vendredi 5 avril 2019

Balles perdues de Jennifer Clément


Date de parution : août 2018 chez Flammarion 
Nombre de pages : 296

Margot, fille unique élevée dans une maison remplie de domestiques, a fui la maison familiale deux mois après la naissance de sa fille Pearl dont elle a caché la naissance à tous. Pearl n'a pas de certificat de naissance.

Depuis quatorze ans, toutes deux vivent dans leur voiture, une Mercury garée au bord d'un parking pour caravanes au milieu de la Floride, au milieu de nulle part, à proximité d'une aire de jeux et de toilettes mais aussi de la décharge municipale et d'une rivière pleine d'alligators. Pearl vit à l'avant de la voiture et sa mère dort sur le siège arrière.

Margot est une femme hypersensible qui, selon Pearl,  "peut regarder à l'intérieur des gens" et a "le mal de l'empathie". Mère et fille vivent une relation fusionnelle, Pearl est élevée aux chansons d'amour, sa mère lui fait faire des voyages imaginaires et lui raconte les histoires de son enfance. " Ma mère ne m'ordonnait jamais de faire quoique ce soit à part de faire des rêves quand j'allais dormir. Elle disait que nous appartenions elle et moi à la Tribu des Rêves." Dans l'univers de Pearl, il y a aussi les habitants qui habitent dans les caravanes voisines tous plus excentriques les uns que les autres, les vétérans de l'hôpital dans lequel sa mère fait des ménages et sa meilleure amie Avril May. 

Mais un jour sa mère rencontre Eli, un texan au passé trouble, et l'installe dans la voiture "Eli m'a pris ma place. Il m'a virée de la voiture."  La jeune fille va peu à peu prendre conscience du trafic d'armes qui sévit autour d'elle.

Jennifer Clément prête sa voix à une jeune adolescente avec une extrême justesse, il n'y a jamais aucune mièvrerie dans les propos qu'elle lui attribue. Elle dénonce ici le marché des armes qui sévit aux Etats-Unis et le sort réservé aux plus faibles. L'omniprésence des armes est effrayante, une voisine porte le fusil que son mari lui a offert pour la Saint Valentin sur le devant de son chemisier, des enfants colorient des armes à feu dans leur livre de coloriage, les hommes tirent sur les alligators de la rivière... Il est assez glaçant d'apprendre que les enfants orphelins suite au décès par balles de leurs parents sont appelés des fusillades... J'ai aimé ce roman mais j'ai été déçue de ne pas lui trouver la force que j'avais appréciée dans le précédent roman de Jennifer Clément.


Citations 
" Quand un homme offre une arme à la femme qu'il aime, c'est qu'il lui fait vraiment confiance."

" Le sergent Bob avait toutes sortes de noms pour les armes. Certaines étaient des faiseuses de veuves, d'autres des faiseuses d'orphelins, d'autres des faiseuses de paix. Si une arme servait à régler des comptes, l'arme s'appelait une faiseuse de loi."

" Ma mère ne m'avait pas acheté grand-chose. mais elle m'avait remplie avec ses mots et ses chansons. J'étais l'encyclopédie de ses bavardages et de ses espoirs de jeune mère."


L'auteure


Poète, biographe et romancière, Jennifer Clement est née en 1960 à Greenwich, dans le Connecticut. En 2014, elle a reçu le Grand prix des lycéennes du magazine Elle pour son roman Prières pour celles qui furent volées, également finaliste du prix Femina étranger. Elle préside depuis octobre 2015 le PEN International et vit aujourd'hui à Mexico.(Sources : Éditeur)





Lu de cette auteure



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