mercredi 3 janvier 2018

Les bouées jaunes de Serge Toubiana




Date de parution : 3 janvier 2018 chez Stock
Nombre de pages : 160

J'ai lu ce récit dans le cadre du Grand Prix Elle 2018, catégorie document.

Serge Toubiana nous livre ici un témoignage très intime. Il parle d’Emmanuèle Bernheim, son épouse romancière et scénariste récemment décédée après vingt-huit ans de vie commune.

Il dresse le portrait d’une belle personne, pleine de pudeur face à la maladie. Une femme dotée d’une force de caractère impressionnante, d’un courage et d’une lucidité qui lui ont permis d’aider son mari et son entourage, de les réconforter face à sa mort annoncée qu’elle semblait avoir complètement acceptée. Elle a vécu ses derniers jours avec intensité et sérénité, apaisée, " calme et presque gaie, conciliée avec l'inéluctable" et a préparé l'après pour son mari, ses derniers mots seront " Et toi, tu vas tenir ? "
Serge Toubiana retrace leur vie, leur rencontre qui de l’amitié glisse doucement vers l’amour, leur MdB, maison du bonheur, acquise  dans le golfe du Morbihan à l'île aux Moines dont Emmanuelle voulait faire un petit paradis pour leur couple, les bouées jaunes vers lesquelles elle aimait nager, la carrière d’écrivain d’Emmanuelle qui a publié à trente ans son premier roman d’inspiration autobiographique, et surtout la relation difficile qu’elle a eue avec ses parents et en particulier son père source d’une colère rentrée qui ne l’a jamais quittée. C’était une femme libre pleine de vitalité mais à l’âme tourmentée qui avait pour habitude de demander à ses proches s’ils étaient heureux.

Dans ce récit on ressent tout l’amour et l’admiration de Serge Toubiana pour sa femme. J’ai aimé la force de caractère de cette femme pour qui le cancer était son combat personnel, qui a épargné son mari et qui a eu à cœur de continuer à poursuivre le plus longtemps possible une vie quotidienne harmonieuse.
Ce récit est triste et touchant mais peut-être aurait-il fallu avoir lu le livre qu’Emmanuèle Bernheim a écrit sur la fin de vie de son père ( "Tout s'est bien passé" lauréat du Grand Prix Elle 2014, catégorie document) pour comprendre le terrible poids qu’aura été pour elle cet homme tant qu'il aura été en vie, pour comprendre ses souffrances cachées, sa colère contre ses fantômes familiaux. J'ai un autre bémol sur ce récit, l’auteur égrène tout au long du récit une litanie de noms d'amis de leur couple qui, à mon avis, n'intéresse pas le lecteur et qui contribue à donner à son témoignage une dimension trop personnelle.
Ce livre est un bel hommage et certainement un moyen pour l’auteur de faire son deuil. Il est bien écrit mais est peut-être trop intime pour me marquer durablement.


Citations
" Écrire pour combler le vide, l'absence. Pour raconter le film de sa vie. Et faire en sorte qu'il ne soit jamais interrompu"



L'auteur

Serge Toubiana a longtemps dirigé les Cahiers du cinéma, puis La Cinémathèque française. Il préside aujourd’hui UniFrance. Il est l’auteur de plusieurs livres sur le cinéma, dont la biographie sur François Truffaut, cosignée avec Antoine de Baecque (Gallimard, 1996). Les bouées jaunes est son premier récit littéraire.















1ère participation au challenge rentrée littéraire 2018 organisé par Bea Comete











Catégorie COULEUR

6 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé l'essai d'Emmanuèle Bernheim qui avait remporté le prix Elle la deuxième fois où j'avais participé. Ca me donne envie de la découvrir autrement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense du coup que ce livre prendra une autre dimension pour toi... Je guette ton avis...

      Supprimer
  2. Je suis assez partagée avec ce genre de bouquin. L'impression d'être la voyeuse interdite. Je passe mon tour

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne suis pas complètement réfractaire à ce type de témoignage en général, celui-ci en tout cas n'est pas du tout impudique mais il m'a manqué pas mal de choses pour que je l'apprécie vraiment...

      Supprimer
  3. trop triste pour moi en ce moment... Je viens de finir Marceline Loridan-Ivens qui raconte son retour des camps... Je passe pour le moment.
    Une Comète

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison il faut alterner les genres de lecture pour ne pas se laisser trop envahir par l'émotion. Le Marceline Loridan-Ivens me parait bien, je le lirai plus tard certainement

      Supprimer