Nombre de pages : 221
Alexandre, le narrateur, retourne à Hanoï vingt ans après y avoir combattu. Marié à Mireille pour se soumettre au désir de leurs parents, il s'était engagé à l'âge de vingt ans pour fuir son mariage et pour se retrouver lui-même. Là-bas il a rencontré Maï Lan, une jeune fille au visage de lune dont le prénom signifie "pierre d'abricot et d'orchidée" avec qui il a vécu un amour absolu " Il y a des êtres qu'on rencontre trop tard pour ne pas les aimer".
A la guerre il s'est aussi lié d'amitié avec Diop qui lui a sauvé la vie. Diop est un sénégalais doté d'une philosophie de vie dont Alexandre s'imprègne peu à peu "L'honneur, Alexandre, l'honneur!", un homme sage... Cette rencontre avec son ami est déterminante pour lui qui ne manquait pas de préjugés contre les Noirs, une rencontre avec un homme qui va contribuer à son éveil politique.
Alexandre et Maï Lan ont toujours su que leur amour était sans issue et qu'il ne pourrait pas survivre au traité de paix. Le jeune homme ne pouvait pas rester au Vietnam et Maï Lan ne pouvait pas quitter son pays et sa famille. De retour en France auprès de sa famille, Alexandre a tenté de réapprendre à vivre mais il s'est toujours senti comme un mort vivant. Alexandre a toujours voulu écrire, à Hanoï il laissait partout des mots à Maï Lan, dans son sac, dans son vestiaire... De retour en France, il est devenu journaliste et depuis vingt ans il écrit poèmes et lettres à la jeune fille qu'il ne peut oublier.
"J'écris.
La nuit, le jour.
J'écris.
En pensant à Maï, et à la vie que nous aurions pu avoir
J'écris.
En pensant à Mireille, et à la vie que nous avions.
J'écris.
Ecrire est un geste, un acte plein, qui me soigne et me signe.
J'écris"
Parti au combat au Vietnam comme on part à l'aventure, Alexandre avait peu à peu été assailli de doutes comprenant le désir de libération des habitants en lutte contre l'impérialisme. S'interrogeant sur "ceux d'en face" pas si différents de lui, il en était arrivé à se demander si son combat était juste et quelle était sa place dans cette guerre.
Le récit raconte la recherche d'un amour passé, une recherche pendant laquelle le jeune homme revit ses souvenirs de guerre et l'enfer qu'il a vécu en Indochine. Il pense aux hommes qu'il a dû tuer "comment rester un homme en temps de guerre" alors que son seul choix était de tuer ou d'être tué. Il revit les années qui ont suivi son retour, son amitié avec Diop, son "frère d'une autre terre" retourné au Sénégal et confronté lui aussi au désir d'indépendance de son peuple. Ce livre raconte une belle histoire d'amour et d'amitié qui ont éveillé un homme à la vie. C'est aussi une histoire d'amour pour un pays car Alexandre a l'impression d'être né là, dans ce pays où il a failli laisser la vie, l'impression d'avoir trouvé son pays "Ma patrie d'amour et de lumière".
L'écriture est éminemment poétique et musicale, le texte est parsemé de poèmes et la narration assez répétitive donne un côté hypnotique au récit. Après un démarrage un peu difficile, j'ai peu à peu pris de plus en plus de plaisir dans cette lecture jusqu'à son joli dénouement même si j'ai, par moments, trouvé ce roman un peu trop lyrique. Un roman qui dégage une atmosphère de langueur qui n'est pas sans évoquer L'amant de Marguerite Duras.
Ce roman fait partie des six finalistes du prix Orange.
Citations
" On n'a jamais autant besoin de tendresse qu'en temps de guerre."Citations
" Diên Biên Phu, c'est là que je me suis trouvé. Projeté dans la violence des hommes. Et l'amour d'une femme. Diên Biên Phu, c'est là que je me suis trouvé. Avant de me perdre de vue, changer de vie. Pendant vingt ans."
" Ne pas perdre pied. Ne pas perdre la tête. Ne pas perdre l'envie. Ne pas perdre le fil. De vivre."
" Certains choix, de vie ou de mort, nous engagent bien au-delà de nous-mêmes."
" Je pars et tu restes. Avec moi. Tu restes et je pars. Avec toi. Merci de m'avoir fait naître à moi-même. Tant de fois."
" Rire merveilleusement avec une femme ou un homme que l'on aime, que l'on aime, vraiment, profondément, viscéralement, vous donne un pouvoir sur la mort."
" Tu sais, gamin, la vie tout comme la solitude et le liberté ne servent à rien si on n'a personne pour les partager."
L'auteur
" Tu sais, gamin, la vie tout comme la solitude et le liberté ne servent à rien si on n'a personne pour les partager."
L'auteur
Marc Alexandre Oho Bambe, alias Capitaine Alexandre, est poète et slameur. Né en 1976 à Douala, au Cameroun, il est bercé par la poésie dès son plus jeune âge, notamment par Aimé Césaire et René Char (à qui son nom de scène rend hommage). Arrivé en France à dix-sept ans, il étudie à Lille, puis se consacre au journalisme et à l'écriture. Auteur de trois recueils de poèmes, il se produit, seul ou avec des membres de son collectif "On A Slamé Sur La Lune), sur les scènes du monde entier.
Catégorie LIEU
Mon commentaire n’est pas passé il me semble ... je disais que tes derniers liens avaient atterri dans les spams... j’en suis désolée !
RépondreSupprimerCe n'est pas grave, ça m'arrive aussi de temps en temps.
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