Pages

mercredi 31 août 2022

Les filles bleues de l'été de Mikella Nicol



Date de parution : 26 aout 2022 chez le Nouvel Attila
Nombre de pages : 144
Photographie de couverture : Claudine Doury ("Nous n'irons plus au bois" - 2018)

" Nous avons vécu le bonheur duquel on ne se relève pas."

Deux jeunes filles de vingt ans, Chloé et Clara, cherchent à guérir de leurs blessures, du mal et de la peur qui les hantent. Chloé a basculé dans l'anorexie et la folie, "elle n'avait plus su porter son image sur ses épaules." et Clara, "épuisée de chagrin, lourde de haine", ne se remet pas d'une blessure d'amour. 

Tout l'été elles se réfugient dans la maison de leur enfance dans la forêt au bord du lac. Elles ont un été pour se reconstruire et se retrouver, loin d'une civilisation qui les étouffe. Les journées se résument à des siestes, du silence, des cigarettes, des bains dans le lac, assises le soir face au lac "avec des piles de souvenirs entre les jambes", elles puisent leurs forces dans ces moments, dans leurs silences, dans leurs souvenirs " Notre force résidait encore dans l'enfance, avant que l'on attrape les maladies, la colère et les peurs des grands."

Quand le moment de revenir en ville arrive, elles appréhendent de quitter ce lieu où il leur semble avoir réellement vécu, elles appréhendent la rumeur de la ville, la rumeur de la vraie vie, le retour aux autres. " Nous avions été tellement loin. Plus près des étoiles que du battement des voitures. Plus près des oies sauvages que des membres de notre espèce... Ici, dans la ville, nous n'adhérions à rien... En ville, il ne faisait jamais assez noir pour trouver le repos."

Un jour Chloé prononce ces mots : " Clara, je vais retourner dans l'été... Pour de bon."

Un roman à deux voix qui se mêlent, on ne sait pas toujours laquelle des deux jeunes filles parle mais cela ne gêne nullement tellement leur relation est fusionnelle. C'est une histoire d'amitié démesurée, de quête de l'absolu tout en suggestion, l'auteure ne s'étend pas sur les blessures des deux jeunes filles, elle nous laisse les deviner.

Un court roman d'ambiance au rythme très doux, une histoire infiniment triste portée par une plume très belle, par une poésie qui éclaire le récit. C'est très beau. Une auteure à suivre 


Citations:

" Les souvenirs ne nous délaissent pas comme les gens, ou la force. Nous les chantons en offrande au lac."

" Il lui restait des forêts opaques à traverser avant de revenir toucher le début de sa vie, des labyrinthes faits de buissons denses et de ronces."

" Je me perdais dans cet abîme qu'était ma rencontre avec les autres, ces géantes. Je constatais la distance infinie qu'il me restait à parcourir pour me mouler sur elles, sur eux tous."

" Je me suis enfoncée un peu plus dans mes draps, pour me bercer dans mes peurs, me donner en cadeau le droit de faiblir."

" Il fallait enfoncer le doigt un peu plus loin. Et puis tout ressortait, comme un soupir."


L'auteure


Mikella Nicol est née en 1992 à Sherbrooke et vit à Montréal. Titulaire d'une maîtrise en études littéraires, elle a été libraire durant près de huit ans, puis directrice de production au Festival de la poésie de Montréal. Elle est aujourd'hui professeure de français auprès des personnes migrantes. (Source : éditeur)



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire