes de la mémoire."

Dans ce récit Eric Fottorino mêle le "il" et le "tu" pour rendre un bel hommage à son père. C'est un récit centré sur son père, sur leur relation, il y parle très peu de sa mère. Il ne porte aucun jugement sur son geste mais n'échappe pas à la culpabilité de ne pas avoir pu empêcher son geste fatal. Il tente de percer les souffrances enfantines de cet homme secret, de comprendre la volonté de mourir qui l'habitait sans doute depuis longtemps. J'ai été moins touchée par ce livre que par "Dix-sept ans", peut-être que l'auteur y manque de distance car il a écrit ce témoignage très peu de temps après le drame, j'ai par moments trouvé qu'il tournait un peu en rond, submergé par son chagrin.


Citations
" Je pleurais comme pleurent les grottes : à l'intérieur."


L'auteur



Eric Fottorino, né en 1960 à Nice, est un journaliste et écrivain français. Après vingt-cinq ans passés au quotidien Le Monde, qu'il dirigea de 2007 à février 2011, il est le cofondateur de l'hebdomadaire 1 lancé en avril 2014. Il a publié son premier roman Rochelle en 1991.






Lu du même auteur




pour accéder à ma chronique, cliquer ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire