mardi 11 juillet 2017

Le bureau des Jardins et des Étangs de Didier Decoin



Date de parution : janvier 2017 chez Stock
Nombre de pages : 396

Prix des lecteurs de L’Express/BFM 2017

Nous sommes au XIIème siècle au Japon , Miyuki et Katsuro habitent dans un petit village, Shimae. Katsuro pêche des carpes qu'il livre à la cour impériale. Elles servent d'ornements vivants aux étangs sacrés des temples de la ville impériale. C'est Nagusa, le directeur du Bureau des Jardins et des Étangs qui passe commande des carpes auprès de Katsuro. Ce commerce fait vivre tout le village de Shimae car le pêcheur redonne le fruit de la vente de ses carpes au chef du village.
Lorsque Katsuro décède au retour d'une pêche, son épouse Miyuki, une jeune paysanne qui passait ses journées à attendre le retour de son mari tout en entretenant la maison et les bassins des poissons, décide d'honorer la livraison de son défunt mari.
Elle qui ne connaît rien du monde au delà de son village se met en route à travers forêts et montagnes pour livrer les carpes à Nagusa. Elle marche seule ou près d'un flot de pèlerins, accompagnée du fantôme de son mari avec l'impression de mettre ses pas dans les siens, les épaules écrasées par la lourde palanche, sorte de perche en bambou, à laquelle sont accrochées les nacelles contenant huit carpes noires.

Pour atteindre la ville impériale c'est un très long voyage à pied dans le froid que commence Miyuki, voyage dont elle ne connaît pas la durée, voyage épuisant et périlleux au cours duquel elle va rencontrer des pirates, des moines, des prostituées, empoigner des têtes coupées... Tenace, elle poursuit son chemin accompagnée du souvenir de Katsuro, aidée des récits qu'il lui a faits. 

Lorsqu'elle atteint la ville impériale, l'empereur est sur le point d'organiser un concours de parfums, les concurrents doivent créer la version parfumée du passage d'une demoiselle sur un pont de bois entre deux brumes, ce thème a été choisi par le souverain qui cherche à retrouver la représentation d'un de ses songes. Le passage sur ce concours de parfums est un pur délice d'une infinie subtilité.

Ce roman relate donc ce voyage de Miyuki et j'ai été étonnée d'être autant emportée par un tel sujet. Didier Decoin a l'art de créer une atmosphère et de nous plonger dans un monde fait d'humilité, d'honneur, de finesse et de raffinement. La nature, les couleurs et surtout les senteurs sont omniprésentes tout au long du périple de Miyuki qui accomplit une sorte de pèlerinage amoureux. Miyuki est une femme humble qui a besoin de peu pour être heureuse, qui s'est montrée très digne devant la mort de son mari et qui est très attachante, son amour pour son mari est magnifique même si sa soumission ne peut que surprendre les femmes de notre époque.
Didier Decoin évoque une multitude de traditions, rites et croyances du Japon de cette époque, il parle des mariages par intrusion, des empileuses de riz, des souillures contractées au contact des morts, des rituels pour la libération et l'envol de l'âme des défunts, de réincarnation...
Je n'ai pas vu le temps passer avec ce récit d'une grande originalité au style fluide et poétique.
Un moment de sérénité absolue, voire d'envoûtement, à déguster tout doucement... Dépaysement garanti !
Un petit bijou !



Merci à NetGalley et aux éditions Stock pour cette lecture.







L'auteur
Didier Decoin est un scénariste et écrivain français né en 1945.
Il débute sa carrière comme journaliste de presse écrite à France Soir, au Figaro et à VSD, et de radio sur Europe 1. En parallèle il se lance dans l'écriture, et sera couronné par le Prix Goncourt en 1977 avec "John l'Enfer".
Tout en continuant son métier d'écrivain, il devient scénariste au cinéma puis à la télévision. En 1995, il est devenu le Secrétaire de l'Académie Goncourt.





   
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4 commentaires:

  1. Il faut vraiment que je découvre cet auteur! et quelle belle couverture!

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    1. La couverture est superbe et illustre à merveille le récit. Je suis entourée de lecteurs tous subjugués par ce roman... Il devrait aussi te plaire...

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  2. J'ai toujours beaucoup aimé cet auteur dont j'avais adoré John l'Enfer et Est-ce ainsi que les femmes meurent. J'ai donc logiquement acheté ce roman que je n'ai pas encore lu.Ta chronique me donne envie de le lire plus que jamais.

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    1. Il est vraiment très beau et très différent de celui que j'avais lu précédemment de cet auteur "La pendue de Londres" que j'avais déjà beaucoup aimé.
      Je note les titres que tu m'indiques...

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