lundi 31 décembre 2018

Je lis... donc je suis

Delphine a relancé ce tag bien sympathique dont j'aime bien l'idée. 
Le principe est simple : Répondre aux questions posées en donnant comme réponse le titre d’un livre lu dans l'année écoulée. 
Mon "profil" selon mes lectures 2016 et 2017 sont ici et .

Et maintenant voici mes résultats selon mes lectures 2018


jeudi 27 décembre 2018

Rentrée littéraire de janvier 2019 - Mes envies

 

Janvier arrive à grands pas avec sa fameuse rentrée littéraire. 493 nouveaux romans dont 336 romans français se présenteront sur les étals à partir de janvier. 77 premiers romans seront publiés.

J'ai commencé mes repérages et ai déjà choisi mes premières lectures. M'ont guidée l'envie de retrouver mes auteurs chouchous et celle de découvrir des auteurs que je n'ai pas encore lus.

Je vais pouvoir découvrir certains titres en avant première grâce à mes partenariats avec certaines maisons d'édition : Grasset, Flammarion, Stock, la Fosse aux ours, les Éditions de l'Observatoire, Notabilia, Heloise d'Ormesson, Les Forges de Vulcain et bien entendu Netgalley. Je les en remercie vivement.

Je commence également à lire des premiers romans pour la sélection des 68 premières fois.

Cette liste est bien entendu loin d'être exhaustive et va s'enrichir au fur et à mesure des semaines à venir. Mes chroniques seront publiées au fur et à mesure des parutions de ces romans en janvier.

samedi 22 décembre 2018

Mon année lecture 2018

2018 aura encore été une très belle année de lecture près de 150 livres lus, essentiellement des romans, tous chroniqués. J'ai choisi de vous présenter ceux qui m'ont particulièrement marquée soit 53 titres !

  • Tout d'abord, LE livre qui pour moi surpasse tous les autres cette année : Le lambeau de Philippe Lançon


vendredi 21 décembre 2018

Rubiel e(s)t moi de Vincent Lahouze

Date de parution : août 2018 chez Michel Lafon
Nombre de pages : 267

" Ce livre est une double enfance. Un reflet dans le miroir. Une double vie."
" L'enfance est un couteau planté dans la gorge" Wajdi Mouawad, Incendies.

Je ne fais pas partie des nombreuses personnes qui suivent Vincent Lahouze sur les réseaux sociaux où il livre des textes personnels très engagés, je l'ai découvert avec ce livre.

Dans son récit Vincent Lahouze entremêle deux histoires, l'histoire autobiographique de son adoption et une fiction dans laquelle il imagine l'enfant qu'il serait devenu s'il n'avait pas été adopté. "Ce livre est une autobiographie fictive, avec des bouts de réel" dit-il.

jeudi 20 décembre 2018

Et j'abattrai l'arrogance des tyrans de Marie-Fleur Albecker


Date de parution : août 2018 aux Forges de Vulcain
Nombre de pages : 208 

Nous sommes en 1381. Joanna est une jeune femme de 32 ans qui a toujours eu soif de justice. Lorsque le roi Richard II décide d'augmenter les impôts alors que la grande peste et la Guerre de Cent ans ont ruiné le royaume d'Angleterre, elle décide de se joindre aux rebelles au côté de son mari William, un paysan libre et riche. Elle est la seule femme parmi tous ces hommes qui marchent sur Londres.

mercredi 19 décembre 2018

Où vivre de Carole Zalberg


Date de parution : octobre 2018 chez Grasset
Nombre de pages : 144 

J'aime beaucoup la plume de Carole Zalberg et me suis donc précipitée sur son nouveau roman dès sa sortie il y a quelques semaines. 

Marie, née en France dans les années 60, retourne en Israël après trente ans d'absence, elle essaie de comprendre l'histoire de sa famille et s'adresse à Noam, le plus jeune de ses cousins, hospitalisé à la suite d'un très grave accident de voiture, alors qu'exilé aux Etats-Unis, il séjournait en Israël avec son épouse pour son voyage noces après son mariage aux Etats-Unis.

lundi 17 décembre 2018

Les ailes au loin de Jadd Hilal

Date de parution : mars 2018 aux éditions Elyzad
Nombre de pages : 213

J'ai lu ce livre dans le cadre du prix Hors Concours dans lequel j'étais engagée cette année, il fait partie des cinq finalistes.

Dans ce roman nous suivons quatre femmes libano-palestiniennes de 1930 aux années 2000. De mère en fille, Naïma, Ema, Dara et Lila  nous racontent leur exil, parfois leurs voix s'entrecroisent pour relater leur version des mêmes événements.

dimanche 16 décembre 2018

La Purge d'Arthur Nesnidal

Date de parution : août 2018 chez Julliard
Nombre de pages : 119

Voilà un livre dont le sujet m'intéressait : le narrateur raconte son expérience d'étudiant pendant son année d'hypokhâgne, filière d'excellence qui forme les élites de la France de demain.

Il décrit le cadre de vie des étudiants et enseignants, le bachotage, le travail acharné, les humiliations infligées par certains professeurs sadiques et surtout le formatage des esprits.

mardi 11 décembre 2018

Un bon samaritain de Matthieu Falcone


Date de parution : novembre 2018 chez Gallimard
Nombre de pages : 260

Dans son premier roman Matthieu Falcone imagine l'histoire d'un universitaire, Pierre Saintonge, qui accueille trois jeunes migrants africains à son domicile. Pierre est un professeur d'université qui donne des cours sur la littérature de la faim. C'est un homme à l'humour caustique et au caractère râleur. C'est un ami de Pierre, qui nous raconte "l'affaire Saintonge" qui verra la chute du professeur.

dimanche 9 décembre 2018

Augustin d'Alexandre Duyck


Date de parution : octobre 2018 aux Editions J.C. Lattès
Nombre de pages : 250

Voilà encore un roman où il est préférable de ne pas lire la quatrième de couverture avant de commencer sa lecture.

Nous sommes le 11 novembre 1918, dans les Ardennes. C'est le 1561ème jour de la guerre et l'armistice va être signée à onze heures le onzième jour du onzième mois. 
L'auteur reconstitue en la romançant l'histoire d'Augustin Trébuchon, un berger de Lozère de 40 ans devenu agent de liaison. C'est à lui qu'un officier transmet un message écrit qu'il doit remettre en mains propres, au péril de sa vie, à d'autres officiers en traversant le champ de bataille. Un bon berger sait courir, sait observer et flairer les dangers...

jeudi 6 décembre 2018

Le chien de Schrödinger de Martin Dumont


Date de parution : avril 2018 aux éditions Delcourt
Nombre de pages : 138  

Jean a élevé son fils Pierre seul. A la mort de sa femme, il a choisi de changer de métier et de travailler de nuit comme chauffeur de taxi pour avoir du temps à lui consacrer. Il partage avec lui sa passion de la plongée. Mais ce fils de vingt ans, qui est toute sa vie, est de plus en plus fatigué, un jour un terrible diagnostic tombe...

vendredi 30 novembre 2018

Bilan de mes lectures de novembre 2018

Voici le bilan de mes lectures du mois de novembre :






jeudi 29 novembre 2018

Fais de moi la colère de Vincent Villemot


Date de parution : 30 août 2018 aux Editions les Escales
Nombre de pages :

Ismaëlle va bientôt avoir 17 ans, elle est seule au monde depuis la noyade de son père pêcheur, sa mère est morte en la mettant au monde. La jeune fille quitte l'école et décide de reprendre le métier de son père sur le lac Léman. Mais un jour des dizaines de cadavres se retrouvent à flotter sur le lac, le nombre de cadavres augmente de jour en jour finissant par interdire la pêche. 

Au même moment Ismaëlle rencontre Ezechiel, le fils de celui qui était appelé l'Ogre noir. Le jeune homme est installé dans les ruines du palais de son père responsable d'un génocide. Ezechiel va demander à Ismaëlle de l'aider à tuer la Bête Mammon, une énorme baleine blanche qui sommeille dans le lac.

mardi 27 novembre 2018

Grand Prix des Blogueurs littéraires 2018


Le premier tour du Grand Prix des Blogueurs littéraires est terminé, voici les dix titres de littérature française de 2018 les plus plébiscités par les lecteurs connectés (blogueurs ou lecteurs déposant leurs avis sur les réseaux sociaux). 

lundi 26 novembre 2018

Ma dévotion de Julia Kerninon


Date de parution : août 2018 aux éditions du Rouergue
Nombre de pages : 304

Par hasard, Helen croise Frank à Londres alors qu'elle ne l'a plus revu depuis vingt-trois ans. Elle entreprend de lui raconter leur histoire dans une longue confession adressée à Frank, le récit est raconté à la deuxième personne du singulier. Frank, qu'elle appelle son meilleur ami, est l'homme qui a le plus compté dans sa vie.

Helen et Frank, maintenant octogénaires, se sont rencontrés alors qu'ils n'avaient que douze ans et résidaient à l'ambassade britannique de Rome où leurs pères respectifs étaient en poste, ils étaient unis par la haine qu'ils éprouvaient pour leurs parents. De tempéraments complètement opposés, ils ont cohabité à Amsterdam où Helen a aidé Frank à se révéler et à s'accomplir dans son art, car Frank Appledore est devenu un peintre mondialement reconnu. Elle a veillé sur lui, le protégeant, restant dans son ombre, le déchargeant de toutes les tâches matérielles en menant parallèlement une carrière dans le monde de l'édition et de l'écriture. Autant Helen était une travailleuse acharnée d'un caractère très raisonnable autant Frank était un être tourmenté, exalté et excessivement égocentrique. Ce furent des années où ils ont mené une vie de joyeuse bohème, des années durant lesquelles il est incontestable que la réussite de Frank a beaucoup du à Helen. "J'étais devenue ta servante, et comme toutes les servantes, j'ai fini par considérer que mon maître m’appartenait.", "Tu ne cessais de revenir vers moi. C'était ma position dans le monde - j'étais le lieu où tu revenais."

La vie les a ensuite séparés pour les réunir à nouveau en Normandie où ils ont vécu de nombreuses années ensemble avant qu'un événement grave ne les sépare.

J'ai adoré ce roman au titre si approprié pour définir la relation très particulière qu'Helen entretient avec Frank, une relation complexe, entre amour et amitié faite de dépendance l'un à l'autre mais aussi de beaucoup de non-dits menant à une vie de dévotion et de sacrifices.
L'écriture est limpide, les mots sont d'une incroyable justesse pour décrire les personnalités, les sentiments, la relation entre Helen et Frank, c'est une écriture très épurée qui va toujours à l'essentiel, j'ai aimé le soin apporté à chaque fin de chapitre sans qu'il ne s'agisse aucunement de cliffhanger. L'histoire est très prenante, elle m'a happée dès les premières pages, j'ai aimé la tension savamment entretenue jusqu'au drame final qui conclut habilement cette incroyable histoire d'amour. Un récit tout en finesse et sensibilité. De la très grande littérature !


Citations
" L'art, c'est une chose qu'on fait toujours contre tout, c'est un luxe qu'on se paye, jamais un loisir que d'autres nous offrent."

" Toi, tu étais comme un feu d'artifice, et regarder un feu d'artifice trop longtemps finit par fatiguer."


L'auteure

Née en 1987 à Nantes, Julia Kerninon est docteur en littérature américaine. Son premier roman, "Buvard", a reçu de nombreux prix dont le prix Françoise Sagan. Elle a été lauréate de la bourse Lagardère du jeune écrivain en 2014. Son deuxième roman, "Le dernier amour d'Attila Kiss", a reçu le prix de la Closerie des Lilas en 2016. (Sources : Éditeur)







Lu de cette auteure



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jeudi 22 novembre 2018

Ombre parmi les ombres d'Ysabelle Lacamp


Date de parution : janvier 2018 aux éditions Bruno Doucey
Nombre de pages : 192 

J'ai lu ce livre dans le cadre du prix Hors Concours dans lequel je suis engagée cette année, il fait partie des cinq finalistes.

Ysabelle Lacamp nous entraîne dans le camp de Terezin, à 50 kms de Prague, au moment de la libération du camp en mai 1945. Elle imagine la rencontre entre un jeune juif tchèque, Leo Radek, dernier enfant survivant de ce camp et le poète surréaliste et résistant Robert Desnos abandonné là par les allemands en fuite. Très affaibli, sans doute atteint du typhus, Desnos mourra dans ce camp le 5 juin 1945.

mardi 20 novembre 2018

Anonyme de Luc Fivet



Date de parution : mars 2018 aux Editions Le ver à Soie
Nombre de pages : 160 

J'ai lu ce livre dans le cadre du prix Hors Concours dans lequel je suis engagée cette année, il fait partie des cinq finalistes.

Le narrateur, la quarantaine, est un homme ordinaire qui exerce le métier de comptable. Un jour, il découvre en rentrant chez lui un homme en survêtement qui patiente devant sa porte. Celui-ci lui demande un euro pour le laisser rentrer chez lui. Le prenant pour un clochard, le narrateur lui donne une pièce et rentre chez lui. Mais l'homme le suit et s'installe dans sa maison, lui réclamant un euro à chaque fois qu'il veut accéder à une pièce de la maison...

lundi 19 novembre 2018

Flic de papier de Guy Rechenmann

Date de parution : juillet 2018 en format poche aux Editions Cairn
Nombre de pages : 239

Un homme disparaît au printemps 1988 au Cap-Ferret. L'inspecteur Anselme Viloc est chargé de l'enquête. Originaire de Chambéry, il vient d'être muté au commissariat d'Arcachon après une période très difficile. Antoine, son ancien collègue de Chambéry le surnommait "Flic de papier" car, s'il est efficace dans la rédaction des rapports, il n'aime pas particulièrement l'action sur le terrain et se définit comme manquant d'intuition. Mais c'est un homme qui cache bien des blessures...

samedi 17 novembre 2018

Berlin On/Off de Julien Syrac

Date de parution : avril 2018 chez Quidam Éditeur
Nombre de pages : 142

J'ai lu ce livre dans le cadre du prix Hors Concours dans lequel je suis engagée cette année, il fait partie des cinq finalistes.

Ce livre est composé de trois nouvelles sous la forme de monologues, elles se situent toutes dans le milieu de l'Art en Allemagne.

jeudi 15 novembre 2018

Le cœur blanc de Catherine Poulain


Date de parution : 4 octobre 2018 aux Editions de l'Olivier
Nombre de pages : 256 

Catherine Poulain met en scène des saisonniers dans le sud de la France. Rosalinde vient du nord, on ne connait pas son histoire mais on sent qu'elle cherche une place, qu'elle porte une colère, un désespoir. Mounia, vient du soleil. Les deux jeunes femmes se complètent comme l'ombre et la lumière, Mounia observe et raconte ce qu'elle voit, tandis que Rosalinde est regardée. Elles se soutiennent et rêvent d'ailleurs.

jeudi 8 novembre 2018

L'homme qui m'aimait tout bas d'Eric Fottorino


Date de parution : 2009 chez Gallimard
Nombre de pages : 176

Grand prix des lectrices Elle 2010 - catégorie documents

"Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil." - Montherlant

C'est après avoir lu " Dix-sept ans " d'Eric Fottorino que j'ai eu envie de mieux connaitre l'histoire personnelle de cet auteur qu'il évoque dans ses principaux romans. A l’occasion d'une rencontre sur un salon c'est l'auteur lui-même qui m'a conseillé ce livre qui complète bien son nouveau roman.  

Le 11 mars 2008, Michel, le père adoptif d'Eric Fottorino se suicide dans sa voiture d'une balle dans la bouche. Dans ce récit, Eric Fottorino raconte ce drame, sa douleur, les questions que ce geste n'ont pas manqué de lui poser et retrace ses souvenirs avec Michel. Il se replonge dans ses anciens textes à la recherche de ce qu'il a écrit sur son père car derrière beaucoup de personnages de ses romans se cachait son père.

dimanche 4 novembre 2018

Miss Jane de Brad Watson

Date de parution : septembre 2018 chez Grasset
Nombre de pages : 384

Jane Chisolm naît en 1915 dans le Mississippi. Le Dr Thompson se rend compte immédiatement qu'elle est atteinte d'une malformation physique qui va l'handicaper toute sa vie car, à cette époque, la médecine est impuissante face à son problème.

mercredi 31 octobre 2018

Bilan de mes lectures d'octobre 2018

Voici le bilan de mes lectures du mois d'octobre :

mardi 30 octobre 2018

Des mirages plein les poches de Gilles Marchand


Date de parution : octobre 2018 aux Forges de Vulcain
Nombre de pages : 130

Je n'aime pas particulièrement les nouvelles mais je ne pouvais pas passer à côté de ce recueil de nouvelles de cet auteur dont j'apprécie tellement l'univers. Je ressors complètement conquise par cet ouvrage qui regroupe 14 de ses textes.

lundi 29 octobre 2018

Objet trouvé de Matthias Jambon-Puillet



Date de parution : août 2018 aux Éditions Anne Carrière
Nombre de pages : 200 

Marc disparaît le soir de l'enterrement de sa vie de garçon. sa fiancée Nadège était enceinte, Trois ans plus tard elle a refait sa vie auprès d'Antoine qui a bien accepté son fils Enzo. C'est alors que Marc est retrouvé dans un appartement auprès du corps sans vie de Sabrina. Marc est en mauvais état mais en vie... S'ensuit une enquête. Qu'a fait Marc pendant ces trois ans? Qui est Sabrina? Nadège va découvrir que Marc était adepte de pratiques sexuelles alternatives, qu'il a formé avec Sabrina un couple hors-norme basé sur la domination et le fétichisme et fréquenté le monde du sado masochisme. Quel futur Marc et Nadège vont-ils pouvoir reconstruire? 

dimanche 28 octobre 2018

Les exilés meurent aussi d'amour d'Abnousse Shalmani


Date de parution : août 2018 chez Grasset
Nombre de pages : 400 

La narratrice Shirin a huit ans lorsqu'elle doit fuir avec ses parents Téhéran et la révolution islamiste iranienne, sa mère est enceinte du "tout petit frère" qui va naître en France. Ils vont s'installer à Paris chez les sœurs de sa mère et vivre dans une grande promiscuité avec le reste de la famille dans un appartement exigu, bien loin du faste de l'Iran.  

Réfugiée sous son canapé, Shirin décrit ce qu'elle observe, elle découvre les membres de sa famille dans leur brutalité, leur extrémisme avec toute la naïveté d'une enfant de son âge sans jamais porter de jugement sur le comportement des adultes. Les femmes rivalisent de séduction, les hommes multiplient les réunions politiques jouant aux parfaits révolutionnaires, les affreuses tantes dominent et humilient la mère de Shirin que la petite fille méprise de se laisser ainsi malmener, le père est silencieux et complètement effacé... Une communauté pittoresque et fantasque où règne de la fantaisie mais aussi beaucoup de violence, entre les sœurs mais aussi entre le grand-père et ses filles... Observatrice pleine d'humour de la psychose familiale, Shirin va peu à peu faire l'apprentissage de la liberté, du désir et de l'amour et finir par gagner son indépendance.

Abnousse Shalmani souligne l'importance de l'apprentissage de la langue du pays d'accueil, l'importance pour l'exilé d'acquérir le français pour se faire accepter, son obsession du mot juste. L'apprentissage de la langue par Shirin va fausser ses rapports avec ses parents qui vont avoir honte de dépendre de leur fille de 9 ans pour les formalités administratives " l'exil fait çà aussi : il tue la filiation, il renverse le rapport de force". "Ils avaient besoin de moi pour survivre dans le nouveau pays, je n'avais plus besoin d'eux pour vivre" 

J'ai adoré ce roman baroque qui multiple les genres mêlant des passages graves à d'autres loufoques, passant de la fiction à la fable et à la magie, le tout empreint d'autofiction et parsemé de contes iraniens. Avec une touche de réalisme magique, Abnousse Shalmani met en scène des personnages hauts en couleur, parfois monstrueux, se situant entre réel et imaginaire et une Shirin qui refuse le déterminisme familial et la nostalgie. Sous ses airs légers et fantasques, j'ai trouvé ce roman plus profond qu'il n'y parait du premier abord. Avec cet exil tragi-comique l'auteure nous parle de façon très originale de l'exil, du manque du pays natal, de la dislocation familiale et du déclassement de l'exilé, de sa reconstruction loin de son pays d'origine. Elle met en scène l'exilé de façon complètement inattendue en l'humanisant et en transformant son exil en épopée sans perdre de vue la souffrance que reste l'exil "L'exilé n'a pas d'autre visage que celui de l'exil : il ne sera jamais son pays d'adoption, pas davantage que le pays natal. J'ai fini écrasée comme tous les exilés entre un souvenir et un espoir"Le tout est joliment baigné d'éléments de la culture iranienne, des croyances et superstitions, de l'art de la politesse "le tarof", du déterminisme "le janam", de la crainte du mauvais œil, de l'emprise de la famille. L'écriture vive et visuelle, la narration bien rythmée font de ce roman foisonnant et très riche un petit régal.

Delphine a réalisé une interview très intéressante d'Abnousse Shalmani.


Citations
" L'exil, une claque qui vous déstabilise à jamais. C'est l'impossibilité de tenir sur ses deux pieds, il y en a toujours un qui se dérobe comme s'il continuait de vivre au rythme du pays perdu."

" Je cherchais à travers les choix de mon ascendance comment m'échapper des fils de son destin."

" Quelque chose me disait que la boue où j'avais grandi était la bonne matière à travailler pour trouver mon vrai visage."

" Nous étions prudents,  nous refusions les promesses pour pouvoir les tenir. "

" La majorité des exilés n'osent pas ne pas sourire, ils se sentent comme en danger. Etre gentil, c'est éviter le conflit, désamorcer la peur."


L'auteur

Née à Téhéran en 1977, Abnousse Shalmani s'exile avec sa famille à Paris, en 1985, suite à la révolution islamique. Après un début de carrière dans le journalisme et le cinéma, elle revient à sa vraie passion, la littérature, et signe un premier livre très remarqué : "Khomeiny, Sade et moi" en 2014. "Les exilés meurent aussi d'amour" est son premier roman. (Sources : Éditeur)