Date de parution : février 2017 aux éditions Joëlle Losfeld
Nombre de pages : 211
" On n'envie jamais les gens tristes" c'est ainsi que commence ce roman.
Renvoyé à 17 ans du Conservatoire, le compositeur et pianiste français Erik Satie s'y démarquait par son insolence, son refus de respecter les règles et sa singularité, rêveur il était considéré comme un cancre. " Ici, on exécute la musique! Il n'y a pas de vérité en art : Les compositeurs ne doivent pas être esclaves des règles." écrit-il en lettres noires sur le fronton du Conservatoire.
Ce rejet le marquera à vie " Ils ont fait de lui un être défait. Un être en ruine.". Il trainera toute sa vie un terrible besoin de reconnaissance, se demandant "À quel âge est-il trop tard pour devenir quelqu'un?"
Erik Satie est dépeint comme un être contemplatif "Il enfilait de l'ennui à l'ennui " et solitaire. Frappé d'insomnies, il marche la nuit, dort le jour, flâne et boit de l'absinthe. Il cache sa mélancolie sous une certaine fantaisie, et adopte un habillement provocateur loin des conformismes de l'époque.
Il est aussi entier
et intransigeant " Rien ne le blesse davantage que de partager un bon
moment avec un être qui n'en garde qu'un souvenir vague, voire aucun."
C'est un homme plein de paradoxes qui malgré son extrême timidité est capable de coups d'éclats comme lorsqu'il parvient à se faire engager dans un bar.
Un homme marqué par la mort de sa sœur Diane à l'âge de 8 mois , la mort de sa mère et de sa grand mère à Honfleur, des morts qui l’obséderont toute sa vie...
Erik Satie a le goût de la nuit et de la liberté et traine avec une bande d'artistes Alphonse Allais, le poète Contamine avec qui il partage un costume. Il rencontre aussi Debussy avec qui il va entretenir une amitié de 30 ans.
Un homme marqué par la mort de sa sœur Diane à l'âge de 8 mois , la mort de sa mère et de sa grand mère à Honfleur, des morts qui l’obséderont toute sa vie...
Erik Satie a le goût de la nuit et de la liberté et traine avec une bande d'artistes Alphonse Allais, le poète Contamine avec qui il partage un costume. Il rencontre aussi Debussy avec qui il va entretenir une amitié de 30 ans.
Ses amis découvrent son extrême pauvreté le jour de sa mort en entrant dans sa chambre d'Arcueil "qui rime avec cercueil" car Erik Satie a toujours réussi à cacher sa misère à son entourage et s'est installé dans cette chambre en délaissant Montmartre à 34 ans en 1901, il y mourra 24 ans plus tard. Apocalyptique, cette chambre a fait sa légende avec ses deux pianos désaccordés et ses 14 parapluies noirs identiques. Personne n'était jamais entré dans cette chambre...14 parapluies pour un homme qui protégeait son parapluie quand il pleuvait de peur de le mouiller...
Parallèlement Stéphanie Kalfon évoque la naissance du cinéma, la création du coca cola, la construction de la tour Eiffel, le changement de siècle, l'expo universelle, l' invention de la biscotte, la mort de Zola et nous donne ainsi à voir un monde où tout s'accélère.
Insérés en italique des propos de Satie, des extraits de lettres à son frère, son seul confident, rendent le récit particulièrement émouvant.
On souffre avec cet homme hypersensible totalement seul, (le passage sur son anniversaire qu'il passe seul est poignant), en plein délire au bord de la folie, inadapté à son époque.
On souffre avec cet homme hypersensible totalement seul, (le passage sur son anniversaire qu'il passe seul est poignant), en plein délire au bord de la folie, inadapté à son époque.
J'ai trouvé ce roman intense, très émouvant et remarquablement bien écrit.
Ce n'est pas une biographie classique du compositeur, Stéphanie Kalfon nous fait véritablement rentrer dans la tête de cet homme à la sensibilité à fleur de peau, si souvent au bord du désespoir "Vivre, c'est tellement... inutile!". Le livre est centré sur l'artiste et non sur son oeuvre et nous fait découvrir un être méconnu, insaisissable et incompris qui a consacré sa vie à la musique.
Un premier roman remarquable empreint d'une profonde tristesse, à lire avec un bloc notes à proximité pour y noter toutes les belles phrases de l'auteure, un premier roman à faire connaître !
Un premier roman remarquable empreint d'une profonde tristesse, à lire avec un bloc notes à proximité pour y noter toutes les belles phrases de l'auteure, un premier roman à faire connaître !
Une belle découverte grâce à l'aventure des 68 premières fois.
Ce roman fait partie de la première sélection du prix de la Closerie des Lilas
Citations
"Ne lisez pas les visages comme des étiquettes. La folie n'est pas du côté de l’extravagance, elle est du côté de la normalité. C'est bien la normalité qui est pure folie, la validation de la comédie sociale par ceux qui la jouent"
"Un homme né pour créer et non pour vivre."
"Satie vivait dans son Placard, comme un balai accroché à sa serpillière, repassant le même sol jusqu'à l'infini, prisonnier d'un minuscule rêve de bonheur qui ne pouvait pas tenir dans ses dix mètres carrés."
"La tristesse, souvent, fait de vous un être faux, une caricature."
"Les dimanches, comme les vacances , sont des tombeaux ouverts pour les orphelins et les célibataires. "
"C'est tout un art de marquer les mémoires d'une encre effaçable."
"C'est tout un art de marquer les mémoires d'une encre effaçable."
L'auteur
Stéphanie Kalfon est une réalisatrice et scénariste française.
"Les parapluies d’Erik Satie" est son premier roman .
4ème lecture parmi les douze premiers romans de la sélection rentrée d'hiver des 68 premières fois
15ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2017 organisé par Laure de MicMelo
Catégorie PERSONNE CELEBRE
Je sens qu'il est fait pour moi celui là !
RépondreSupprimerIl ne peut que te plaire, il est très BEAU!
SupprimerCelui-là, j'ai décidément TRES envie de le lire !
RépondreSupprimerJe serais surprise qu'il ne te plaise pas, croise les doigts pour le recevoir bientôt !
SupprimerLivre magique d'une écriture époustouflante, on le lit d'un trait, puis on le relit lentement pour savourer chaque mot, chaque note de ce roman, poème musical où les profondeurs de l'âme vous enveloppent dans une émotion intense, dans un rythme proche d'une sensation perçue et indicible. Mais justement l'auteur a su dire, évoquer, transmettre, faire vibrer ...
RépondreSupprimerErik Satie en personnage irréel ou trop réel parait à la fois très proche et en même temps toujours aussi énigmatique. Un grand "chapeau !" à une écrivaine de grand talent !
Bravo, tout est dit !
SupprimerAnonyme a fort bien décrit ce livre, rien à rajouter si ce n'est l'immense plaisir que j'ai pris à cette lecture. Un livre que j'aurais volontiers gardé
RépondreSupprimerComme je te comprends... une très belle découverte grâce aux 68. Dommage qu'on en parle si peu dans les médias...
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