Pages

jeudi 22 août 2019

Une partie de badminton d'Olivier Adam

Date de parution : 21 août 2019 chez Flammarion
Nombre de pages : 384

" Exister quel sport de rue /Sûr c'est pas du badmiton /Exister si j'avais su /Aurais-je décliné la donne." (Exister - Alain Chamfort)

Après cinq ans d'une parenthèse parisienne l'écrivain Paul Lerner revient vivre en Bretagne avec sa femme Sarah et leurs deux enfants. Criblé de dettes, accablé de problèmes de santé, cet écrivain dont les livres ne rencontrent plus aucun succès a dû se résoudre à accepter un travail de journaliste dans un journal local, il qualifie lui-même son travail de "scribouillard local" et se considère fini comme écrivain.

Mais les ennuis le poursuivent en Bretagne. Sa fille Manon vit très mal ce changement de vie qui l'a contrainte à quitter ses amis. Une distance s'installe entre lui et sa femme qui a des envies d'ailleurs... A 45 ans il est à un âge où, pour reprendre les mots d'Audiard "les emmerdes, ça vole toujours en escadrille".

La Bretagne va se révéler moins paisible qu'ils ne l'imaginaient, un projet de complexe hôtelier de luxe au mépris de la protection du littoral et l'arrivée de réfugiés dans un centre d'accueil à Cancale divisent la population. Sarah, la femme de Paul, professeure de littérature, est bénévole dans ce centre qui va vivre des heures agitées. Paul est témoin de tous ces événements en tant que journaliste.

Paul Lerner est le double fictionnel de l'auteur, ce roman est donc teinté d'autobiographie. J'ai  pris beaucoup de plaisir à retrouver le ton si particulier d'Olivier Adam quand il se met en scène mais contrairement à certains de ses romans je ne qualifierai pas celui-ci de sombre tellement il est dans l'autodérision n'hésitant pas à décrire ainsi son double "Ses dents pourries, son dos en miettes, ses articulations en vrac, son foie et son estomac fragiles, sa propension à la dépression et à l’alcoolisme, ses incapacités relationnelles... sa complaisance à l'égard du malheur, de la douleur dans ses livres... un écrivain qui écrit des trucs noirs, pesants et sinistres comme lui ". J'ai aimé ce personnage d'écrivain paumé qui a rompu sans véritable raison avec la plupart de ses amis et avec son frère, il est très émouvant dans ses échecs, envahi de doutes sans être dans la lamentation. Auteur engagé,  romancier social, il dit avec beaucoup d'humour écrire une littérature qu'il qualifie de "feel bad"
On retrouve la Bretagne dans le moindre de ses petits détails, l'omniprésence de la mer en parfait contraste avec la vie trépidante de Montmartre où la famille a vécu cinq ans. Olivier Adam traduit parfaitement le sentiment d'ambivalence que Paul ressent entre la vie de bobo parisien et la vie bretonne plus authentique, la sensation de ne trouver sa place nulle part, l'enthousiasme étant rapidement suivi de manque, d'ennui et de désillusion. J'ai beaucoup aimé ce roman très romanesque qui mêle une histoire intime forte à des problèmes sociétaux actuels. L'intrigue bien construite, le suspense, la tension dramatique, le style très vivant d'Olivier Adam font de ce roman un vrai page turner.


L'auteur

Olivier Adam est né en 1974. Il est l'auteur de nombreux livres dont Je vais bien, ne t'en fais pas (Le Dilettante, 2000), Passer l'hiver (L’Olivier, Goncourt de la nouvelle 2004), Falaises (L’Olivier, 2005), À l'abri de rien (L’Olivier, prix France Télévisions 2007 et prix Jean-Amila-Meckert 2008), Des vents contraires (L’Olivier, Prix RTL/Lire 2009), Le Cœur régulier (L’Olivier, 2010), Les Lisières, Peine perdue, La Renverse et Chanson de la ville silencieuse( Flammarion, 2012, 2014, 2016 et 2018). (Sources : éditeur)














Lus de cet auteur




pour accéder à ma chronique, cliquer ici











pour accéder à ma chronique, cliquer ici












pour accéder à ma chronique, cliquer ici 





2 commentaires:

  1. Entièrement d'accord avec toi !
    Il faut en effet souligner l'humour et la tension dramatique, remarquables dans ce récit.

    RépondreSupprimer