mercredi 24 février 2021

Le Cœur à l'échafaud d'Emmanuel Flesch

Date de parution : janvier 2021 chez Calmann-Levy
Nombre de pages : 288

Le roman s'ouvre sur le procès aux assises de Walid Z, un jeune arabe qui a grandi dans une cité près de Chalon-sur-Saône. L'accusé est un beau jeune homme qui a intégré Sciences Po par le biais de places réservées à la minorité issue de l'immigration. Après deux ans de préventive, il est jugé pour le viol de Claire, la mère de sa petite amie, il affirme qu'elle était consentante. L'auteur nous introduit dans le procès en suivant les pas d'un juré, Blaise. Très vite nous apprenons que le jeune homme encourt quinze ans de réclusion mais qu'en cas de circonstances aggravantes il risque la peine de mort par décapitation !

C'est ainsi que peu à peu au fil du récit nous découvrons que l'histoire se déroule dans un futur proche et que les dernières élections ont porté au pouvoir l'extrême-droite. Le Code pénal a été modifié, la peine capitale est rétablie, les sentiments anti-français sont sévèrement punis. Selon une nouvelle loi, les français se divisent désormais en deux catégories : les citoyens de souche (citoyens issus de trois grands-parents français) et les citoyens d'octroi qui ne peuvent prétendre à la citoyenneté de souche qu'après un parcours du combattant. Tous les fonctionnaires devant désormais porter un prénom français, Walid avait accepté la francisation de son prénom pour conserver son poste d'enseignant-chercheur. Alors que Walid est un "octroyé", Claire est une française de souche..."Un Arabe accusé de viol? Par une Française de souche? Une bourgeoise? Sa quasi-belle-mère? Pas le peine de savoir lire dans une boule de cristal. Un échafaud l'attend, à l'aube, dans une cour de prison."

L'histoire se déroule pendant les trois jours du procès au cours duquel le passé, le parcours et la personnalité de l'accusé sont passés au peigne fin. Les interactions entre le président et les avocats, les pensées de certains jurés sont finement observées. En nous plongeant au cœur de la machine judiciaire et d'un procès d'assises, l'auteur nous fait mesurer la complexité de la tâche des jurés qui doivent trancher sur la question du viol avec la problématique du consentement mais également trancher sur l'intention de l'accusé, a-t-il agi par racisme anti-français, par haine contre la France ? 

Ce roman fait froid dans le dos car la France qu'imagine Emmanuel Flesch n'est hélas pas complètement irréaliste. Une France où les droits ne sont pas les mêmes pour tous, où la préférence nationale est la règle...

Une dystopie bien construite avec une petite dose d'humour lorsque l'auteur s'étend sur les problèmes de varices du président. Un sujet délicat traité avec finesse, le parti-pris de l'auteur n'étant jamais trop appuyé. Un roman en forme de mise en garde...


Citation

" Présider aux assises, c'est s'illustrer dans l'art de la mise en scène."

 

L'auteur


 

Après avoir exercé toutes sortes de métiers entre Paris et Marseille, Emmanuel Flesch enseigne l’histoire et la géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis. (Source : éditeur)

2 commentaires:

  1. Par l'intermédiaire de ma petit bib campagnarde, je propose à la bib départementale de l'acheter. Un livre nécessaire. Je verrai sa réponse

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    1. Tu as raison c'est un livre nécessaire, j'espère qu'ils accederont à ta demande.

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