Nombre de pages : 272
Dans ce récit autobiographique, Yann Moix raconte son enfance, il scinde son texte en deux grandes parties, Dedans et Dehors, dans lesquelles il retrace son histoire dans de courts chapitres scandés par les changements de
classe, de la maternelle aux classes préparatoires scientifiques. Chaque chapitre relate un moment d'une de ces années scolaires. Dedans c'est sa vie au sein de la cellule familiale à Orléans ; Dehors, c'est sa vie en dehors de sa famille, l'école, la rue, ses amis et ses premières amours. Les deux parties suivent exactement la même chronologie.
La première partie est glaçante car Yann Moix y raconte son enfance martyrisée soumis à la violence physique et psychologique de ses deux parents qui ne craignent pas de lui dire qu'ils préféreraient le voir mort. Coups, insultes, humiliations se succèdent de la part de parents qui semblent être de sombres brutes perverses et sadiques. Yann Moix décrit des scènes d'une insoutenable cruauté d'une façon assez factuelle n'évoquant qu’occasionnellement ses ressentis, ses réactions face aux sévices que la folie de ses parents lui fait subir. Très solitaire, il trouve, dès l'âge de neuf ans, refuge auprès d'André Gide " il revivait en moi tandis que je survivais en lui" , premier pas vers une passion pour la littérature qui le sauvera même si ses parents l'ont contraint à s'engager dans des études scientifiques alors qu'il détestait les mathématiques.
Dans la deuxième partie ses obsessions sexuelles prennent beaucoup de place. Yann Moix s'étend sur ses fantasmes sur une fille différente à chaque chapitre. Ce qui est saisissant c'est la séparation entre ses deux mondes, Dedans et Dehors, car aucune allusion aux traitements qu'il subit chez lui n’apparaît dans cette deuxième partie. De la même façon, dans la première partie l'indifférence du monde extérieur, l'absence de soutien des enseignants, des voisins n'ont pas manqué de m'interroger. Deux mondes irrémédiablement étanches au sein desquels sa passion pour la littérature se renforce et se prolonge dans son désir d'écrire, d'abord en imitant les mots de ses maîtres puis en trouvant sa propre langue jusqu'à la publication de son premier roman.
Autant la première partie est un témoignage fort, glaçant qui peut permettre de comprendre le personnage public qu'est devenu Yann Moix, autant les fantasmes qu'il étale dans la deuxième partie m'ont profondément ennuyée même si j'ai cru comprendre qu'il voulait ainsi montrer l'origine de ses difficultés avec les femmes mais sa pensée n'est pas toujours facile à suivre... Le découpage Dedans/Dehors, technique narrative que j'ai au départ trouvé très intéressante, m'a finalement semblé assez artificielle, il m'a manqué des liens entre les deux parties très distinctes, des éléments pour comprendre comment il a pu survivre.
Dès les premiers chapitres on se rend compte qu'on est ici dans de la
grande littérature, la plume de Yann Moix que je découvre avec ce roman
est très belle, d'une puissance rare. Cependant son utilisation abusive de mots savants et d'effets de conjugaison (imparfait du subjonctif, deuxième forme du conditionnel passé..."J'eusse dû faire l'inverse") finit par rendre son style trop
précieux, voire pédant, plus de sobriété dans l'écriture m'aurait
permis de mieux l'apprécier. J'ai apprécié que le ton ne soit jamais
larmoyant, que ce témoignage soit totalement dénué de voyeurisme. J'ai aimé la pudeur de Yann Moix et le regard
assez distancié qu'il porte sur lui-même dans la deuxième partie où il ne manque pas de se moquer de lui-même.
Ce texte est aussi un très bel éloge à la littérature, un cri d'amour pour les écrivains qui l'ont sauvé, Gide, Péguy, Sartre. Un texte autobiographique qui semble sincère et qui peut être lu par tous ceux qui, comme moi, n'éprouvent aucune sympathie pour ce personnage public qui se révèle être en fait un grand traumatisé. Un texte que j'espère libérateur pour Yann Moix...
J'ai lu ce roman début août avant la polémique qui sévit autour de texte avec la réaction dans la presse du père de Yann Moix et le tapage médiatique qui en découle. Je suis ravie de l'avoir lu sans rien connaitre de ce règlement de comptes et d'avoir pu le lire comme une oeuvre littéraire hors de tout autre contexte qui ne m'intéresse pas.
Citations
" Les humiliations coulent dans nos veines jusqu'à la mort "
" La biologie me liait à eux et la biologie n'est pas grand-chose. Elle comporte toutefois une malédiction : cette ressemblance physique, cette gestuelle héritée qui, lorsque l'heure est tardive "
L'auteur
Ce texte est aussi un très bel éloge à la littérature, un cri d'amour pour les écrivains qui l'ont sauvé, Gide, Péguy, Sartre. Un texte autobiographique qui semble sincère et qui peut être lu par tous ceux qui, comme moi, n'éprouvent aucune sympathie pour ce personnage public qui se révèle être en fait un grand traumatisé. Un texte que j'espère libérateur pour Yann Moix...
J'ai lu ce roman début août avant la polémique qui sévit autour de texte avec la réaction dans la presse du père de Yann Moix et le tapage médiatique qui en découle. Je suis ravie de l'avoir lu sans rien connaitre de ce règlement de comptes et d'avoir pu le lire comme une oeuvre littéraire hors de tout autre contexte qui ne m'intéresse pas.
Citations
" Les humiliations coulent dans nos veines jusqu'à la mort "
" La biologie me liait à eux et la biologie n'est pas grand-chose. Elle comporte toutefois une malédiction : cette ressemblance physique, cette gestuelle héritée qui, lorsque l'heure est tardive "
L'auteur
Yann Moix, Prix Renaudot 2013 pour Naissance est l’un des tout premiers romanciers français. Cinéaste, il a réalisé deux longs métrages (Podium et Cinéman) ainsi que plusieurs courts métrages documentaires ou de fiction. Actuellement, il prépare un livre et un film sur la Corée du nord où il se rend fréquemment. (Sources : éditeur)
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