mercredi 14 décembre 2022

Impunité d'Hélène Devynck


Date de parution : septembre 2022 au Seuil
Nombre de pages : 272

" Comme moi, plusieurs dizaines de femmes ont cru que l'époque rendait caduque notre condamnation au silence et possible celle de notre agresseur, l'un des hommes les  plus connus de France.

Ca n'est pas ce qui s'est passé. On a été classées sans suite. Mais nos bulles de solitude ont éclaté. On s'est rencontrées, racontées, soutenues. On s'est fait la courte échelle pour surmonter les murs de découragement.

On a parlé plus haut, plus nombreuses." Hélène Devynck

Ce livre retrace ce qu’on a appelé l’affaire PPDA. La révélation publique de Florence Porcel début 2021, les dépositions des victimes devant le Major, la tribune d’Hélène Devynck dans le Monde, seule victime qui accepte de lever l’anonymat, le classement sans suite en juin 2021, la menace de diffamation qui pèse sur chacune des plaignantes, la tribune de 8 victimes dans le Monde en juillet 2021. Une affaire qui n'a suscité qu'une certaine indifférence jusqu’à la une de Libération du 9 novembre 2021 avec, en première page, l’image des visages des victimes et dans une pleine page le récit de chacune de 8 femmes victimes ayant accepté de témoigner.

Hélène Devynck décrit les conséquences sur chacune de ses victimes des actes perpétrés par PPDA, les effets du viol sur leur vie, sur celles de leurs proches, les difficultés de la prise de parole. Hélène Devynck explique comment elle a fini par se laisser convaincre de témoigner sous son nom.

Elle raconte le combat de 23 femmes pour des faits qui s’étalent de 1981 à 2016, 23 femmes qui ne se connaissaient pas et qui ont raconté le même comportement délinquant d’un même homme, des femmes harcelées, agressées, violées. Le respect de l'auteure pour chacune de ces femmes est à souligner, chacune a relu les passages la concernant, elle a changé nom et lieu à la demande de celles qui ne voulaient pas être reconnues, elle a respecté le souhait de chacune de rentrer ou non dans les détails de son agression.

Elle raconte les méthodes toujours identiques, les mêmes lieux (chez lui, dans son bureau…), le même piège : « le coup du plateau », un rituel connu du tout-Paris, les mêmes gestes, les mêmes regards, les mêmes mots « Il piège, puis il attaque. Vite. Par surprise. Silencieusement. Il impose. Son sexe et son bon plaisir. Son pouvoir. Son hostilité et son mépris. C’est fruste, brut et bref. »

Hélène Devynck dévoile la personnalité exécrable de cet homme célèbre, riche, imbu de lui-même, un homme qui usait de son pouvoir pour exercer une oppression sexuelle sur les femmes, elle décrit son sentiment d’impunité, son besoin permanent de prouver sa toute-puissance, sa virilité.

Hélène Devynck va au-delà du simple témoignage, elle prend du recul, analyse les processus de sidération, d’instinct de protection « Quand on est pris par surprise, on est programmé pour sauver sa peau. Et parfois, ça veut dire ne pas résister », l’humiliation, l’expérience de la soumission « Une expérience extrême de l’humiliation », les mécanismes des violences sexuelles.

Un témoignage très fort sur la prédation sexuelle, sur le pouvoir qui aveugle, sur un système qui protège et sur l'impunité.


L'auteure 



Hélène Devynck est une journaliste française de télévision. Scénariste de Ouistreham d'Emmanuel Carrère, elle a partagé la vie de ce dernier et a été un personnage récurrent de son œuvre.



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