lundi 19 juillet 2021

Le bal de Diane Peylin

 

Date de parution : avril 2021 aux éditions Héloïse d'Ormesson
Nombre de pages : 192

Villa des Ronces, le temps d'un été. Quatre personnages se retrouvent dans leur maison familiale au cœur de l'Ardèche, Robin, quarante-sept ans, sa femme Suzanne, leur fille Jeanne et Rosa la mère de Robin. Robin, en rémission après un an de combat contre le cancer, reste traversé d'émotions contradictoires, Suzanne cache des blessures qui la hantent, Jeanne est inquiète pour ses parents lors de cet été où elle va découvrir l'amour physique. Rosa, la grand-mère vit dans le souvenir de son mari, Alexandre, dont l'anniversaire de la mort est marqué chaque été depuis dix-sept ans, un extravagant père-enfant qui a toujours fui ses responsabilités, la honte de ce père a même fait fuir le frère de Robin au Canada.

Chacun est replié sur lui-même, installé dans son silence à l'ombre du vieux mûrier " ne rien dire, surtout ne rien dire." Un malaise les ronge insidieusement, l'ambiance est oppressante. Diane Peylin nous raconte la renaissance d'une communication entre ces quatre êtres qui s'aiment mais se sont éloignés à force de vouloir se protéger les uns les autres, elle raconte comment les liens vont se retisser entre eux.

Un très beau roman rempli d'humanité, une narration avec peu de dialogues et peu d'action, beaucoup de choses se passent dans le silence, dans les attitudes, dans les gestes. Les sentiments de chacun sont  analysés avec finesse, en particulier ceux de Robin qui prend conscience de la valeur de la vie, "savoure la moindre sensation et se concentre sur l'infime". Jeanne oscille entre inquiétude et culpabilité d'avoir envie de s'amuser, elle ne reconnaît plus son père souvent absent, pris par son travail, image de la force protectrice, devenu présent mais fragile " les bistouris  de l'hôpital ont déchiré sa cape de super-héros". Les dommages collatéraux d'une grave maladie, le retour progressif à la santé avec son lot d'angoisses, de nostalgie, la vie d'après qui ne sera plus jamais celle d'avant sont analysés avec beaucoup de justesse.

Diane Peylin a eu la jolie idée d'insérer dans son texte des photos réelles et imaginaires, des instantanés de vie qui pour certains existent et qui pour d'autres n'existent pas et d'articuler son récit autour du bal qui a marqué la vie de chacun de ses quatre personnages très attachants.

Un très beau roman de l'intime qui se déguste lentement et qui dégage beaucoup d'espoir et d'amour. J'ai été énormément séduite par l'écriture très sensorielle et pleine de poésie de l'auteure qui nous offre une véritable ode à la nature dans la moiteur de cet été ardéchois. Le bal est le premier roman de Diane Peylin que je lis mais ce n'est certainement pas le dernier.

 

Citations

" Je suis en vie. Cette phrase est tatouée dans ses entrailles."

" La vieillesse est un processus étrange, beaucoup en ont peur, pour moi c'est tout le contraire à présent, je me dis que c'est une chance de ne pas partir trop tôt."

" Jouir du moment présent. Sentir, toucher, voir, écouter, goûter pleinement. Être à cent pour cent."

" Fixer ces instants. Les regarder avec insistance et non pas vouloir les maintenir. Seulement être là. Avec eux. Ne pas passer à côté. Ne pas les banaliser. Faire de ces petites choses des évènements extraordinaires."

" Rester les yeux dans le vague n'était pas admis par lui. Aujourd'hui, il pourrait ne faire que ça. Pour être au plus près de tout."


L'auteure


 
Diane Peylin est romancière et animatrice d'ateliers d’écriture. Elle a notamment publié "À l’endroit où elles naissent" (Grand prix du Roman de l’été 2011), "Même les pêcheurs ont le mal de mer" et "La Grande Roue", parus aux éditions Les Escales. Le Bal est son sixième roman. (Source : éditeur)

3 commentaires:

  1. J'avais beaucoup aimé "La grande roue", je suis contente de la rajouter dans mon prochain bilan, avec ce livre que je n'ai pas encore eu l'occasion de lire !

    RépondreSupprimer
  2. Encore un livre lu par obligation pour répondre aux exigences d'un jury littéraire.
    l'écriture est sans aucun doute poétique, mais je me suis un peu ennuyée dans cette villa des Ronces. les états d'âme des personnages sont un peu convenus, je trouve.
    Et la photo de couverture ne correspond pas, à mon sens, à ce qu' est ce livre.
    bref je n'aurais pas mis 5 cœurs et ne le mettrai pas en tête de mes favoris.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nos avis divergent bien sur ce titre (comme sur d'autres...), je garde un très beau souvenir de cette lecture et suivrai dorénavant cette auteure avec attention.

      Supprimer