mardi 19 mars 2024

Nous n'étions pas des tendres de Sylvie Gracia

  



Date de parution : mars 2024 chez l'Iconoclaste
Nombre de pages : 230

" Quelle était cette laisse qui me ramenait au pays chaque année, comme un chien à sa niche d'origine ? " 

Comme chaque été, Hélène retourne chez son père, dans le village du Sud-Ouest où elle a toujours passé ses vacances. Rien n'a changé, ni les gens, ni l'atmosphère pesante. Pourtant cette année, tout est différent. Alors que ses filles sont devenues grandes, que son mari est parti, cette femme de cinquante ans revient au pays dans la maison du lac pour accompagner la fin de vie de son vieux père autoritaire. Mais depuis que la maison a été donnée à son frère l'esprit du lieu s'est évaporé. Au cours de ce séjour, Hélène retrouve sur le marché Patrick, un ancien amoureux. "Nous étions issus des mêmes terres. Nous n'avions pas eu à nous séduire. On s'était trouvés." 

Un retour aux sources pour Hélène qui a construit sa vie à Paris depuis l'âge de vingt ans. Une maison de vacances, véritable personnage du roman. "Nous y avions tant vécu, dans cette maison, et sans doute parce qu'elle n'avait accueilli que des jours de vacances, il ne m'en restait plus que la mythologie des moments joyeux et du bonheur en famille". Un attachement sentimental à un lieu, à une maison familiale, dont l'héroïne va devoir faire le deuil. 

La proximité avec la grande vieillesse, le rapport au corps vieillissant des parents "On a tant vécu quand on a traversé presque un siècle, dans quel corps ouvrait-il les yeux lorsque la conscience revenait ?... La circonférence de son monde se réduisait maintenant à la dizaine de pas qu'il arrivait à faire en continu... Ces répugnances qui nous saisissent parfois, dans le contact avec les corps qui nous ont fait naître". 

La famille et ses non-dits, les relations fraternelles, l'envie, la jalousie, les frustrations et la rivalité, l'héritage et les tensions qu'il engendre, le temps qui passe, la nature sont au centre de ce roman très délicat empreint de nostalgie, de regrets et parfois de colère mais également empreint d'une certaine lumière avec la renaissance d'un sentiment amoureux avec la rencontre d'un amour de jeunesse.


Citations

" J'ai toujours une sorte d'excitation de retour à Paris. Sitôt un pied dans le métro, la ville me saute à la gueule, trop de gens, trop de bruit, d'agressivité. Bizarrement, Paris m'impose souvent une remise à niveau brutale, comme pour tester l'amour que je lui porte." 

" "Chez moi" parce que j'y étais née ? Pourquoi cette attache sentimentale au terroir alors que mon père avait vécu l'exil comme une liberté ? "

" On ne sait jamais quand quelque chose se déroule pour la dernière fois. La vie serait impitoyable de nous signaler à l'avance ses embranchements, heureux ou tragiques."

" C'était ça que je cherchais, le nœud originel, dans ce retour aux sources, et c'était un signal de l'entrée dans l'âge, quand on perçoit soudain que des chemins se ferment."

" Nos corps avaient été travaillés par le passage du temps., et, comme le bois, avaient enregistré les périodes de grand froid et les étés de sécheresse."


L'auteure



Sylvie Gracia est éditrice chez l'Iconoclaste, après avoir été pendant vingt ans éditrice aux éditions du Rouergue où elle a créé puis animé la collection de romans "La Brune".




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