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mardi 19 juin 2018

Est-ce ainsi que les hommes jugent? de Mathieu Ménégaux


Date de parution : mai 2018 chez Grasset
Nombre de pages : 225

"Est-ce ainsi que les hommes vivent, et leurs baisers au loin les suivent" - Léo Ferré

J'ai découvert Mathieu Ménégaux avec son premier roman, Je me suis tue , qui avait été un véritable choc pour moi. J'avais beaucoup aimé également son second roman, Un fils parfait, même si j'avais alors regretté qu'il ait repris le même type de construction littéraire, une lettre confession écrite par une femme pour expliquer un geste, avec toujours la justice en toile de fond. J'attendais avec impatience son nouveau roman.

Gustavo mène une vie bourgeoise sans histoire, une vie bien rangée auprès de sa femme et de leurs deux enfants. Le matin d'une journée qui doit marquer un tournant dans sa carrière de directeur financier, il est brutalement réveillé par des policiers qui débarquent à son domicile, violant sans aucun scrupule son intimité. Le cauchemar commencé ce matin là se poursuit par son placement en garde à vue pour homicide volontaire. Les policiers pensent qu'il est l'homme blond au blouson en jean qui, trois ans plus tôt, après avoir tenté vainement de kidnapper Claire, une adolescente de treize ans, avait percuté volontairement le père de la jeune fille avec son véhicule le tuant sur le coup. Le policier Defils, bouleversé par le drame vécu par Claire, lui avait fait la promesse de retrouver l'assassin de son père.

Gustavo, d'origine argentine, croyait avoir trouvé dans la France un pays de droit depuis que sa mère avait quitté son pays natal en 1980 pour s'installer dans un pays de liberté. Heureusement Sophie, la femme de Gustavo, ne doute à aucun moment de son mari et va se battre pour prouver son innocence...

Mathieu Ménégaux nous raconte un engrenage judiciaire qui va broyer un homme que tout accuse, un homme qui va avoir la tentation d'avouer un crime qu'il n'a pas commis pour que tout cela cesse. Les policiers le traitent d'emblée comme un coupable oubliant complètement la présomption d'innocence qui doit s'appliquer aux personnes en garde à vue. L'emballement médiatique et le déchaînement sur les réseaux sociaux où il est accusé sans procès, sans preuve, finissent de l'achever avec un véritable lynchage médiatique

L'écriture est simple mais efficace, j'ai été cependant surprise par l'emploi de quelques mots "savants", complètement décalés par rapport au contexte. Bien que nettement moins marquant que son inégalé "Je me suis tue", ce livre est difficile à lâcher car Mathieu Ménégaux sait installer une tension qui monte et décrypter un enchaînement implacable comme il l'avait fait dans ses précédents romans, sans toutefois jouer ici sur l'effet de surprise qu'il avait utilisé dans "Je me suis tue". Le fonctionnement de la justice, thème récurent chez Mathieu Ménégaux, est au cœur de ce roman mais l'auteur met aussi l'accent sur l'influence dévastatrice des médias, des réseaux sociaux et de l'opinion publique quand ils se substituent à la justice. Le tout est implacablement démontré dans un roman qui suscite de multiples questionnements.


L'auteur 


Mathieu Ménégaux est né en 1967. Il est l'auteur de Je me suis tue (2015) et de Un fils parfait (2017) en cours d'adaptation pour la télévision. (Sources : Éditeur)





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46ème participation au challenge rentrée littéraire 2018 organisé par Bea Comete



2 commentaires:

  1. Lu une autre chronique allant dans ton sens. Pour moi, ce ne sera pas en ce moment

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    1. Je ne pense pas que tu sois en manque d'idées de lecture !

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