Date de parution : mars 2022 chez Gallimard
Nombre de pages : 288
Grand Prix de l'Académie Française 2022
Le "mage du Kremlin", le "nouveau Raspoutine" c'est Vadim Baranov, un metteur en scène puis producteur d'émissions de télé-réalité devenu en 1999 l'éminence grise de Poutine, dit le Tsar.
Après quinze années passées au service de Poutine au poste de conseiller politique, quinze années d'influence auprès du Tsar et de contribution à l'édification de son pouvoir, Vadim Barano démissionne, les légendes sur son compte se multiplient alors, sans que nul puisse démêler le faux du vrai.
Dans ce roman, entre fiction et réalité l'auteur relate le monologue-confession de Baranov, personnage inspiré de Vladislas Sourkov conseiller de Poutine pendant vingt ans et mystérieusement disparu en 2020. Durant une nuit, au coin du feu, Baranov livre ses confidences à un narrateur , chercheur français russophile. Guiliano Da Empoli, lui même ancien conseiller politique du président du Conseil italien Matteo Renzi et grand connaisseur de la Russie, mène donc ici une enquête imaginaire.
Baranov est le seul personnage fictif de ce roman qui nous fait côtoyer au fil des pages Eltsine, Setchine, l'écrivain Limonov, le joueur d'échecs Kasparov... et revivre de l'intérieur des évènements comme l'accident du sous-marin nucléaire Koursk, l'intimidation d'Angela Merkel avec un labrador lors d'une entrevue dans le bureau de Poutine, la préparation de la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques de Sotchi...
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce texte jusqu'à l'entrée en scène de Poutine au tiers du roman. Dans la première partie outre les origines familiales et sociales de Baranov, Guiliano Da Empoli raconte la montée en puissance des oligarques après la chute du régime soviétique, l'argent qui est la base de tout, la réélection de Boris Eltsine, tout cela est livré dans les grandes lignes sans approfondissement et ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà.
En 1999 avec le conflit en Tchétchénie, le besoin d'un homme neuf, de quelqu'un qui ramène l'ordre dans les rues et restaure l'autorité morale de l'Etat, le besoin de " restaurer la verticale du pouvoir" amène sur le devant de la scène Poutine, fonctionnaire chef du FSB, l'ancien KGB, qui se révèle vite comme un redoutable homme de pouvoir que Vadim Baranov va accompagner pendant des années.
J'ai trouvé intéressant d'imaginer les premiers pas de Poutine, homme à l'éternel visage de cire, ses premiers pas dans les grands sommets internationaux, véritable bain d'humilité pour les débutants, son combat contre les oligarques des années 90. Une plongée au plus près du pouvoir russe et du système Poutine qui fait froid dans le dos, un monde violent d'hommes froids et manipulateurs pour qui la vie humaine n'a aucun prix.
L'auteur explicite les différences culturelles entre les russes et les occidentaux et avec un certain humour compare le centre du pouvoir à une cour d'école, la politique à un spectacle. Un roman qui éclaire les raisons de la guerre en Ukraine déclenchée après que ce livre ait été rédigé. Un ensemble très instructif, un roman très bien écrit mais inutilement trop bavard par moments.
L'auteur
Guiliano Da Empoli est un écrivain et journaliste italien. En tant qu'auteur et commentateur politique, il intervient régulièrement dans des émissions télévisées et radiophoniques en Italie et en France. "Le mage du Kremlin" est son premier roman
Personnellement je ne le trouve pas "inutilement trop bavard". J'ai eu du mal au début moi aussi car on ne sait pas très bien qui parle. Mais à partir du chapitre 3 avec la phrase "mon grand père était un formidable chasseur" la parole est celle de Baranov et j'ai trouvé celle ci pleine de réflexions intelligentes qui éclairent beaucoup sur Poutine et sur "l'âme russe".
RépondreSupprimer