Nombre de pages : 136
David s'est installé à Paris après que sa compagne Laura l'ait quitté. Il vit dans un appartement avec une vue exceptionnelle sur la Seine depuis la grande baie vitrée de son salon. Lorsqu'il rencontre Emile sur un banc de l'île des Cygnes en bas de chez lui, il l'invite sans arrière-pensée à admirer sa vue exceptionnelle. Vingt-cinq ans plus tard, les deux hommes vivent toujours ensemble dans cet appartement. Ces deux hommes avaient pourtant des projets de vie complètement opposés. Suite à leur rencontre, chacun d'eux va devenir quelqu'un d'autre.
Lors de leur rencontre, Émile était concentré sur sa carrière de neurochirurgien et vivait une vie d'aventures d'un soir avec des inconnus, une vie sans attaches centrée sur le plaisir. David avait pour projet de vivre à Londres avec Laura et d'adopter son fils Simon âgé de trois ans. Mais Laura l'a quitté lorsque le père biologique de Simon est réapparu reprenant ses droits sur son enfant.
Vingt-cinq ans après, David et Émile mènent une vie heureuse et tranquille mais David garde le regret d'une vie qu'il projetait de mener auprès de cet enfant qu'il pensait adopter, cet enfant dont il se sentait le père, cet enfant qui lui manque tant... Il a toujours refusé d'enlever de son salon la photo de Simon perché sur ses épaules. Ce fantôme est bien encombrant pour Émile, cette absence a pris beaucoup de place dans la vie de David pour qui le manque de cet enfant est une blessure à vie malgré son nouveau bonheur auprès d'Emile. " Les regrets de David sont incontrôlables, et portent un nom. Simon."
Un jour, Emile voit inscrit dans son carnet de rendez-vous, le nom de Simon, ce jeune homme dont David n'a plus aucune nouvelle depuis bien longtemps...
Dans ce roman choral, David s'adresse à Émile puis Émile raconte leur histoire à la troisième personne, alternant présent et passé au fil des chapitres qui se succèdent. Jean Mattern aborde ici de façon infiniment délicate et sensible le thème de la paternité, du désir d'enfants, de l'absence d'un enfant, du manque engendré par cette absence et des vies qu'on aurait pu vivre si le destin en avait décidé autrement. La construction est habile car le récit nous happe dès les premières pages, la tension monte régulièrement et les coïncidences assez improbables sont acceptées avec le sourire. Les personnages sont peu nombreux, leur psychologie et leurs émotions sont très bien restituées.
Ce roman est court mais très dense, très fort, très tendre et subtil. C'est l'histoire d'un amour absolu. Un roman intimiste d'une infinie beauté. Belle découverte d'un auteur que je vais désormais suivre avec grand plaisir.
Citations
" Aimer quelqu'un, est-ce simplement imaginer une vie ensemble ?"
" Qu'avait-il enregistré au fond de lui, conservé de cette tendresse que je lui avais prodiguée, ces gestes à la sortie du bain ou au coucher, reste-t-il une trace dans sa mémoire et dans son corps de l'affection que je lui ai donnée ?"
Jean Mattern est né en 1965 dans une famille originaire d'Europe centrale. Il suit des études de littérature comparée en France à la Sorbonne, avant d'être responsable des droits étrangers aux éditions Actes Sud puis responsable des acquisitions de littérature étrangère aux éditions Gallimard. Il est aujourd'hui éditeur responsable du domaine étranger chez Grasset.
Dans chacun de ses romans, la question de la transmission occupe une place prépondérante. (Sources : éditeur)
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