samedi 29 octobre 2016

La valse des arbres et du ciel de Jean-Michel Guenassia


Date de parution : août 2016 chez Albin Michel
Nombre de pages : 297


Vincent Van Gogh a réalisé le portrait de Marguerite Gachet, la fille du médecin qui le soignait en 1890 à Auvers-sur-Oise, il a écrit à propos de ce tableau "C'est une figure que j'ai peinte avec plaisir - mais c'est difficile."
Pourquoi? Que s'est-il passé entre eux ? A-t-il été amoureux d'elle? Le Dr Gachet a-t-il senti que Vincent s'intéressait à sa fille? Est-ce la raison pour laquelle il n'a plus voulu le recevoir?
Marguerite n'a jamais rien dit. Après le suicide de Van Gogh en juillet 1890, elle a continué à se taire.
Dans ce roman, Jean-Michel Guenassia s'empare de cette possible histoire entre Marguerite et Vincent et donne la parole à Marguerite qui raconte sa rencontre avec le peintre plus de soixante ans plus tard.


Nous sommes en 1890, Marguerite a 19 ans et souffre de l'indifférence de son père et de son frère, sa mère est décédée lorsqu'elle n'avait que trois ans. De tempérament rebelle, elle projette de partir s'installer en Amérique dès qu'elle sera enfin majeure.
Son père, le Dr Gachet, est un médecin qui a toujours été décrit comme l'ami des impressionnistes, Jean Michel Guenassia nous dresse un portrait de cet homme bien peu reluisant, il le présente comme un bourgeois arriviste et  opportuniste qui veut marier Marguerite au fils du pharmacien.

Sur les conseils  de son frère Théo, Vincent Van Gogh que l'auteur nomme Vincent tout le long du récit, arrive à Auvers-sur-Oise, une commune rurale située à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, pour se faire soigner par le Dr Gachet car il souffre d'instabilité mentale et est sujet à de violentes crises. Il est convenu qu'il paye le médecin avec ses tableaux.

Marguerite aime la peinture, elle rêve de peindre mais manque d'imagination et excelle dans la copie des maîtres comme Cézanne. Nous sommes à une époque où les femmes n'ont pratiquement aucun droit et où l’École des Beaux-Arts leur est interdite. "Nous ne sommes bonnes qu'à contempler leurs œuvres, sans avoir le droit d'apprendre et de devenir de artistes reconnues."

Marguerite ressent un choc en découvrant la peinture de Vincent, sa façon de peindre rapide, nerveuse, saccadée pleine de frénésie. C'est un impressionniste qui peint ce qu'il ressent.

Des extraits d'articles de presse dans des paragraphes en italique sont régulièrement insérés dans le récit, ils racontent le contexte social, économique, artistique et politique de l'époque. Du scandale de Panama à la construction de la tour Eiffel. Sont également insérées des correspondance entre Vincent et son frère Théo, marchand de tableaux. Théo verse une rente mensuelle à son frère pour survivre car Vincent n'a vendu aucun tableau, il est jugé trop moderne et est fortement critiqué "s'il voit la nature comme il la peint, nous le plaignons. Il doit la trouver bien laide."

Marguerite devient la maîtresse de Vincent à l'insu de sa famille, elle le rejoint toutes les nuits dans sa chambre dans l'auberge où il séjourne.


Jean-Michel Guenassia nous introduit dans le travail de création du peintre, le choix des détails, de la lumière notamment pour la réalisation de son fameux "Portrait du docteur Gachet avec branche de digitale". En 70 jours passés à Auvers-sur-Oise il a peint 75 toiles, débordait de projets et ne semblait pas du tout déprimé. 

Ce roman nous plonge dans l'intimité de Vincent, nous montre un homme peu doué pour les relations, un homme qui dit que peindre lui prend toute son énergie. Un amant qui ne veut pas s'engager..."L'amour de l'art fait perdre l'amour vrai". Peut-il y avoir de la place dans sa vie pour une femme alors qu'il aime la peinture plus que tout? " Face à un champ de blé, un toit de chaume ou une meule de foin, je ne pesais rien." dit Marguerite

Dans ce récit romanesque très documenté, l'auteur échafaude une version étonnante des derniers mois de Vincent Van Gogh et de sa mort. Il se base sur des théories récentes d'historiens américains qui contestent la thèse du suicide du peintre.
Ces historiens soulignent également que de nombreux tableaux exposés dans des musées sont des faux. La version imaginée par Jean-Michel Guenassia fournit une explication très plausible à ce dernier point.
J'ai lu ce magnifique roman d'une traite et l'ai trouvé passionnant du début à la fin !

Merci aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ce roman.

Citations
"Plus j'y réfléchis, plus je sens qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens."

"Quand une erreur ou un mensonge est publié deux fois, il devient une vérité impossible à rectifier."

"Je veux peindre ce que je sens et sentir ce que je peins."

"Vincent a peint ce monde de façon bien plus belle que (Dieu) ne l'a créé."

L'auteur
Jean-Michel Guenassia est un écrivain français né en 1950. Avocat pendant six ans, Jean-Michel Guenassia vit maintenant de sa plume en écrivant des scénarios pour la télévision.
Il publie un roman policier en 1986 puis il fait jouer des pièces de théâtre en 2008 en Avignon.
Son roman, "Le club des incorrigibles optimistes", paru à la rentrée littéraire 2009, a obtenu le Prix Goncourt des lycéens. Jean-Michel Guenassia est aussi le Lauréat du Prix du Roman Chapitre 2012 pour "La vie rêvée d'Ernesto G.".


32ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2016



















Catégorie SPECTACLE

6 commentaires:

  1. De mon côté j'ai lu Vincent qu'on assassine de Marianne Jaeglé, sur le même thème et j'aimerais bien comparer les 2... Et toi ? On pourrait faire une lecture croisée ?

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    1. Vincent qu'on assassine me tente bien et, maintenant que je sais ce qu'est une lecture croisée, je te dis OUI Nicole!

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  2. Réponses
    1. Il est vraiment très bien et il présente une version tres plausible, dans une interview j'ai entendu l'auteur dire que personne ne pouvait dire que c'était la vérité mais aussi que personne ne pouvait dire que ce n'était pas la vérité...

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