mardi 18 septembre 2018

Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu


Date de parution : août 2018 chez Actes Sud
Nombre de pages : 425 

L'histoire se déroule à Heillange, une cite imaginaire dans une vallée perdue de l'Est de la France, une cité sinistrée par la crise économique et la fermeture des hauts fourneaux. 

Le roman débute en 1992, Anthony a quatorze ans, cet été là. On va le suivre durant quatre étés en 1992, 1994, 1996 et 1998. C'est un jeune ado atteint d'une infirmité à l’œil, un peu tête brûlée. Anthony ne veut surtout pas mener la même vie que son père, détruit par son licenciement, il veut fuir ce monde-là.

Ce roman raconte Anthony mais aussi ses parents, Clem, Steph deux petites bourgeoises enfants gâtées et Hacine dont le père a quitté le Maroc quarante ans plus tôt pour travailler à l'usine. Entre défonce et alcool les jeunes ados désœuvrés tentent tous de tromper leur ennui dans la cité et au bord du lac, ils n'hésitent pas à en venir aux mains en cas de conflit. Les sentiments amoureux, la sexualité émergent et Anthony rêve de conquérir Clem... Pendant ce temps là, certains pères, laissés-pour-compte de la mondialisation, noient leur désespoir dans l'alcool, d'autres s'abrutissent devant la télé.

Nicolas Mathieu sait installer un décor social, nous immerger dans cette région qu'il connait bien et mettre en scène des personnages assez forts. Il nous raconte la vie de tous ces jeunes qui rêvent, quelque soit leur milieu social, de fuir la région et le monde sans avenir dans lequel ils ont grandi. La construction est habile, l'auteur nous fait retrouver ces jeunes et leurs familles tous les deux ans sans nous dévoiler d'emblée ce qui s'est passé pour eux pendant cette période, on le découvre au fil du récit. Roman d'une époque, roman du passage de l'adolescence à l'âge adulte, c'est surtout un roman social réaliste, sombre mais plein de vie qui met en évidence de façon implacable le déterminisme social. Nous suivons pendant six ans des jeunes et leurs familles dans un monde qui bouge, dans une société où les emplois évoluent et où certains se retrouvent dépassés. L'évolution du paysage urbain, l'évolution politique, le racisme ordinaire, les désillusions des habitants, la descente aux enfers de certains traversent également le récit. Les dialogues sonnent toujours très juste. 
Un regard sociologique intéressant, un roman agréable malgré de multiples longueurs, un certain manque d'action et une écriture très ordinaire.

Ce titre est sélectionné pour le prix Goncourt, le prix Etudiants France Culture-Télérama, le prix de Flore et le prix Médicis.


L'auteur


Nicolas Mathieu est né à Épinal en 1978. Après des études d'histoire et de cinéma, il s'installe à Paris où il exerce toutes sortes d'activités instructives et presque toujours mal payées. En 2014, il publie chez Actes Sud Aux animaux la guerre, adapté pour la télévision par Alain Tasma. Aujourd'hui, il vit à Nancy et partage son temps entre l'écriture et le salariat. (Sources : Éditeur)














8 commentaires:

  1. En effet, cela me parait dense, dur, mais très intéressant... Pas pour moi en ce moment !

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  2. je l'ai noté, on verra dans un moment!

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  3. Rassurée par ta chronique ! J'en suis à la page 228 et je m'ennuie. Beaucoup de clichés et un style bien plat.
    Bises

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    1. On est d'accord...voilà un roman que j'ai déjà complètement oublié...

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  4. Alors, oui je suis d'accord il y a des longueurs dans ce roman, mais non, et alors vraiment je ne partage pas votre opinion sur l'écriture de Nicolas Mathieu, le style n'a rien d'ordinaire, au contraire il a su faire de la littérature en racontant des choses ordinaires avec une sensibilité extraordinaire, et c'est ce qui m'a plu : "La chaleur était retombée et quelque chose de doux, une odeur de charbon de bois, de forêt, de sapins trop secs montait à leurs narines. Le déclin du soleil avait fait taire les insectes et il ne restait que les clapotis du lac, la rumeur éloignée de la voie rapide, des éclats de moteur à deux temps qui par instant déchiraient le fond de l'air."

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    1. Bonjour et merci pour votre passage sur mon blog.
      Je pense qu'il n'y a rien de plus personnel que la façon dont on est touché ou non par une écriture et celle de Nicolas Mathieu ne fait pas partie de celles qui me transportent.
      La diversité des ressentis est une vraie richesse et ce roman a trouvé son public c'est évident.

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