Date de parution : aout 2020 chez Christian Bourgois éditeur
Nombre de pages : 176
Le narrateur est un petit garçon de dix ans à la peau pâle et aux cheveux frisés qui passe ses vacances d'été seul avec sa grand-mère en Normandie dans un calme qui est fait d'ennui, de solitude et d'attente. Il s'ennuie et aime observer les familles sur la plage. Un jour, cet enfant introverti qui n'a jamais eu d'ami, fait la rencontre, autour d'une méduse sur la plage, de Baptiste, un enfant de son âge, seul personnage du roman à être nommé par son prénom.
Baptiste est tout ce qu'il n'est pas. Joyeux, insouciant, léger, il vit dans un monde qui fascine le narrateur, dans une grande villa auprès d'une famille qui lui semble l'image du bonheur avec une mère parfaite. Une famille bien différente de la sienne qui se résume à sa grand-mère qu'il adore mais qui lui fait honte quand elle roule les "r" avec son accent d'immigrée polonaise ou quand elle offre un bol de foie haché aux parents de son
nouvel ami. L'arrivée de sa tante schizophrène qui les rejoint dans leur appartement le couvre encore plus de honte lorsqu'elle vient sur la plage car il la perçoit comme un monstre.
Le narrateur va tout faire pour devenir l'ami de Baptiste, il l'imite car il ne sait pas ce que doit dire, faire ou penser un vrai garçon "Rien ne m’est plus étranger qu’un garçon de mon âge". Il rêve de faire partie de cette famille qu'il idéalise avec la peur d'être démasqué car il sait qu'ils vivent dans deux mondes complètement opposés.
" Mais moi, je ne veux surtout pas qu'on me retrouve,
seulement que quelqu'un me cherche."
C'est un roman sur la honte sociale et un grand roman sur l'amitié enfantine, un texte à hauteur d'enfant, les multiples sentiments qui traversent le petit garçon, honte, angoisse, ennui ... sont restitués sans aucune mièvrerie avec une grande justesse. C'est aussi un roman de l'absence, du manque, du silence autour de cette absence " Le bruit du manque a recouvert tous les autres bruits.... Le silence, c'est ça mon héritage". Le portrait de cet enfant intranquille et très sensible est poignant, il porte un chagrin immense en lui, hanté par les silences de son histoire familiale, par les fantômes de son enfance et par ses peurs. Son histoire, son drame, ses "mondes engloutis" ne seront pas dévoilés car ce texte est tout en suggestion, on saura juste que "chez nous il n'y a que des survivants qui errent parmi les fantômes" que, plus jeune, il passait des jours entiers le nez dans les foulards de sa mère, on devinera mais rien ne sera vraiment dit. Le couple qu'il forme avec sa grand-mère est magnifique, c'est une femme dont il est dit peu de choses mais avec qui il dit former le couple le plus heureux qu'elle n'ait jamais connu. L'écriture est très belle, très visuelle, l'auteur a une grande puissance d'évocation, tout est dit par petites touches avec des scènes d'une grande simplicité mais très fortes comme l'épisode de la méduse, des autos-tamponneuses, de la déclaration de guerre contre l'invasion de fourmis ou du sauvetage de son ami des sables mouvants. Le texte est parsemé de petites phrases qui en disent long, comme celle où est évoquée la pierre que l'enfant a dans le ventre quand il observe avec minutie les familles autour de lui. Un premier roman très délicat, très intense, d'une grande profondeur. Un beau coup de cœur.
L'auteur
Né en 1978, Hugo Lindenberg est journaliste. Un jour ce sera vide est son premier roman. Il vit et travaille à Paris. (Source : éditeur)
un roman qui semble faire l'unanimité et que j'ai hâte de découvrir !
RépondreSupprimerPresque l'unanimité oui... J'espère juste que tu n'en attendras pas trop et que du coup tu ne seras pas déçue, c'est le risque... moi je l'ai lu sans avoir vu passer aucun avis et il m'a vraiment emportée.
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