jeudi 19 août 2021

Ce qu'il nous faut de remords et d'espérance de Céline Lapertot


Date de parution : 19 aout 2021 chez Viviane Hamy
Nombre de pages : 224

Le jour de ses 10 ans Roger Leroy voit son père arriver accompagné de Nicolas Lempereur, son demi-frère dont il ne soupçonnait pas l'existence. Son père vivait une double vie depuis des années... La fête d'anniversaire de Roger est gâchée, une jalousie et une haine tenaces commencent à le tenailler pour ne plus jamais le quitter. Jamais Roger ne pourra accepter ce frère. Devenus adultes, une soirée entre amis finira par sceller leur rupture définitive.

Des années plus tard, chacun évolue dans des mondes complètement opposés, Nicolas est devenu une rock star pacifiste et Roger, promu garde des Sceaux d’un gouvernement populiste, se bat pour mener à bien la réforme de sa vie qui permettrait le retour de la guillotine en s'appuyant sur la montée de haine sur les réseaux sociaux face à une justice jugée trop laxiste. Mais il est clair que l'acharnement de Roger à faire passer cette loi puise sa source au-delà de ses convictions personnelles dans une colère qui ne le quitte pas "il s'agit d'avoir raison, coûte que coûte. D'avoir raison sur la vie, sur les autres, sur quelqu'un en particulier."

La découverte du corps d'une petite fille tuée par un pédophile récidiviste enflamme l'opinion publique, la peur a atteint toutes les strates de la société dont "les mots clé sont toujours les mêmes : terrorisme, pédophilie, complots, insécurité." La peine de mort est rétablie et Roger espère rentrer dans l'Histoire. Mais l'histoire le rattrape quand Nicolas est accusé de meurtre et passible de la peine capitale alors qu'il clame haut et fort son innocence...

Ce nouveau roman de Céline Lapertot est de ces romans dont on comprend très vite qu'ils vont nous marquer.

Céline Lapertot signe ici un roman engagé sur un thème de société très actuel, le rétablissement de la peine de mort. Elle pointe la nuisance des réseaux sociaux, royaume des jugements hâtifs et définitifs sans aucun recul, qui alimentent le populisme.

Elle met en scène deux personnages principaux, deux demi-frères dont le destin a été façonné par le silence des adultes, par l'ambivalence d'un père, un Roger devenu mégalomane qui puise dans ses rancunes d'enfant pour alimenter la réalisation de son grand projet. Les personnages secondaires sont bien campés, le cynisme et l'arrivisme des conseillers et de la directrice de cabinet de Roger au ministère sont palpables.

Un fil romanesque captivant, un fil narratif solide pour développer un plaidoyer contre la peine de mort avec des phrases percutantes comme toujours chez Céline Lapertot "C'est ainsi que les civilisations trop douces qui ne connaissent plus les guerres tuent leurs compatriotes pour tromper leur ennui. Parce qu'il faut passer le temps et que la Justice est le meilleur échiquier qui soit" , des scènes d'une extrême puissance, d'un réalisme très fort, des moments très émouvants comme la découverte de la lettre que Nicolas écrit à Roger juste avant de disparaître.

Un titre et une couverture à la hauteur de ce magnifique texte, chronique d'une tragédie politique, sociale et familiale. Un texte important. Un coup de cœur en forme de coup de poing.


Citations :

" Il ignore qu'il n'y a rien de pire que ce que l'on appelle "une famille", si l'on y fait entrer l'amour à coups de pied dans les côtes."

" Rester dans l'air du temps, c'est respirer les convictions du moment."

 

L'auteure

Céline Lapertot est professeur de français à Strasbourg. Depuis l'âge de neuf ans, elle ne cesse d'écrire. Avec ses trois romans, " Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre", "Des femmes qui dansent sous les bombes" et "Ne préfère pas le sang à l'eau", plébiscités unanimement par les lecteurs que par les médias et les libraires, elle s'est imposée comme un écrivain au talent prometteur de la littérature française contemporaine. Dans " Ce qui est monstrueux est normal", son récit autobiographique, elle établit un lien entre celle qu'elle fut jadis - une enfant qui sourit en permanence pour cacher sa détresse et qui découvrira bien trop tôt que toutes les mères et tous les pères ne sont pas comme ceux des autres, pétris d'amour et de bienveillance - et la femme qu'elle est aujourd'hui. A travers de courts chapitres, elle offre donc un texte intime et sans pathos qui permet au lecteur d'approcher et de découvrir au plus près un cheminement singulier. (Source : éditeur)


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3 commentaires:

  1. Une autrice que je ne connais pas. Je vais essayer de m'en souvenir

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  2. Complètement d'accord avec toi! Ma chronique arrive ce soir et elle est aussi enthousiaste que la tienne!

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