Date de parution : janvier 2020 chez J.C. Lattès
Nombre de pages : 170
La narratrice, Sylvie Meyer, est une femme de cinquante-trois ans. Divorcée depuis un an, elle a deux fils. Sylvie est une femme ordinaire qui est restée sans réaction quand son mari lui a annoncé qu'il la quittait, elle n'avait pas les armes pour se battre pour le garder. Mais ce départ a créé une fissure en cette femme qui s'est alors enfermée dans son chagrin d'amour.
Sylvie est ouvrière depuis vingt ans dans une petite entreprise de caoutchouc de Périgueux. Employée modèle, elle a peu à peu gravi des échelons et est devenue responsable de la section d'ajustement. Un jour, sous prétexte de crise économique, son patron lui demande de lister les employées "nuisibles" pour l'entreprise parmi ses compagnes ouvrières qu'elle surnomme affectueusement "ses abeilles". Son patron veut constituer un vivier de personnes licenciables, il lui demande donc de dénoncer les insuffisances de ses compagnes de travail.
Une nuit de novembre, Sylvie Meyer, armée d'un couteau, va séquestrer son patron... Un vrai coup de folie... Comment cette femme effacée peut-elle accomplir un tel acte ? D'où lui vient cette violence ? N'est-elle pas elle aussi otage de quelque chose ? " Ne rien dire, porter le fardeau, se taire et puis un jour tout casser comme je l'ai fait."
" Les femmes sont sœurs dans la peur de viol.
C'est malheureux, mais c'est ainsi.
Nous sommes ouvertes, ils sont armés.
Nous sommes vulnérables, ils sont puissants."
Le texte prend la forme d'un monologue. C'est la confession d'une femme de l'ombre qui, toute sa vie, a vécu dans l'effacement et dans la soumission, aussi bien dans sa vie privée que dans son travail. Une femme qui n'a jamais eu le pouvoir et qui va prendre le pouvoir en franchissant irrémédiablement une frontière. Avec son coup d'éclat, la peur change de camp...
Avec des phrases très courtes qui donnent un rythme percutant à son texte, Nina Bouraoui parvient à nous plonger dans les pensées de cette femme qui, après avoir perdu toute estime d'elle-même, avoir nié toute sa vie une violence subie lorsqu'elle était adolescente, avoir vécu une vie sans envie, sans désir, se révolte soudainement. Une femme qui, en sortant toute la violence qu'elle contenait en elle depuis des années, prend le pouvoir et se sent enfin en vie et "exister en tant que femme plus libre que d'habitude". "Ôter la liberté à quelqu'un a affirmé ma propre liberté".
Ce texte parle du pouvoir, de la vulnérabilité des femmes face aux hommes, de solitude, d'injustice, de désir féminin, de silence et de déni. Le pluriel du titre a son importance car Sylvie est elle aussi otage, otage de multiples violences, otage de son propre passé. Nina Bouraoui dresse le portrait d'une femme très émouvante dont elle analyse finement la psychologie. Un texte percutant.
Ce texte parle du pouvoir, de la vulnérabilité des femmes face aux hommes, de solitude, d'injustice, de désir féminin, de silence et de déni. Le pluriel du titre a son importance car Sylvie est elle aussi otage, otage de multiples violences, otage de son propre passé. Nina Bouraoui dresse le portrait d'une femme très émouvante dont elle analyse finement la psychologie. Un texte percutant.
L'auteure
Née en 1967, Nina Bouraoui est romancière. Elle est notamment l'auteur de "La voyeuse interdite", prix du Livre Inter 1991 et de "Mes mauvaises pensées", prix Renaudot 2005. Ses livres sont traduits dans le monde entier. "Otages" a d'abord été une pièce de théâtre, un monologue, écrit pour le Paris des femmes avant que Nina Bouraoui écrive une nouvelle version, romanesque, "en hommage aux otages économiques et amoureux que nous sommes ". (Sources : éditeur)
Une romancière que je suis en pointillés et ce livre me tente beaucoup.Pourquoi une femme effacée s'enrage t-elle d'un seul coup. Qui a allumé la flamme. Sujet très intéressant
RépondreSupprimerIl est très réussi... C'est la première fois que je lis cette auteure.
SupprimerUn livre intéressant, Une bonne description du personnage, on peut rentrer dans sa peau, même par moment,avoir un écho avec soi.
RépondreSupprimerEn le lisant, un mot est apparu, robot, oui, une femme robot construit dans un certain climat familial, pendant l'adolescence, un fusible a disjoncté, avec ce viol et a continué de fonctionner tant bien que mal, Il n'existe pas de place pour les mots, on ne dit pas, on fonctionne. Le départ du mari refait sauter un fusible et là, c'est trop, des étincelles font des dégâts,la violence surgit, c'est la révolte nécessaire pour agir autrement. Un livre qui donne à réfléchir, en tout cas.
Chantal.
oui un fusible a sauté... à l'origine d'une révolte bien compréhensible.
Supprimer